Metro était au concert de Placebo à l’Orangerie du Botanique

Ce mardi soir, Placebo était de passage à Bruxelles, à l’Orangerie du Botanique, pour un concert intimiste. Metro y était.

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 6 min.

Groupe culte de la fin des années 1990 et du début des années 2000, Placebo est de retour. Près de cinq ans après leur dernier passage en Belgique, aux Ardentes, le groupe formé par Brian Molko et Stefan Olsdal était de retour sur scène ce 29 mars pour présenter son nouvel album «Never Let Me Go». Avant quelques festivals cet été et une grande tournée mondiale prévue cet automne, Placebo a annoncé une tournée intimiste composée de cinq dates. Après Paris, Berlin et Amsterdam et avant une ultime date à Londres ce 31 mars, Placebo était de passage à l’Orangerie du Botanique. La dernière fois que le groupe s’était produit à l’Orangerie, c’était au siècle passé, le 11 novembre 1998. Inutile de dire que les 600 places de la salle bruxelloise sont parties comme des petits pains. L’occasion de (re)voir Brian Molko dans cette petite salle était trop belle pour les fans.

Un concert sans smartphone

Pour ce grand retour, Placebo a décidé d’imposer ses règles. Ce soir, il n’y aura aucun smartphone dans la salle. Pour cela, le groupe a fait appel aux services de l’entreprise Yondr spécialisée en la matière. Avant d’entrer dans la salle, il fallait donc montrer patte blanche et placer son smartphone (mais également tout autre objet connecté comme une montre) dans une petite pochette scellée qu’on emporte avec soi dans la salle. À la sortie du concert, les smartphones sont libérés et les pochettes doivent être déposées dans des bacs. Finalement, le procédé et assez simple et efficace. Placebo l’avait rappelé quelques heures avant le concert sur ses réseaux sociaux, les spectateurs qui sortiraient leur téléphone seraient expulsés de la salle. La consigne a été parfaitement respectée. On se serait cru de retour en 1998, à l’époque où il n’y avait aucun smartphone dans les salles de concert. Il y a un petit côté frustrant de ne pas pouvoir immortaliser un souvenir de cette soirée mais force est de constater que ça fait aussi beaucoup de bien de ne pas voir tous ces smartphones tendus vers la scène et ça permet de profiter pleinement du show proposé.

Sur le coup de 20h (difficile à dire avec précision sans smartphone sous la main!), une heure après l’ouverture des portes, Brian Molko, Stefan Olsdal et leurs musiciens montent sur la scène d’une Orangerie pleine à craquer. Le groupe vieillit et, c’est plutôt normal, son public aussi. La majorité des personnes dans la salle sont trentenaires ou quadragénaires. Brian Molko quant à lui arbore un nouveau look. Comme souvent, il est tout de noir vêtu, avec ses cheveux mi-longs et des lunettes de soleil. Mais pour la sortie de ce nouvel album, il s’est autorisé une petite excentricité capillaire puisqu’il s’est laissé pousser une moustache. Derrière lui, brûle un bâtonnet d’encens et trône un petit thermos qui lui sera bien utile tout au long du concert pour remplir sa tasse de thé.

We Need to Talk About Brian

Par contre, ce qui ne change pas, ou presque, c’est la musique de Placebo. C’est carré, propre, puissant, sans fausses notes (ou presque on le verra un peu plus tard) et toujours aussi efficace. Pourtant, l’ambiance prendra un peu de temps avant de décoller. Il faut dire que Brian Molko n’a rien fait pour faire monter la sauce et le set en puissance. Celles et ceux qui avaient lu les comptes rendus des concerts de ces derniers jours étaient déjà au courant. Pour les autres, ce sera une désagréable surprise. En effet, ce concert présenté comme intimiste n’avait rien de très intime, alors que la disposition s’y prêtait parfaitement. Brian Molko se contente d’enchaîner les morceaux, sans aucun mot ou interaction avec public. Stefan Olsdal se montre un peu plus joueur en s’avançant régulièrement sur le devant de la scène et en allant chercher des regards et des réactions parmi les spectateurs. Mais il est tout aussi taciturne que son compère. Alors quand en plus le groupe joue essentiellement des nouveaux morceaux encore méconnus du public, on comprend mieux l’ambiance un peu terne du début du concert.

Un couac technique qui brise la glace

Il aura finalement fallu attendre la moitié du show et l’interprétation de «Blind» (qui depuis le début de cette mini-tournée n’avait plus été joué en live depuis 2014) suivi un peu plus tard de «Protect Me From What I Want» et «Too Many Friends» pour que l’ambiance monte d’un cran. On partait sur un concert efficace, assez court avec 15 morceaux plus deux morceaux en rappel, mais malgré tout un peu décevant. Il manquait cette dimension de partage alors que l’aspect «showcase intimiste» s’y prêtait parfaitement. On aurait même pu avoir l’impression que Brian Molko avait dit à ses fans: «Filez-moi 60 €, écoutez mes nouveaux morceaux pour la première fois sur scène, ne prenez pas de photo, je ne dirai pas un mot et rendez-vous dans quelques mois à Werchter ou au Sportpaleis pour la suite».

Mais fort heureusement, un petit imprévu est venu déjouer les plans de Brian. Après une bonne heure de concert, le destin est venu lui jouer un tour. Alors que Stefan s’installait sur un synthé pour jouer «Too many Friends», un petit grain de sable est venu perturber le show bien rodé de Placebo. Après l’intro au piano et le premier couplet, au moment de se lancer dans les riffs de guitare, Brian Molko a tout arrêté. Quelque chose n’allait pas, un instrument sonnait faux. Il a alors lâché ses premiers mots de la soirée, et en français s’il vous plaît, en disant «excusez-moi». C’est à ce moment, avec ce problème technique, qu’il a enfin fait tomber le masque et qu’il a dévoilé un visage plus humain, montrant qu’il n’était pas un robot. Finalement, ce petit problème technique qui paraissait insoluble est devenu un véritable entracte, le temps de trouver une solution. Le groupe a commencé à plaisanter en anglais. «Soyez les bienvenus à notre répétition», a également lancé Brian Molko dans la langue de Molière. Il s’est ensuite absenté quelques secondes pour ensuite revenir sur scène avec une clope au bec. Mais finalement, il n’aura tiré que quelques bouffées et le concert a enfin pu reprendre. Ce petit couac est finalement venu briser la glace et heureusement qu’il était là. L’ambiance n’en était que plus belle pour les cinq derniers morceaux dont le merveilleux rappel avec «Post Blue» et la reprise de Kate Bush «Running Up That Hill (A Deal With God)».

Un moment rare et privilégié

À 21h40, les lumières se rallument. Il avait fallu attendre près de 24 ans pour que Placebo revienne à l’Orangerie. Ce ne sera sans doute plus le cas avant un bout de temps. Certains fans ont sans doute parfois eu un petit goût de trop peu et auront peut-être été déçus par cette distance imposée par Brian Molko pendant une bonne partie du set. Néanmoins, à la fin du concert, tout le monde a quand même eu l’impression d’avoir assisté à un moment rare et privilégié, sans smartphone certes, mais pendant 1h30, à quelques mètres seulement de Placebo. Une chose est sûre, les années passent mais Placebo revient au top de sa forme et n’a rien perdu de sa puissance et de son efficacité musicale.

Placebo sera en concert le 25 juin à TW Classic et le 8 novembre au Sportplaleis d’Anvers.