Claire Laffut sort un premier album festif: «Je suis une bleue de la musique»

Depuis 2019, Claire Laffut travaille sur «Bleu» et a dû composer avec les confinements pour finalement sortir son album à la rentrée. Entre son aventure parisienne, expériences amoureuses et sujets actuels, la jeune femme balaie les thèmes qui la définissent et qui contribuent à son identité artistique.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Cet album s’intitule «Bleu» notamment parce que vous vous considérez comme une bleue de la musique…

«Je suis arrivée très tôt sur la scène pour défendre ma musique, sans même savoir ce que j’en attendais et savoir si je voulais faire ça. Je me suis forgée sur scène, en faisant des concerts et en écrivant, mais ce n’est que le début de ma carrière. Je me suis perdue dans ma vie personnelle et dans la création, mais cela m’a forgé et maintenant, je me suis retrouvée. Être une bleue, c’est aussi accepter que cet album n’est qu’une première proposition. ‘Bleu’, c’est d’une certaine manière un premier bébé.»

Pour vous, «bleu, c’est la couleur ultime». Pourquoi?

«Le bleu me fait penser à l’océan et le ciel, qui sont souvent liés puisque l’un se reflète dans l’autre. Cela m’inspire la sérénité, lorsque la mer est calme et le ciel est dégagé, mais cela peut aussi être très tempétueux, avec une mer déchaînée et un ciel orageux. Le bleu, cela m’évoque aussi l’amour car on peut être bleu de quelqu’un. Cette couleur me rappelle ma jeunesse, mes premières expériences, mes premières toiles aussi. J’adore marier les deux arts et aller plus loin que l’écriture de la chanson, en créant un imaginaire tout autour.»

Vous avez grandi à Namur, avant de tenter l’aventure parisienne. Qu’est-ce que vous pouvez dire de cette période? Est-ce que vous avez trouvé un équilibre maintenant que vous vivez à Bruxelles?

«Ayant grandi près de Namur, j’avais besoin d’aller conquérir mes rêves. J’ai donc été à Paris, où je ne connaissais rien et où je pouvais m’inventer. J’ai fini par explorer ce que j’avais à y faire, et à trouver ce que je voulais faire, soit de la peinture et de la musique. Il ne me restait plus qu’à trouver un lieu pour exercer mes passions, et je l’ai trouvé à Bruxelles, où je dispose désormais de mon atelier. C’était un vrai choix de revenir près de la source, pour permettre plus d’introspection.»

C’est d’ailleurs dans ce studio qu’est né le single «Nudes», votre duo avec Yseult. Qu’est-ce que vous pouvez dire de votre relation avec elle?

«Je suis tellement dans l’art, la musique et la peinture, que j’ai du mal à développer beaucoup d’amitiés. Nous avons passé le confinement ensemble et cela nous a beaucoup rapprochées. Nous avons réalisé que nous étions très différentes, mais que sur plein de choses, on pouvait s’aider. Tout cela nous a donné envie de faire de la musique ensemble avec cette chanson légère et fun qui touche à la sororité et à la rivalité entre les femmes qui peut parfois nous étouffer.»

Dans «Sororité», vous parlez de l’alliance nouvelle entre femmes. Qu’est-ce qui vous a permis de ne plus vous mettre en compétition avec les autres?

«C’est un ras-le-bol, car je ne comprenais pas d’où ça venait. Je l’ai subi dans les médias, dans les maisons de disques, et je trouve ça malsain. Il y a tellement mieux à mettre en valeur que la rivalité et la jalousie. Le confinement à aider à mettre les choses à plat, notamment grâce aux réseaux sociaux, car ils donnent un espace d’expression et permettent de faire changer la honte de camp, qu’elle ne se trouve plus du côté des victimes.»

«Hiroshima» raconte votre histoire toxique avec un pervers narcissique. Quel message vouliez-vous véhiculer en abordant ce sujet sensible?

«Je voulais mettre en garde les victimes potentielles des pervers narcissiques. Lorsque l’on vit ses premiers amours, on n’est pas toujours alerte et on se retrouve vite dans ce schéma. Il faut donc se renseigner, même s’il est important aussi de faire ses armes. Hiroshima est une chanson lourde de sens.»

Vous avez retrouvé la scène avec Les Solidarités de Namur. Qu’est-ce que cela représente?

«Ça me remplit de joie car j’ai été privée de musique live pendant longtemps. J’ai été dans ma bulle, dans l’introspection et, au moment de revenir sur scène, je me suis sentie revigorée et pleine d’énergie. Je veux faire vivre au public des beaux moments et des émotions lors de mes prochaines dates.»

En quelques lignes

«Bleu» ne prétend pas révolutionner la musique. Il s’agit plutôt de l’espace de jeu dans lequel Claire Laffut à développer sa créativité ces deux dernières années. L’artiste se raconte, tantôt avec légèreté, tantôt avec plus de douceur, mais toujours avec beaucoup de sincérité. La jeune femme s’est entourée du faiseur de tubes Tristan Salvati, qui a notamment collaboré avec Angèle, pour livrer des tubes dansants et festifs, avec «Nudes» et «Mojo» en tête de gondole. Claire Laffut accouche là d’un beau premier bébé, qui lance la carrière déjà très prometteuse de la chanteuse.