Un an de guerre en Ukraine: voici les événements marquants depuis le début de l’invasion russe

Le vendredi 24 février marque la date anniversaire du déplacement des troupes armées russes par-delà la frontière avec l’Ukraine, déclenchant l’invasion par la Russie de son pays voisin et le début d’un nouveau conflit de vaste ampleur sur le Vieux Continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

par
Belga
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Le vendredi 24 février marque la date anniversaire du déplacement des troupes armées russes par-delà la frontière avec l’Ukraine, déclenchant l’invasion par la Russie de son pays voisin et le début d’un nouveau conflit de vaste ampleur sur le Vieux Continent depuis la Seconde Guerre mondiale. Outre de lourdes pertes en vies humaines, les affrontements ont aussi provoqué de larges déplacements de populations, ainsi qu’une crise de l’asile et de l’énergie en Europe.

À l’approche du 24 février 2022, tous les signaux laissaient présager une action militaire imminente de la Russie, notamment après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance autoproclamée des «républiques» populaires de Donetsk et Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, le 21 février. L’"opération militaire spéciale», telle que baptisée par le président russe Vladimir Poutine pour se référer à l’invasion, et l’ampleur des actions du Kremlin ont néanmoins pris de court les experts. Dans un premier temps, il a semblé que l’objectif russe était de rapidement prendre le contrôle de la capitale ukrainienne Kiev et d’autres villes-clés du pays. Mais face à la résistance des Ukrainiens et à leurs contre-offensives, les Russes n’ont pas été à même de s’emparer ne fut-ce que de l’entièreté du Donbass, région industrielle de l’est de l’Ukraine en partie contrôlée par des séparatistes prorusses.

Alors qu’en 2014, l’annexion de la Crimée et le début d’un conflit dans cette région avaient rapidement tourné à l’avantage de la Russie, les troupes de Poutine ont été confrontées huit ans plus tard à une armée ukrainienne mieux préparée et professionnalisée. Ceci notamment grâce à des entrainements et des appuis facilités par des pays Occidentaux, États-Unis en tête, avant même le début de l’invasion.

Près d’un an après l’arrivée des troupes russes en Ukraine, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains (HCDH) estimait que 7.155 civils ont été tués et 11.662 blessés. Selon cet organe, ce bilan est toutefois probablement «sensiblement plus élevé», car il est difficile de collecter des données fiables dans les régions sur les lignes de front. Il est tout aussi difficile de recenser le nombre de morts dans les forces armées des deux parties prenantes.

Voici un aperçu chronologique des faits marquant depuis l’invasion russe de l’Ukraine:

FÉVRIER 2022:

- 21 février: Le président russe Vladimir Poutine signe un décret reconnaissant l’indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk, dans l’est de l’Ukraine.

- 24 février: Le président Poutine ordonne une «opération militaire spéciale» en Ukraine. La Russie mène des attaques, soutenues par des tirs d’artillerie et de roquettes, sur de grandes villes ukrainiennes, dont la capitale Kiev. Les troupes russes envahissent le pays depuis la Russie à l’est, la Crimée au sud et le Bélarus au nord.

- 25-27 février: L’Ukraine résiste. Son président Volodymyr Zelensky communique sur les réseaux sociaux et annonce clairement que les Ukrainiens ne cèderont pas. Des centaines de milliers d’Ukrainiens trouvent refuge dans l’Union européenne (UE), en fuyant vers la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. L’UE dresse des sanctions envers les banques russes et interdit les avions russes de pénétrer dans son espace aérien.

MARS:

Les répercussions du conflit se font sentir à l’échelle planétaire. Les prix de l’énergie et de l’alimentation grimpent à des niveaux sans précédent.

- 1er mars: Un convoi russe d’un kilomètre de long est en route vers Kiev. Les États-Unis ferment leur espace aérien au trafic russe.

- 2 mars: Les troupes russes pénètrent dans la ville de Kherson, dans le sud de l’Ukraine.

- 4 mars: La Russie bombarde la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus importante d’Europe, ce qui nourrit les inquiétudes quant à une éventuelle catastrophe nucléaire.

- 8 mars: Les États-Unis annoncent qu’ils n’importeront plus de pétrole, gaz ni charbon russes. L’UE indique quant à elle vouloir réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes.

- 16 mars: La Russie bombarde le théâtre de Marioupol, ville portuaire au sud de l’Ukraine, dans lequel des civils avaient trouvé refuge. Kiev craint que 300 personnes y aient perdu la vie. Le décompte exact des victimes est cependant difficile à établir ou vérifier, vu les communications défaillantes et l’absence d’autorités locales à ce moment-là.

- Fin mars: La Russie recentre son attention sur les régions de l’est de l’Ukraine pour consolider son emprise sur Donetsk et Lougansk.

AVRIL:

- 2 avril: Après le retrait des troupes russes de la ville de Boutcha, localité au nord de Kiev, des dizaines de corps de victimes civiles sont découverts. Plusieurs fosses communes sont aussi mises au jour. Des sources ukrainiennes évoquent 460 cadavres, certains présentant des marques de tortures ou viol. La communauté internationale est sous le choc. Le président américain Joe Biden qualifie le président russe Vladimir Poutine de criminel de guerre.

- 8 avril: Une attaque russe sur la gare de Kramatorsk tue 57 personnes qui tentaient de fuir vers l’ouest du pays.

- 14 avril: L’Ukraine abat le croiseur Moskva en mer Noire, considéré comme le symbole du pouvoir russe en Crimée.

- 21 avril: Vladimir Poutine affirme que la ville de Marioupol est libérée. Les défenseurs ukrainiens restent retranchés dans l’aciérie d’Azovstal.

MAI:

- 4 mai: La Commission européenne présente un sixième paquet de sanctions envers la Russie, cette fois interdisant l’importation de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés russes.

- 5 mai: Les troupes ukrainiennes mènent une contre-offensive près des villes de Kharkiv et Izioum.

- 12 et 15 mai: La Finlande et la Suède, deux démocraties traditionnellement neutres, annoncent vouloir adhérer à l’Otan.

- 20 mai: Les derniers défenseurs ukrainiens retranchés dans l’immense aciérie Azovstal se rendent, après quasiment trois mois de combats.

- Fin mai: L’Ukraine lance aussi une contre-offensive à Kherson. Les États-Unsi annoncent qu’ils vont livrer à l’Ukraine des systèmes d’artillerie avancés, dont des Himars.

JUIN:

- 9 juin: Le président russe Vladimir Poutine compare sa politique à celle du tsar Pierre le Grand lorsque ce dernier avait combattu la Suède, envahissant une partie de son territoire, ainsi que la Finlande, une partie de l’Estonie et de la Lettonie. L’objectif du dirigeant: «Regagner des terres russes».

- 23 juin: L’UE octroie à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidates à l’adhésion à l’Union européenne.

- 28, 29 et 30 juin: Un sommet de l’Otan est organisé à Madrid, auquel la Finlande et la Suède sont invitées.

- 30 juin: L’armée russe annonce s’être retirée de l’île aux Serpents, une position stratégique en mer Noire conquise par Moscou et qui subissait des bombardements ukrainiens. Cette petite île était devenue emblématique dès les premiers jours de l’offensive russe lorsqu’un membre de la petite garnison ukrainienne la défendant avait lancé au navire russe réclamant sa reddition d’aller «se faire foutre».

JUILLET:

- 3 juillet: L’armée ukrainienne confirme le retrait de ses troupes de Lyssytchansk, ville-clé de l’est de l’Ukraine faisant face à un assaut acharné des militaires russes depuis plusieurs semaines. La prise de Lyssytchansk permet à Moscou de progresser dans son plan de conquête de l’intégralité du Donbass.

- 22 juillet: L’Ukraine et la Russie dégagent un accord avec la Turquie et les États-Unis sur l’exportation de millions de tonnes de céréales depuis l’Ukraine. La guerre empêchant l’acheminement de céréales, les prix du blé ont flambé et des pénuries alimentaires menacent.

AOÛT:

- 1er août: le premier navire transportant des céréales quitte l’Ukraine après l’accord conclu fin juillet.

- 9 août: Une explosion survient dans un dépôt de munitions destinées à l’aviation russe sur le territoire de l’aérodrome militaire de Saki, dans l’ouest de la Crimée. Ces explosions font un mort et plusieurs blessés.

-16 août: De nouvelles explosions de munitions se produisent dans une base militaire russe en Crimée, près de Djankoï. La Russie voit dans ce dernier cas un acte de «sabotage».

- 20 août: La fille d’un idéologue russe proche du Kremlin, Alexandre Douguine, est tuée dans l’explosion de sa voiture dans la région de Moscou. La jeune femme, née en 1992, avait emprunté la voiture de son père et c’est donc lui qui aurait été visé, estiment ses proches. L’intellectuel et écrivain ultra-nationaliste Alexandre Douguine promeut notamment la doctrine «eurasiste», une sorte d’alliance entre l’Europe et l’Asie sous direction russe.

SEPTEMBRE:

- 1 septembre: Une mission d’inspection de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) arrive dans la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine. Celle-ci est occupée par les troupes russes depuis début mars. La sécurité de la centrale est une priorité.

- 7 septembre: L’armée ukrainienne entame une contre-offensive dans l’est et reprend plusieurs villages aux abords de la ville de Kharkiv, dans le nord-est du pays.

- 11 septembre: L’armée ukrainienne libère Izioum, ville de l’ouest de l’Ukraine. Après une série de contre-attaques ukrainiennes réussie, les Russes se replient vers nord de la région de Kharkiv.

- 21 septembre: Vladimir Poutine décrète une mobilisation partielle après une série de défaites de l’armée russe en Ukraine. La Russie mobilise de la sorte plus de 300.000 citoyens pour mener sa guerre en Ukraine, ce qui provoque une vague de départs de jeunes hommes russes vers l’étranger et des manifestations dans les rues de Russie, sévèrement réprimées. Le président russe Vladimir Poutine avertit par ailleurs que la Russie est prête à utiliser «tous ses moyens» de défense, y compris nucléaires, pour se «protéger».

- 26-27 septembre: Des explosions frappent les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, entre l’Allemagne et la Russie pour acheminer le gaz russe en Europe. Elles sont attribuées à un acte de sabotage, dont la responsabilité n’a pas été établie.

- 30 septembre: Vladimir Poutine annonce l’annexion de quatre régions ukrainiennes - Donetsk, Kherson, Lougansk et Zaporijjia - après des «référendums» organisés en urgence dans ces régions occupées. Ces référendums sont qualifiés de «simulacres» par Kiev et ses alliés.

OCTOBRE:

- 8 octobre: Le pont de Crimée, symbole de l’annexion de la péninsule ukrainienne éponyme, est partiellement détruit par une attaque au camion piégé. L’infrastructure est cruciale pour le ravitaillement des troupes russes engagées en Ukraine. La Russie attribue l’explosion à un acte terroriste ukrainien ; Kiev affirme que les Russes sont eux-mêmes à l’origine de l’explosion.

- 10 octobre: La Russie procède à des bombardements massifs à travers l’Ukraine, visant Kiev et d’autres grandes villes en représailles.

La Russie entame aussi en octobre une large campagne d’attaques visant l’infrastructure civile ukrainienne, en particulier celle chargée de l’alimentation électrique et du chauffage, alors que l’hiver approche. L’Occident envoie à l’Ukraine des missiles anti-aériens pour s’en protéger.

NOVEMBRE:

- 11 novembre: La ville de Kherson est libérée, après une occupation russe de huit mois. Il s’agit de la seule capitale régionale que les Russes avaient réussi à capturer.

- 15 novembre: La Pologne réunit en urgence son Conseil de sécurité nationale après une explosion près de la frontière avec l’Ukraine, faisant deux morts. L’incident est attribué à un missile de système ukrainien de défense anti-aérienne mais le drame a fait craindre que l’Otan soit entraînée dans le conflit en Ukraine, la Pologne étant protégée par un engagement de défense collective de l’Alliance atlantique.

- 26-27 novembre: Le Premier ministre belge Alexander De Croo accompagné de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib se déplace pour la première fois à Kiev. Le dirigeant rencontre le président ukrainien Zelensky et promet à son pays en guerre davantage d’aide de la Belgique.

DÉCEMBRE:

- 20 décembre: Volodymyr Zelensky se rend à Bakhmout, nouveau point chaud de la guerre dans l’est de l’Ukraine. Depuis des mois, les troupes russes tentent de s’emparer de la ville mais l’Ukraine résiste, bien que les dégâts dans la ville soient colossaux.

- 21 décembre: Le président Zelensky se déplace à l’étranger pour la première fois depuis le début du conflit et se rend à Washington. Les États-Unis annoncent qu’ils livreront à l’Ukraine le système de défense aérienne Patriot. Celui-ci doit aider l’Ukraine à protéger son infrastructure civile et énergétique, toujours assaillie par la Russie.

- 23 décembre: Les prix du gaz confirment leur tendance à la baisse en Europe. Sur le marché à terme néerlandais, référence pour le continent, le Mwh pour livraison en janvier redescend à 85 euros. Un tel plancher n’avait plus été atteint depuis février, soit avant l’invasion de l’Ukraine. En août, le prix d’un Mwh pour janvier dépassait les 345 euros.

- 29 décembre: L’Ukraine subit à nouveau des attaques à grande échelle de la part des forces russes. Le Bélarus, pays allié de Moscou, affirme avoir abattu un missile anti-aérien ukrainien au-dessus de son territoire, quelques heures après l’annonce de nouvelles frappes. Kiev évoque une possible «provocation» de la part de Moscou pour entraîner le Bélarus dans sa guerre.

JANVIER 2023:

- 5 janvier: Vladimir Poutine décrète un cessez-le-feu durant les célébrations du Noël orthodoxe, ce que l’Ukraine qualifie d’"hypocrite». Les hostilités continuent cependant, même si leur intensité est moindre par rapport aux journées précédentes.

- 11 janvier: Le groupe paramilitaire russe Wagner annonce avoir pris la ville de Soleda ; l’armée russe annonce la même chose deux jours plus tard. Elle présente la conquête de Soledar comme une étape-clé pour encercler la ville voisine de Bakhmout, qu’elle cherche à capturer depuis l’été et où les deux camps sont confrontés à de lourdes pertes.

- 14 janvier: Londres confirme livrer les tanks britanniques Challenger 2 à L’Ukraine. Il s’agit du premier pays occidental à fournir à l’Ukraine de tels véhicules lourds de combats.

- 18 janvier: Le crash d’un hélicoptère près de Kiev entraîne la mort de 14 personnes, dont celle du ministre de l’Intérieur, Denys Monastyrsky, et d’un enfant. La cause du crash reste inconnue.

- 25 janvier: L’armée ukrainienne admet avoir cédé aux Russes la ville de Soledar, âprement disputée. Par ailleurs, l’Allemagne confirme qu’elle va livrer dans un premier temps 14 chars Leopard 2à l’Ukraine. D’autres pays annoncent faire de même. Les États-Unis envoient 31 tanks M1 Abrams.

- 27 janvier: Le gouvernement fédéral confirme que la Belgique va envoyer en Ukraine du matériel militaire pour un budget de 92 millions d’euro.

FÉVRIER 2023:

- 3 février: Un sommet UE-Ukraine se tient à Kiev, avec le déplacement de la cheffe de l’exécutif européen Ursula Von de Leyen, accompagnée de 15 autres représentants de la Commission européenne, dont le Belge Didier Reynders, chargé de la Justice. Le président du Conseil, le Belge Charles Michel, participe au sommet avec le président ukrainien Zelensky, au cours duquel les discussions sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE se poursuivent.

- 9 février: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se déplace à Bruxelles, sa deuxième visite à l’étranger après Washington en décembre. Il s’adresse au Parlement européen, puis aux chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept réunis en sommet. Le président ukrainien est également reçu au Palais royal par le roi Philippe et le Premier ministre Alexander De Croo. Il offre un cadeau peu habituel au souverain belge: le fragment d’un avion russe SU25 abattu en Ukraine, avec les mots en anglais «Together we win» ("Ensemble, nous gagnons") rédigés par des soldats ukrainiens.

- 15 février: La Commission européenne propose une nouvelle série de sanctions contre la Russie. Celles-ci devraient comprendre des mesures pour prévenir le contournement des sanctions adoptées. Cette dixième série de sanctions doit être annoncée le vendredi 24 février, date du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine.

- 21 février: La Russie annonce la suspension de sa participation à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire. Il menace dans le même temps de réaliser de nouveaux tests nucléaires si les États-Unis en font.

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