La sécheresse fait le bonheur des sourciers, un métier plus mystérieux que jamais

Les sourciers sont particulièrement demandés à cause de la sécheresse qui touche une partie de l’Europe.

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De cinq à six rendez-vous par semaine à cinq à six rendez-vous par jour. Patrick, un sourcier brabançon wallon depuis 20 ans, croule sous les demandes de rendez-vous à cause de la sécheresse qui touche notre pays. «Il y a un phénomène physique dans la planète. L’eau, qui frotte dans le sol, crée un champ électrique. Et moi, à l’aplomb de ce champ électrique, avec mes baguettes plus la magnétique que j’ai dans le corps et le talent de sourcier, j’arrive à détecter leur passage exact ainsi que leur profondeur», expliquait-il ce lundi dans un reportage de la RTBF.

En France aussi, le phénomène est similaire. Les sourciers sont plus demandés que jamais. «Cet été, j’ai eu beaucoup d’appels, et les gens n’ont qu’un seul mot à la bouche: la sécheresse. Ce sont souvent des agriculteurs, des propriétaires de haras, des pépiniéristes», confirme au Journal du Dimanche Michaël, un sourcier normand. Il assure avoir découvert son «don» par hasard, alors qu’il n’avait que 16 ans.

La radiesthésie, quèsaco?

Ce don serait tiré de la radiesthésie, une pratique ancestrale qui signifie que certaines personnes seraient sensibles aux rayonnements de plusieurs matières, comme l’eau ou les métaux. Pour cela, les sourciers, qui recherchent spécifiquement l’eau, utilisent différents outils, comme le pendule ou la baguette. D’après les sourciers, qui assurent ressentir le magnétisme de l’eau, leur baguette se mettrait à bouger au moment d’approcher un point d’eau.

Des expériences non concluantes

Mais cette pratique est-elle vraiment efficace? Les sourciers ont-ils vraiment cette faculté de trouver de l’eau ou ont-ils juste de la chance? Des scientifiques se sont penchés sur la question depuis plus de 40 ans. L’expérience la plus connue est probablement celle de Munich organisée en 1986. Pour éviter que l’expérience ne soit démentie en cas de résultats négatifs, des sourciers ont été invités à prendre part à la mise en oeuvre de l’expérience.

Les sourciers participant à l’étude devaient simplement trouver la position d’un chariot dans lequel se trouvait un tuyau où circulait de l’eau sous un plancher. Ce tuyau était bougé à plusieurs reprises alors que le contenu du tuyau variait (eau douce, salée, avec du sable, absence d’eau…). Des milliers de tests ont été réalisés sur deux ans avec une conclusion claire: les sourciers arrivaient au même résultat qu’une détection effectuée au hasard. Des résultats similaires ont été observés lors d’études organisées en 1990 et 2007.

«Tout cela n’existe pas»

Le mouvement du bâton qui bouge tout seul au-dessus d’une source d’eau a lui aussi une explication selon les scientifiques. Il s’agirait soit de mise en scène, soit d’autosuggestion, c’est-à-dire l’action de s’influencer soi-même, parfois de manière inconsciente.

Mais comment s’explique dès lors le succès des sourciers? «Sous terre, il y a beaucoup d’eau. Bien souvent, il suffit de la chercher pour la trouver. On met de la magie là où il n’y en a pas. Des veines d’eau, des rivières souterraines: tout cela n’existe pas», explique au Figaro Patrick Lachassagne, président du comité français d’hydrogéologie. «C’est comme en santé: si on est vraiment malade, on va voir un médecin, si on a besoin d’eau, on s’adresse à un technicien qui peut garantir la quantité et la qualité. Après, si on n’a rien, on peut toujours aller voir un rebouteux», ajoute-t-il pour le Journal du Dimanche.

Un certain savoir-faire

Pas question cependant pour lui de nier les qualités de certains sourciers. À force de parcourir des sites spécialisés et de lire des cartes hydrauliques, Patrick Lachassagne estime que des sourciers ont développé un véritable savoir-faire et des connaissances qui leur permettent de détecter des sources d’eau dans leur région. Mais cela n’a rien de sorcier.