Qu’est-ce que le syndrome de la Havane qui touche les diplomates américains dans le monde entier?

Depuis 2016, des centaines de diplomates américains ont reporté des symptômes étranges et inexplicables. Après un nouveau cas en Inde, le CIA prend le «syndrome de la Havane» très au sérieux.

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Rédaction en ligne avec AFP
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Quel est donc ce mystérieux mal qui frappe les diplomates américains? Tout a commencé en 2016 lorsque des diplomates américains en poste à Cuba commencent à se plaindre de malaises. Ils se plaignent d’entendre un bruit persistant et de ressentir une douleur perçante et une forte pression dans leur tête. D’autres décrivent aussi des effets de long terme comme des difficultés de concentration et de trous de mémoire. Des lésions cérébrales ont même été diagnostiquées. Ce mal a été baptisé «syndrome de la Havane».

Des centaines de cas depuis 2016

Plus de vingt employés du gouvernement américain et membres de leurs familles sont concernés à Cuba entre fin 2016 et mai 2018, ainsi que des diplomates canadiens. En 2018, des symptômes similaires frappent une dizaine d’autres diplomates américains en Chine. Des cas sont successivement signalés en Allemagne, en Australie, en Russie, à Taïwan et même à Washington. En juillet dernier, le journal The New Yorker rapporte l’existence de plus d’une vingtaine de cas à Vienne, en Autriche, depuis le début de l’année. Plus récemment, la visite de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris au Vietnam, retardée de plusieurs heures cette semaine par un «incident de santé anormal» signalé par l’ambassade américaine à Hanoï.

Des changements dans le cerveau

Le département d’État américain refuse de fournir une estimation globale du nombre de personnes touchées. Mais une source proche du dossier a affirmé à l’AFP qu’à ce jour 200 cas confirmés ou présumés sont évoqués. «Chaque cas signalé d’un possible incident de santé inexpliqué est unique», et «nous prenons chaque signalement très au sérieux» pour «apporter aux employés touchés les soins et le soutien nécessaires», a affirmé le mois dernier à l’AFP un porte-parole de la diplomatie américaine. Des chercheurs qui ont analysé les victimes par imagerie médicale ont expliqué que leur cerveau avait «subi quelque chose» provoquant des «changements».

Quelle est l’origine de ces symptômes?

Selon un rapport de l’Académie des Sciences américaine, «l’énergie dirigée d’ondes radio» est la cause la plus probable de ces symptômes. Des faisceaux de micro-ondes sont une explication qui revient régulièrement. Néanmoins, malgré une enquête toujours en cours depuis les premiers cas, le gouvernement américain n’a pas été en mesure de «déterminer la cause de ces incidents ni s’ils constituent une attaque de la part d’un acteur étranger», reconnaît le département d’État.

La menace est prise très au sérieux. «Il me semble que nos adversaires nous envoient un message clair, qu’ils ne sont pas uniquement en mesure de viser nos agents du renseignement, nos diplomates et nos militaires» mais aussi «nos plus hauts responsables», a indiqué l’ancien agent de la CIA Marc Polymeropoulos au site spécialisé sur la sécurité nationale Cipher Brief.