Delta confirme son ascension avec un deuxième album réussi: «C’est essentiel de créer sa propre normalité»

L’histoire de Delta commence en 2010 dans un groupe qui évoluait en anglais. Depuis, Julien et Benoît ont décidé de revenir à leur langue maternelle. Deux albums plus tard, le duo enchaîne les titres aux mélodies entêtantes, et semble avoir trouvé la recette parfaite pour faire danser la Belgique.

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Vous viviez dans le même quartier et fréquentiez la même école, mais il a fallu du temps pour que vous finissiez par vous rencontrer tous les deux. Était-ce en premier lieu une rencontre amicale ou musicale?

Julien Joris : «Elle a été en premier lieu musicale, mais est devenue rapidement amicale. En 2010, on a démarré un groupe qui s’appelait Meridians, dans lequel on chantait en anglais. On sortait tous les deux de groupes et on a été mis en contact par mon frère. On a ensuite continué en duo, pour créer Delta en français.»

Pourquoi avoir effectué ce changement de langue?

Benoit Leclercq : «Nous voulions transmettre notre message dans notre langue maternelle parce qu’on sentait un souci de légitimité et de concurrence. On a aussi eu des opportunités grâce à un label, qui nous a proposé de nous lancer en français. On a toujours été fan de pop/rock anglais mais on a rapidement accroché avec le fait de communiquer en français parce que ça nous rend plus honnête. Depuis notre premier album, on se sent aussi plus cohérent avec notre façon de nous exprimer dans notre langue maternelle.»

Vous avez le don de créer des titres qui rentrent instantanément en tête. Est-ce que c’est le but recherché lorsque vous composez?

J. : «Ça sort comme ça parce que l’on vient d’un milieu pop et qu’on en écoute beaucoup. On met l’accent sur la mélodie et c’est donc assez naturellement que cela reste en tête. Après on travaille énormément et on ne garde que les meilleures, c’est donc assez normal que la sélection finale soit composée de morceaux qui nous ressemblent et qui seront efficaces.»

Dans «Anomalie» et «Retour à l’anormal», vous vous concentrez sur le concept de normalité. Quel est votre rapport à cela?

B. : «La normalité n’est propre qu’à toi, en fonction de tes racines et de ton vécu. On ressent souvent des pressions issues de ce concept de normalité alors que cela n’a pas de sens, puisqu’il diffère pour chacun. On trouve donc que c’est essentiel de créer sa propre normalité pour se sentir bien. Et s’il faut sortir d’un schéma boulot 9-17 puis retour à la maison pour cela, tant mieux! Le fait d’être en sécurité financière ne nous permet pas spécialement d’être en sécurité mentale et chacun doit faire ses propres choix pour trouver le juste équilibre.»

«En fait» vous permet de dire que vous acceptez de ne pas savoir. Est-ce que ça vient d’un ras-le-bol des personnes qui ont des avis sur tout?

J. : «On a vécu à Paris pendant un an et demi et on a réalisé qu’il y avait des débats pour tout, qu’il était difficile d’avoir une conversation simple. En tant que Belges, on acceptait l’autre avis sans aller chercher plus loin mais on s’est rendu compte que c’était loin d’être le cas pour tout le monde. ‘En fait’ nous permet de dire: ‘Si tu ne sais pas, tais-toi!’. C’est une leçon d’humilité!»

Vous abordez le regard des autres dans «Aimez-moi» et «Taille humaine». Est-ce que vous vous libérez de cela au fur et à mesure de votre évolution artistique?

B. : «Dans ‘Taille humaine’, on parle de son regard sur soi-même. Pour ‘Aimez-moi’, on évoque le fait que tout ce qu’on fait dans la vie de tous les jours a pour but d’être aimé de ses proches. J’ai le sentiment qu’on se détache de ce regard avec l’âge, non?»

J. : «Oui, maintenant lorsque l’on sort un son et qu’un hater va dire que c’est nul, on se demande vraiment quel est le but, mais ça ne nous touche plus.»

Il y a quelques semaines, vous repreniez les concerts avec, entre autres, un concert sur la Grand-Place. Qu’est-ce que vous avez ressenti en tant que Bruxellois?

J. : «C’est un lieu mythique et à chaque fois que j’y passe, je me rends compte de la chance qu’on a de l’avoir. Le fait de se retrouver dans ce cadre sur scène, c’était super impressionnant, on ne pouvait pas rêver mieux. On sent que les gens sont trop contents de retourner en concert et c’est un plaisir que l’on partage parce que ça nous avait beaucoup manqué.»

B. : «Cela nous a fait réaliser que ce que l’on pensait acquis ne l’était pas. Maintenant que c’est de retour, on se rend compte de la chance que l’on a.»

En quelques lignes

Parfois, la musique n’a pas besoin d’être compliquée pour être qualitative, et ce n’est pas les deux gars de Delta qui seront là pour le contredire. «Genre humain» voit les titres accrocheurs s’enchaîner à un rythme effréné, sans que l’on ne se rende compte du temps qui passe. Rafraîchissant, l’album met de bonne humeur et se consomme sans modération.