Metro vous emmène dans les coulisses de La Grande Odyssée

Chaque année, depuis 2005, La Grande Odyssée attire des dizaines de mushers, des centaines de chiens de traîneau et des milliers de spectateurs dans les Alpes françaises. Metro vous emmène dans les coulisses de cette course unique en son genre.

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 6 min.

Du 7 au 19 janvier 2023 se déroule la 19e édition de La Grande Odyssée VVF. Cet événement annuel est unique en Europe. C’est la plus longue et la plus exigeante course à étapes de chiens de traîneau en Europe. Cette année, une cinquantaine de mushers venus d’une dizaine de pays et plus de 500 chiens participent à La Grande Odyssée. Pendant près de deux semaines, ces athlètes (à deux et à quatre pattes) parcourront près de 400 km à travers 20 stations et villages de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Des Belges venus assister à la course

Ce lundi 9 janvier, Metro a assisté à la deuxième étape de cette Grande Odyssé au coeur du pays d’Evian vallée d’Abondance. Le départ, nocturne, était intialement prévu à La Chapelle d’Abondance mais finalement, à cause du manque de neige, il a eu lieu un peu plus haut dans la vallée à la station de Châtel. Nous étions au plus près des chiens, des équipes, des bénévoles, de la neige aussi, pour vous emmener dans les coulisses de cet événement extraordinaire.

Cette année, le manque de neige dans les montagnes françaises a donné du fil à retordre aux organisateurs. Malgré quelques changements de dernière minute, notamment dans les parcours, plus de 50.000 spectateurs sont attendus pour assister aux différentes étapes de la course. On pourrait avoir du mal à y croire depuis notre plat pays mais l’engouement est réel. Quelques heures avant le départ, nous avons ainsi croisé sur la route un Tournaisien qui venait de faire plus de 800 km depuis la Belgique pour assister à La Grande Odyssée. Il n’était pas venu seul puisqu’il était accompagné de Lola, son «ours» comme il l’appelle, un Bouvier Bernois de 12 ans qui a survécu à plusieurs cancers. Pendant quelques jours, ce touchant et attachant duo va ainsi suivre la course, en espérant voir Olivier Gilles, le seul musher belge de la compétition.

Pour les petits et les grands

Il faut dire qu’il s’en dégage quelque chose de vraiment spécial et de particulier. L’après-midi, le public se donne rendez-vous au Village de la Grande Odyssée avec des animations, des jeux et des activités. Lundi, nous avons également eu la chance d’assister à «L’Odyssée des Enfants», une course à laquelle participent 20 apprentis mushers originaires des collèges de la Vallée d’Abondance. Après avoir été formés pendant une semaine par des professionnels, ils s’essaient au «mushing» avec des attelages de trois ou quatre chiens. Et comme pour les professionnels, il n’y a ici aucune distinction entre les hommes et les femmes. Dans les différentes catégories, tous les mushers s’affrontent à armes égales, sans distinction de sexe.

Une vétérinaire belge dans l’équipe

La Grande Odyssée, c’est aussi plus de 80 bénévoles passionnés qui participent au bon déroulement de la course. Parmi eux, nous avons rencontré Catherine. Originaire de la région liégeoise, cette Belge, désormais installée en France, fait partie de l’équipe de 12 vétérinaires de La Grande Odyssée. Chacun a ses spécialités et ils ont une véritable clinique mobile avec du matériel de pointe à leur disposition pour s’occuper des 500 chiens participants. Depuis cinq ans, c’est devenu une tradition pour elle de mettre son boulot de côté pendant deux semaines pour participer à cet événement en tant que bénévole.

Les journées sont longues et c’est loin d’être de tout repos. Pourtant, elle y revient chaque année pour vivre cette expérience hors du commun avec les autres bénévoles mais aussi avec les mushers, dont certains sont devenus des véritables amis. Dans la vie de tous les jours, Catherine s’occupe de petits animaux et pas vraiment de chiens de traîneau. «Au départ, c’était un peu une découverte. C’est une médecine complètement différente de ce qu’on a l’habitude de faire au quotidien avec des pathologies qu’on ne voit pas tous les jours. Mais c’est ça qui est intéressant et passionnant», nous confie-t-elle.

Comme une grande famille

En côtoyant les bénévoles, les participants et les organisateurs de La Grande Odyssée, nous avons vraiment l’impression d’entrer dans une grande famille. «C’est intense. On est 15 jours non-stop ensemble, du matin au soir. On dort ensemble et on mange ensemble. On ne lie pas des liens avec tous, notamment à cause de la barrière de la langue, mais avec certains, on est vraiment devenu copains. Et puis, à chaque édition, on connaît un peu plus les mushers et leurs chiens. Au final, on revient tous les ans sans vraiment trop se poser de question», nous indique Catherine.

Bien sûr, il y a une compétition avec des dotations, des prix et des primes (plus 25.000 € sont distribuées au total). Mais l’important semble être ailleurs. Et ce n’est pas Jean-Pierre qui va dire le contraire. Ce jovial retraité participe à La Grande Odyssée depuis plusieurs années maintenant. L’an passé, il était encore derrière le stand de souvenirs. Pour cette 19e édition, c’est au «PC course» que nous le retrouvons. C’est sans doute pas plus mal pour lui car, de son propre aveu, il n’aime ni les chiens, ni la neige. «Imaginez 80 bénévoles qui partent dans les Alpes pendant 15 jours, et que des célibataires en plus!», plaisante-t-il.

C’est donc derrière un écran d’ordinateur, bien au chaud, que Jean-Pierre suit notamment la course via les traceurs GPS des participants et qu’il veille au bon déroulement et à la sécurité de La Grande Odyssée.

Une ambiance vraiment unique

C’est sur le coup de 18h, sous d’importantes chutes de neige, que le départ nocturne de la course est donné. Dans les coulisses, les mushers s’échauffent. Les handlers, leurs assistants, les accompagnent et veillent à ce que tout se passe bien. Un musher part toutes les deux minutes. Le public se presse essentiellement sur la centaine de mètres autour de l’arche de départ. Dans les coulisses, l’excitation est palpable, surtout pour les chiens. Ils n’attendent qu’une chose, c’est de partir. Ils aboient. Certains sautent dans tous les sens, d’autres tentent de ronger les cordes de leur attelage afin de partir plus vite. Mais une fois le départ donné, ils commencent leur effort dans un silence impressionnant.

L’ambiance est au rendez-vous. Après l’animation et le bruit des premières secondes, rapidement, on n’entend plus que les ordres que donne le musher à son chien de tête. Et seulement éclairé par la puissante lampe frontale de l’athlète, le convoi s’enfonce dans l’obscurité et le calme des forêts enneigés. C’est vraiment une expérience unique, qui prend aux tripes, qu’on vous conseille de vivre au moins une fois dans votre vie (même si comme Jean-Pierre vous n’aimez ni les chiens, ni la neige!).

Si cela vous a donné envie de vous aussi découvrir La Grande Odyssée, vous avez encore jusqu’au 19 janvier pour le faire. Si le timing est un peu trop court pour vous, réservez déjà quelques jours en janvier 2024 dans votre agenda et rendez-vous pour la 20e édition!