Un béluga bloqué dans la Seine depuis cinq jours: ses chances de survie s’amenuisent

Cinq jours après avoir été découvert dans la Seine en France, le béluga, qui vit dans des eaux froides habituellement, ne s’alimentait toujours pas dimanche et présentait des signes de maladie, laissant «peu d’espoir» à une issue heureuse.

par
AFP
Temps de lecture 4 min.

Interrogée sur les chances de sauver l’animal, Lamya Essemlali, responsable de Sea Shepherd, l’ONG de défense des océans présente sur les lieux, a confié que les experts et les autorités se retrouvaient face à «un challenge», où il y a «peu d’espoir», évoquant «une course contre la montre».

Depuis vendredi soir, le béluga, un cétacé de quatre mètres repéré mardi dans la Seine et dont la présence dans ce fleuve est exceptionnelle, se trouve dans une écluse d’une dimension d’environ 125 m sur 25 m à 70 km au nord-ouest de Paris.

Des efforts vains

Plusieurs tentatives pour le nourrir sont restées vaines: des harengs, des truites et même des calamars... Samedi, les vétérinaires, «au vu de l’état physiologique du béluga», lui avaient administré «des vitamines et des produits susceptibles de lui ouvrir l’appétit», a indiqué dimanche matin la préfecture de l’Eure dans un communiqué.

Si le béluga adopte «un comportement calme» dans ce bassin de l’écluse de la Garenne où il y est entré par lui-même, «il est très amaigri et présente des altérations cutanées dues à sa présence en eau douce», note la préfecture.

Si les produits administrés ne lui ont pas «ouvert l’appétit», il est un peu «plus dynamique» dans l’eau, a noté Isabelle Dorliat-Pouzet, sous-préfète d’Evreux lors d’un point-presse, soulignant que les bélugas pouvaient être «très résistants».

Selon Sea Shepherd, cette absence de nutrition n’est pas nouvelle. «Son manque d’appétit est surement un symptôme d’autre chose, une origine qu’on ne connait pas, une maladie. Il est sous-alimenté et ça date de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. En mer, il ne mangeait plus», a expliqué Mme Essemlali.

L’euthanasie écartée

Aussi, dimanche l’heure n’était guère à l’optimisme sur les chances de survie de l’animal et la crainte qu’il subisse le même sort qu’un orque retrouvé dans le même fleuve en mai s’accentuait. Les opérations pour tenter de sauver le cétacé avaient échoué et l’animal était finalement mort de faim.

Pour autant, l’option d’euthanasier le béluga était «écartée pour l’instant», a indiqué Mme Essemlali, car «à ce stade ce serait prématuré du fait qu’il a encore de la vigueur, un comportement curieux: il tourne la tête, il réagit à des stimuli, il n’est pas amorphe et moribond».

Parmi les hypothèses imaginables figurent une extraction ou une ouverture de l’écluse avec l’espoir qu’il regagne la Manche.

«On est tous dubitatifs sur sa capacité à rejoindre la mer par ses propres moyens. Même si on le ‘drivait’ avec un bateau, ce serait extrêmement périlleux, voire impossible», a-t-elle confié. En outre, «dernièrement il avait plutôt tendance à aller vers Paris. Ce serait une catastrophe s’il arrivait là-bas», estime Mme Essemlali.

Un transport envisagé

L’hypothèse qui paraissait davantage tenir la corde dimanche était de l’extraire de l’eau, puis de «le transporter sur un lieu de soin pour pouvoir ensuite être remis à la mer», a dit Mme Dorliat-Pouzet.

Reste aussi le cas de figure «de lui laisser finir sa vie tranquillement comme quelqu’un de très malade qui n’a plus beaucoup d’espérance de vie», a dit la sous-préfète d’Evreux.

Dans tous les cas, il n’apparaît pas viable de le laisser dans l’écluse où l’eau est stagnante et chaude. «Il doit sortir dans les 24h/48h qui viennent», a expliqué la responsable de Sea Shepherd.

Selon l’observatoire Pelagis, spécialiste des mammifères marins, le béluga «a une distribution arctique et subarctique. Bien que la population la plus connue se trouve dans l’estuaire du Saint-Laurent (Québec), la plus proche de nos côtes se trouve aux Svalbard, archipel situé au nord de la Norvège (à 3.000 km de la Seine)».

D’après le même organisme, il s’agit du second béluga connu en France après qu’un pêcheur de l’estuaire de la Loire en avait remonté un dans ses filets en 1948.