Le confinement, terreau fertile pour les livres de jardinage

Des potagers «du paresseux», «au naturel», «bio» ou «pour les nuls», un «petit jardin» ou «des leçons de permaculture»: le confinement a été le terreau parfait pour les livres de jardinage, destinés à un lectorat jeune, néophyte, avide de conseils simples et pratiques.

par
AFP
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«Un nouveau public est apparu pendant les confinements», explique la directrice éditoriale chez Larousse, Nathalie Viard. «Des débutants se sont mis au jardinage, tandis qu’un public déjà connaisseur est monté en compétence». «La Covid a entraîné un emballement commercial réel», renchérit la directrice du département Art, Nature et Société, des éditions Actes Sud, Anne-Sylvie Bameule. Mais «cette accélération prend place dans un mouvement de progression continu depuis une dizaine d’années».

«Les ventes de livre augmentent chaque année, en particulier depuis cinq ans. En 2020 nous avons vendu 373.000 livres de jardinage, malgré la fermeture des librairies», indique la maison d’édition Terre Vivante. La moitié des parutions de cet éditeur spécialisé depuis 40 ans dans «l’écologie pratique» concerne le jardinage. Selon les chiffres du cabinet GfK transmis par la maison d’édition First, le marché du livre «Nature et jardinage» a augmenté de plus de 10% entre le premier semestre 2019 et celui de 2021.

Pour Antoine Isambert, des éditions Ulmer, «le public a complètement évolué, motivé par une envie de produire soi-même et de retour à la nature en ville propre à une nouvelle génération». Cet éditeur «nature et écologie pratique» a vu son chiffre d’affaires augmenter de 7% en 2020, malgré les deux mois du premier confinement pratiquement «à zéro».

Abondamment illustré, «Mon petit potager bio sur 15 m³» (Ulmer) du jeune instagrameur Arthur Motté s’est vendu à 10.000 exemplaires depuis mars 2020. «Mon balcon nourricier en permaculture», de Valéry Tsimba, paru en janvier 2021, compte déjà 6.000 ventes.

«Jeune et connecté»

«Ce qu’ils font n’est pas intimidant. Chacun se dit qu’il peut le faire, qu’il vive dans une maison de banlieue ou en appartement», commente le directeur des éditions Ulmer. «En tant qu’éditeur, on rétablit le lien qui a été rompu entre cette nouvelle génération et l’apprentissage du jardinage autrefois transmis par les grands-parents».

Selon Nathalie Viard, des éditions Larousse, «les horticulteurs sont les nouveaux chefs». «Une nouvelle population, plus jeune et plus urbaine a commencé à s’intéresser aux jardins et nous sommes allés chercher de nouveaux auteurs, des acteurs du jardin qui parlent à cette communauté». Larousse a publié en février «Les Leçons de permaculture de ZeProfDortie», dont l’auteur, Jean-Christophe Bar, alias ZeProfDortie, compte quelque 71.600 abonnés sur Youtube.

Dès 2018, «Le Potager du paresseux», sorti chez Tana, de Didier Helmstetter, ingénieur agronome qui cultive son propre jardin, s’est vendu à 50.000 exemplaires (et 11.000 exemplaires pour la version illustrée). «On a besoin d’auteurs qui puissent proposer quelque chose de vérifié, expérimenté et éclairé», déclare Suyapa Hammje, la directrice éditoriale de Tana, une maison d’édition «écoféministe».

Arrivée à la tête du département pratique d’Albin Michel en février 2020, juste avant le confinement, Aurélie Starckmann avait pour objectif, côté jardinage, «un auteur qui soit jeune, connecté et ait envie de transmettre son savoir». Elle se félicite d’avoir trouvé des auteurs qui écrivent «d’une façon différente, plus décontractée et très accessible». «Un potager au naturel avec Tom le Jardinier» (Albin Michel), instagrameur aux 21.300 followers, paru en avril 2021, s’est déjà vendu à 6.000 exemplaires sur un tirage de 8.000.

Aller chercher les néophytes, c’est la mission de la collection à succès «Pour les nuls», de la maison d’édition First, qui a fait elle aussi son entrée sur le segment du jardinage. «Un potager pour les nuls», signé Philippe Collignon et Charlie Nardozzi, paru en 2016, s’est vendu à 11.600 exemplaires.