Le propriétaire du site «Jacquie et Michel» et quatre autres personnes placées en garde à vue pour «viols»

Le propriétaire du site pornographique «Jacquie et Michel», Michel Piron, et quatre autres personnes ont été placés en garde à vue mardi dans une enquête ouverte à Paris pour «viols» et «proxénétisme», a appris l’AFP de sources concordantes.

par
AFP
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M. Piron et sa femme «ont été placés en garde à vue ce matin dans le cadre d’une enquête préliminaire» ouverte en juillet 2020 «pour des faits supposés de proxénétisme, complicité de viol et complicité d’agressions sexuelles entre 2009 et 2015», a annoncé l’avocat du groupe Ares, détenteur du site, Me Nicolas Cellupica. «L’intéressé et son épouse ont été interpellés et placés en garde à vue ce matin ainsi que trois autres personnes», a confirmé le parquet de Paris, sollicité par l’AFP.

Depuis l’ouverture de l’enquête, «Michel Piron a toujours sollicité à être entendu par les enquêteurs et à répondre ouvertement à leurs questions», a indiqué Me Cellupica. «Il s’est toujours dit du côté des victimes si des actrices ont subi des actes de violences sexuelles qu’il ignorait parfaitement», a ajouté l’avocat. «Le groupe ’Jacquie et Michel’ n’a jamais produit ou réalisé de film et n’est que diffuseur de films réalisés par des producteurs indépendants», a insisté le conseil du groupe. «Enfin, la pornographie n’a jamais été assimilée à de la prostitution: une actrice porno n’est pas une prostituée et un réalisateur ou diffuseur n’est pas un proxénète», a souligné cet avocat. «Ce dossier devrait faire l’objet d’une ouverture d’information judiciaire en fin de semaine».

Des pratiques sexuelles douloureuses

Le parquet avait confié en juillet 2020 cette enquête à la police judiciaire parisienne, initiée après un signalement adressé par Osez le féminisme, les Effronté-es et le mouvement du Nid. Ces associations relayaient les témoignages de plusieurs actrices assurant avoir été contraintes à des «pratiques sexuelles +hors normes et douloureuses+» alors qu’elles n’étaient pas consentantes.

Ce signalement avait suivi la diffusion en février par le site Konbini d’une vidéo intitulée «les coulisses sordides du porno amateur», dans laquelle deux femmes témoignaient de ces pratiques. Dans un livre-enquête intitulé «Judy, Lola, Sofia et moi» (Ed. Goutte d’Or, 2018), le journaliste Robin d’Angelo a raconté son infiltration dans l’industrie du porno amateur et dénoncé l’absence récurrente de consentement et le non-respect du droit du travail.

Le groupe, qui annonçait 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016, selon le journaliste, a fondé son succès sur l’achat à petits prix de vidéos d’amateurs en France, avant de professionnaliser peu à peu sa production. L’entreprise fondée en 1999 concurrence désormais Dorcel, un des leaders de l’industrie pornographique.