L’Agence France-Presse va vendre certaines de ses photos aux enchères

Che Guevara, Nelson Mandela, Martin Luther King, Mohamed Ali, Dali…: l’Agence France-Presse (AFP) met pour la première fois aux enchères dimanche près de 200 photographies tirées de ses archives, depuis sa création en 1944 jusqu’à la fin des années 90.

par
AFP
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Baptisée «les années argentiques», en référence au processus photographique qui a précédé le numérique, la vente doit se tenir sous la direction de la maison Digard. Elle aura également lieu en live sur le site Digard.com (via la plateforme française Drouot) et sur la plateforme américaine Artsy.net.

Images culte, moments historiques, faits divers, scènes de la vie quotidienne: la sélection s’arrête en 1998, année de la généralisation des boîtiers numériques à l’AFP. L’occasion pour les amateurs de photo d’acquérir un tirage unique d’un instant emblématique jusque-là réservé aux grands médias internationaux.

La sélection fait partie d’un fonds qui compte plus de six millions de clichés argentiques, dont 350.000 sur plaques de verre, qui dorment dans les entrailles du siège de l’agence, place de la Bourse, à Paris.

Elles n’ont été que partiellement inventoriées par une équipe de documentalistes et de spécialistes qui a commencé à les numériser au début des années 2000.

Certaines «ont fait l’actualité du siècle dernier et sont parfois devenues culte. D’autres sont de réelles surprises photographiques et témoignent de véritables regards d’auteurs. Toutes marquent un moment d’histoire», souligne Marielle Eudes, directrice de la photo à l’AFP.

Elles témoignent autant de la Libération de Paris en 1944 que de scènes de la vie quotidienne, sur les bords de Seine ou à Coney Island; elles parlent de guerres mais aussi d’artistes et de célébrités tel un portrait surréaliste de Dali au zoo de Vincennes; de faits divers comme la mort de Jacques Mesrine, +l’ennemi public numéro 1+; de sport, avec Mohamed Ali ou Ayrton Senna au départ de sa dernière course.

Patrimoine vivant

Parmi elles, des clichés emblématiques: le corps de Che Guevara, tué par l’armée bolivienne en 1967, Nelson Mandela le poing levé après sa libération en 1990, Martin Luther King le jour de son discours «I have a dream» en 1963, ou les dirigeants français et allemand François Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main à Verdun en 1984.

Une sélection des tirages, mis en vente à un prix de départ allant de 300 à 1.500 euros, est exposée dans trois endroits à Paris: le club We are où aura lieu la vente, et deux galeries, Fisheye et 75Faubourg.

Les acheteurs feront l’acquisition d’une «édition spéciale» sur papier baryté ou chromogène, avec tampon de l’AFP et certificat d’authenticité.

Les recettes de la vente intégreront le chiffre d’affaires de l’entreprise et serviront notamment à la numérisation du fonds photographique.

Ce fonds porte en lui des «regards d’auteurs», à l’instar de celui d’Eric Schwab, qui a travaillé à l’AFP de 1944 à 1950 et a été l’un des premiers à découvrir l’horreur nazie au moment de la libération des camps, avant de capturer dans son objectif New York, ses habitants, ses cabarets et ses jazzmen.

«C’est un patrimoine qu’il faut faire vivre. Et c’est un patrimoine qui ne peut vivre que dans une extrême qualité sur les marchés premiums, de galeristes et de collectionneurs. La photo intéresse de plus en plus les collectionneurs. Les montrer par ce biais va aussi donner à voir au grand public la grande qualité et la richesse de la production photo de l’AFP», souligne Marielle Eudes.

L’AFP est l’une des grandes agences de presse mondiales. Elle produit des textes, photos, vidéos, infographies et autres produits d’information, repris dans les médias sur tous les continents.

Elle publiera également le 7 octobre un livre de photographies, «Pandemia: ce que nous avons vécu» (Les Arènes), sur la crise sanitaire dans le monde.