Pourquoi risque-t-on une pénurie de préservatifs?

Victime de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, le secteur des préservatifs traverse une période difficile. De quoi craindre la rupture de stock?

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C’était une des craintes au début de la pandémie de Covid-19 en 2020. Le monde allait-il connaître, comme pour d’autres objets ou produits alimentaires, une pénurie de préservatifs? Deux ans plus tard, force est de constater que la pénurie attendue n’a pas encore eu lieu. Mais elle pourrait toujours arriver dans les prochains mois.

Des prévisions erronées

Tout a donc commencé pendant le premier confinement. À l’époque, le secteur voyait ce confinement comme une véritable chance d’augmenter les ventes de préservatifs. Bloqués chez eux, les gens voudraient absolument faire l’amour, estimait à l’époque Goh Miah Kat, le PDG du géant malaisien Karex. «En ces temps incertains, les gens ne voudront pas avoir d’enfants», prédisait-il. Raté. Avant la pandémie, Karex Berhad produisait 5 milliards de préservatifs par an. Les chiffres ont depuis chuté de 40% et l’entreprise a été obligée de se réinventer en se lançant dans la production de gants en plastique. D’autres sociétés, comme Durex, ont connu des difficultés similaires.

Sexe et confinement

Derrière ce recul de ventes de préservatifs se cachent deux phénomènes

-> Le premier est un recul global de la sexualité dans le monde. «Partout dans le monde, un certain nombre d’études ont révélé que l’activité sexuelle avait diminué à mesure que la pandémie s’installait. La fermeture des hôtels et des motels a mis un coup d’arrêt aux amours de vacances, aux infidélités et à d’autres pratiques sexuelles hors domicile», pointait justement le média Quartz début janvier. La diminution des commandes des États et de certaines associations comme les plannings familiaux, à l’arrêt forcé durant la pandémie, auront également été un coup dur pour les producteurs de préservatifs.

-> Le deuxième phénomène est lié à la production même des préservatifs. La Malaisie, la Chine, ou encore l’Inde, où est produite une grande partie des préservatifs dans le monde, ont également été à l’arrêt durant plusieurs mois à cause de la Covid-19. Résultat, les entreprises ont arrêté de tourner et la production totale de capotes a donc chuté.

Sanctions contre la Russie

Heureusement, la rupture de stock crainte n’est jamais arrivée. Le début de l’année 2022 incitait même à l’optimisme d’un point de vue sanitaire. C’était avant le début de la guerre en Ukraine qui a porté un nouveau coup dur au secteur. Ce mardi, le fabricant allemand de préservatifs CPR a ainsi entamé une procédure de faillite.

CPR a été fondé en 1987 à Sarstedt, non loin d’Hanovre. L’entreprise se présente comme le plus grand fabricant de préservatifs en Europe. CPR affiche une production pouvant atteindre 200 millions de préservatifs par an, dont l’écrasante majorité est exportée hors Allemagne. CPR est en difficultés en raison de sa branche russe, victime des sanctions prises contre la Russie dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine.