Les rassemblements pour la finale de l’Euro font craindre de nouvelles flambées du variant delta: «Nous sommes très inquiets»

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Rédaction avec AFP
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Alors que le Royaume-Uni fait face à une flambée de cas liés au variant Delta, dominant dans le pays, plus de 60.000 spectateurs ont assisté au choc Italie-Angleterre, remportée finalement par l’Italie, au stade de Wembley près de Londres, où la jauge avait été portée à 75% pour l’occasion et où «un petit nombre de personnes» sans billet ont réussi à entrer, selon la police londonienne et un porte-parole du stade.

Des milliers d’autres supporters anglais s’étaient rassemblés dès le matin autour de l’enceinte pour participer à la fête, émaillée par quelques incidents.

Plus de geste barrière

«Des gens sont inquiets car certains d’entre eux ne portent pas de masque», s’est inquiétée Yvette Reinfor, une institutrice de 49 ans habitant près du stade de Wembley. «C’est gênant mais il y a aussi une belle ambiance».

De fait, quasiment aucun masque de protection n’était visible aux alentours et il était impossible de respecter la distanciation dans un espace aussi réduit, au sol couvert de gobelets, cannettes et bouteilles d’alcool vides.

D’autres fans s’étaient réunis ailleurs en Angleterre, chantant et brandissant drapeaux et banderoles, notamment à Newcastle (nord-est), Liverpool (nord-ouest), Norwich (est) et Leicester (centre).

En Italie, dès le coup de sifflet final, des foules de supporters ont fêté le sacre des «Azzurri». À Rome, les fans de football ont célébré leur deuxième étoile européenne par un concert de klaxons et de cornes de brume, dans un nuage de fumigènes; des milliers de tifosi drapés dans les flammes tricolores vert-blanc-rouge quittant les fan-zones pour converger sur la Piazza Venezia.

Rares étaient ceux qui, dans la foule, portaient des masques, dont le port n’est plus obligatoire en plein air depuis la fin juin.

La reprise en péril?

Les rassemblements engendrés par cette grande fête du football, surtout ceux en intérieur, inquiètent les spécialistes, en particulier au Royaume-Uni où presque toutes les restrictions ont été levées et où 30.000 nouveaux cas quotidiens ont été enregistrés sur la semaine écoulée.

«Il est possible, probable même, que des régions très peu touchées par l’épidémie au Royaume-Uni se retrouvent ensemencées par des supporters revenant de Londres», prévient Antoine Flahault, le directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève (Suisse). «Le variant Delta arrive sur le continent européen. Il semble difficile à contrer tellement il est transmissible. L’Euro n’arrange rien».

La propagation de nouveaux variants du coronavirus fait aussi peser des risques sur l’économie mondiale, ont averti les États-Unis et l’ensemble du G20.

«Nous sommes très inquiets concernant le variant Delta et d’autres variants qui pourraient émerger et menacer la reprise», a déclaré dimanche à Venise (Italie) la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen. «Nous sommes dans une économie mondiale connectée, ce qui se passe dans n’importe quelle partie du monde affecte tous les autres pays».

Une mise en garde identique avait été lancée la veille par les ministres des Finances du G20.

Nouvelle vague de restrictions sanitaires

Cible principale des inquiétudes, le variant Delta, apparu en Inde et qui se répand à grande vitesse, provoquant des flambées épidémiques en Asie et en Afrique et faisant remonter le nombre des cas en Europe et aux États-Unis.

De nombreux pays, comme l’Espagne, les Pays-Bas ou la Thaïlande, ont déjà décidé de réintroduire des restrictions sanitaires. Et lundi, à Séoul, les restrictions les plus draconiennes que la capitale de la Corée du Sud ait connues depuis le début de la pandémie entrent en vigueur pour deux semaines. Il sera notamment interdit de se rassembler à plus de deux après 18H00 et les écoles seront fermées, de même que les bars et les discothèques.

En France, le président Emmanuel Macron pourrait annoncer lundi de nouvelles mesures face aux assauts du variant Delta, en passe d’y être majoritaire, tandis que l’Argentine a prolongé les siennes jusqu’à début août et que le Pérou l’a fait pour l’état d’urgence, qui restera en vigueur un mois de plus, jusqu’à fin août.

Mercredi, Malte deviendra le premier pays européen à fermer ses frontières aux voyageurs non vaccinés.

Pour tenter de contrer cette propagation, les dirigeants des 20 nations les plus riches du monde ont appelé à accélérer la vaccination, s’engageant à faire davantage pour soutenir en ce sens les pays en développement.

Alors que 70% de la population est vaccinée dans certains États développés, ce chiffre est de moins de 1% pour les pays les plus pauvres, a souligné le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

L’Union européenne a atteint son objectif de disposer de suffisamment de doses pour vacciner 70% de ses 366 millions d’adultes, a annoncé samedi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. «Quelque 500 millions de doses auront été distribuées», a-t-elle précisé.

Le Bangladesh, de son côté, a passé des accords pour 17,5 millions de vaccins supplémentaires contre le Covid-19, a annoncé samedi son ministère de la Santé, à un moment où ce pays de 169 millions d’habitants connaît des records de mortalité et a dépassé le million de cas.