Eddy De Pretto livre une ode à la différence «à tous les bâtards»

En 2018, Eddy De Pretto sortait «La Fête de trop» et faisait l’unanimité auprès du grand public et des journalistes. Trois ans et de nombreux concerts plus tard, le jeune homme revient avec «A tous les bâtards». Véritable ode à la différence, cet album permet au chanteur de se raconter, avec une plume toujours aussi belle et une sincérité toujours aussi touchante. Le message véhiculé par l’artiste est clair: il faut assumer sa différence et en faire une force!

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Vous avez été révélé auprès du grand public grâce à «Cure», ce qui vous a propulsé sur les devants de la scène. Mais «A tous les bâtards» nous apprend que vous avez commencé à chanter pour les touristes…

«Tout à fait, je chantais sur des bâteaux-mouches pour des touristes à Paris pendant trois ans. C’était un exercice compliqué, mais très enrichissant qui m’a appris beaucoup. Chaque soir, il fallait répéter la même routine, et surtout s’adapter à son public, qui ne réagissait jamais de la même manière à ce qu’on lui présentait. Parfois on ne me regardait et on ne m’écoutait même pas, il fallait se confronter à l’indifférence.»

Comment avez-vous vécu ce succès fulgurant il y a trois ans?

«Je dirais que beaucoup de choses incroyables me sont arrivées, mais qu’il y a aussi eu des mauvais côtés. J’ai pu me projeter et concrétiser certaines choses que je gardais en moi depuis longtemps. Mais avec cela est venue la crainte de ne plus savoir quoi raconter, de ne plus trouver de sujets qui me parlent et qui parlent à mon public.»

Est-ce que ce succès est à l’origine de certaines de vos addictions, dont la cocaïne, que vous abordez dans «Désolé Caroline»?

«Non, j’ai toujours baigné dans la fête, toujours eu de la drogue, bon il n’y a plus de fête en ce moment avec la crise sanitaire (rires). J’ai toujours aimé me perdre dans la fête. Mais dans ce morceau, je n’évoque pas que cela, c’est une chanson à double sens dans laquelle de nombreuses personnes peuvent se retrouver.»

Qui sont les bâtards auxquels vous vous adressez sur cet album?

«Ce sont toutes les personnes qui sortent du moule et qui ont du mal à se retrouver dans une case. Quand j’étais plus jeune, parfois même encore maintenant, j’ai été montré du doigt et on m’a dit que j’étais moche. Je voulais dire à toutes ces personnes qui se sentent différentes qu’en réalité, c’est une force qu’ils doivent exploiter.»

Est-ce que ça a été difficile d’assumer votre homosexualité en devenant une personnalité publique?

«On m’a beaucoup limité à cela depuis trois ans, mais j’ai toujours essayé de dire que je suis beaucoup plus que ça, que je suis un humain complexe comme nous le sommes tous. C’est essentiel de garder ça en tête à l’heure où on fait toujours plus de raccourcis. Dans «La Fronde», j’ai utilisé le ‘nous’ pour être fédérateur»

Vous consacrez une chanson à une «freak» en particulier, Rose Tati, dont on entend la voix…

«Oui c’est vraiment ma ‘freak’ à moi. Elle incarnait la liberté à mes yeux car elle était célibataire, n’avait pas d’enfants et était une artiste dans l’âme. Elle m’a toujours dit de ne pas m’enfermer dans une case, qu’il ne fallait pas faire des études pour réussir et surtout de m’accepter et de m’aimer comme j’étais. C’était tout le contraire de ma mère qui incarnait une éducation plus stricte. Sur cette chanson, on entend un message qu’elle a un jour laissé sur mon répondeur et qui m’a beaucoup touché.»

Est-ce que vous envisagerez d’arrêter si vous ne parvenez plus à trouver d’inspiration?

«Oui, je ne vois pas l’intérêt de continuer si j’ai épuisé mon inspiration. J’essaie toujours de chercher des sujets qui ont du sens et faire en sorte que mes textes parlent à mon public, que mes chansons soient personnelles. Ces textes viennent directement de mon intimité.»