Le journal déchirant d’une jeune ukrainienne de Marioupol: «je pensais savoir ce que c’était de souffrir, je me trompais»

C’est un journal qui en rappelle un autre, tristement connu. Depuis le début de la guerre en Ukraine, Katya, 16 ans, consigne son quotidien dans un journal. Elle y raconte notamment le décès de sa mère dans une cave de Marioupol.

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Des extraits du journal de Katya ont été diffusés sur les réseaux sociaux. Ils donnent un aperçu des atrocités commises depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. À 16 ans, Katya s’est retrouvée coincée dans un sous-sol de Marioupol avec sa famille.

«Tu sais ce que ça fait quand ça fait mal? Une fois, je suis tombée amoureuse d’un garçon mais lui ne m’aimait pas. Je pensais que c’était ça, souffrir», écrit l’adolescente. «Mais il s’est avéré que souffrir, c’est voir ta mère mourir devant toi.»

«Maman, ne t’endors pas!»

«Maman a tenu le plus longtemps possible. Elle est morte trois jours avant notre évacuation», poursuit Katya. Se retrouvant seule avec son petit frère, elle a tout fait pour le protéger. «Je lui ai dit qu’elle dormait et qu’il ne fallait surtout pas la réveiller. Il n’arrêtait pas d’aller vers elle en disant ‘maman, ne dors pas, tu vas geler’. Mais je pense qu’il a tout compris».

«Nous n’irons jamais sur sa tombe. Elle est restée dans ce sous-sol sombre et humide. Ce même sous-sol dans lequel nous sommes allés aux toilettes, dans lequel nous avons mangé et dormi.»

«Je ne crois plus en Dieu», ajoute Katya. «Si Dieu existait, il ne nous aurait pas tant fait souffrir.»

Abandonnée par sa famille de Russie

Dans un autre extrait, l’adolescente raconte un appel qu’elle a passé à son oncle, qui habite en Russie. Elle venait juste de perdre sa maman. «Savez-vous ce qu’il m’a dit?! ‘Katya? Qui est Katya? Je ne vous connais pas jeune fille’. Ensuite, il m’a écrit sur le portable: ‘Katya, ne m’écris plus. C’est dangereux pour ma famille et pour moi. Ta mère est partie’. C’était sa sœur! Comment est-ce possible? Je les déteste! Je déteste la Russie!»

Malgré l’horreur, Katya pense au futur. «Je reviendrai à Marioupol», écrit-elle. «Je viendrai vivre au même endroit. Et à chaque fois, le même jour, je descendrai dans la cave de cette nouvelle maison pour y déposer des fleurs.»