Inflation : notre porte-monnaie en surchauffe, et celui de nos voisins européens aussi ?

D'avril à juin, l'inflation totale s'est établie à 9,9% en moyenne en Belgique, selon l'Observatoire des prix. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis 1997, année où les calculs selon la méthodologie d'Eurostat ont débuté. Mais est-ce pareil dans les autres pays européens ?

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ETX Daily Up
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L'inflation a été alimentée par la flambée des prix de l'énergie (+64,3% au deuxième trimestre), dans la foulée de la guerre en Ukraine. Presque deux tiers de l'inflation totale en Belgique sont dus à l'inflation de l'énergie. Mais depuis la fin de 2021, l'inflation augmente également pour tous les autres groupes de produits. Au deuxième trimestre, l'inflation était déjà de 6,5% pour les produits alimentaires, selon l'Observatoire des prix. Les principaux voisins de la Belgique n'échappent pas à l'inflation galopante. Alors que l'inflation totale aux Pays-Bas (10,4 %) est encore plus élevée qu'en Belgique, elle est nettement plus faible en Allemagne (8,3%) et surtout en France (5,9%).

Avec des tarifs de l'énergie en hausse de 28,5% en juillet sur un an en France, mais aussi une alimentation plus coûteuse de 6,8% ainsi qu'une augmentation du coût des transports de 17,4%, les Français font aussi face à l’inflation. Fin mai dernier, le magazine 60 millions de consommateurs révélait dans son observatoire de l'inflation, élaboré aux côtés du cabinet NielsenIQ, que la montée des prix - que ce soit ceux de l'énergie, du carburant et de l'alimentation, les oblige déjà à augmenter leur budget mensuel de 90 euros.

Energie et allimentation

Sans surprise, la hausse des prix de l'énergie explique le surcoût de la vie dans tous les pays européens. En Allemagne (+14,8%), mais aussi dans les pays au sud de la zone euro, les consommateurs sont auss clairement plombés par un caddie beaucoup plus coûteux. Les Espagnols sont les premiers concernés. Alors que le pays de Cervantes enregistre une augmentation des prix à la consommation au mois de juillet de 10,8% - soit un record depuis septembre 1984, la viande, le pain et les céréales, les produits laitiers, les oeufs et le poisson sont sujets aux plus fortes progressions de prix.

En Espagne

La nourriture coûte en effet plus cher, +13,5% sur un an. Les Espagnols n'ont pas connu une telle augmentation de leur panier alimentaire depuis 1994. Une note salée qui s'ajoute à celle du budget de l'énergie, dont les tarifs ont explosé de plus de 50% depuis le début de l'année. Facteur plus inattendu de l'inflation espagnole : la montée du coût des vacances, avec des forfaits touristiques qui sont plus onéreux de +13%, tout comme les hébergements (+3,5%).

En Allemagne et en Italie

En Allemagne, on subit de plein fouet les répercussions de la sécheresse. Les récoltes plus maigres engendrent de fortes hausses de prix sur les légumes (+12,2%) et les fruits (+8,8%). En Italie, les prix de l'alimentation ont flambé de 10% par rapport à 2021, avec un panier de pâtes, de riz et de pain coûtant 115 euros plus cher. Cette année, les Italiens doivent dépenser 564 euros de plus pour leur budget alimentaire. Les désordres climatiques ne constituent pas l'unique raison de cette montée des prix. Elle est aussi le résultat des surcoûts subis par les agriculteurs. Les engrais coûtent 170% plus cher tandis que les prix de l'alimentation pour les animaux ont progressé de 90%.

Au Portugal

Au Portugal, où l'inflation atteint 9,1%, c'est le prix du poisson qui a le plus augmenté, de 18,16% entre février et août 2022. Au cours de cette période, le prix d'un panier alimentaire a augmenté de près de 13%, d'après les calculs réalisés chaque semaine par Deco Proteste, une importante association de défense des consommateurs portugaise. "Le problème est historique : le Portugal est fortement dépendant des marchés extérieurs pour garantir l'approvisionnement en céréales nécessaires à sa consommation intérieure. Actuellement, ceux-ci ne représentent que 3,5 % de la production agricole nationale — principalement le maïs (56 %), le blé (19 %) et le riz (16 %)" explique t-elle. Et d'ajouter "et si au début des années 90 l'autosuffisance en céréales était d'environ 50%, actuellement, la valeur ne dépasse pas 19,4%, l'un des pourcentages les plus bas au monde et qui oblige le pays à importer environ 80% des céréales qu'il consomme".

Et hors de l’UE ?

En dehors de la zone euro, on ne s'en sort pas mieux. Au Royaume-Uni, les experts préparent le retour de vacances des Britanniques en anticipant une inflation estimée à 12% pour le mois d'octobre. Actuellement, elle se situe à 9,4%, un niveau jamais atteint depuis 40 ans. On vous parlait fin juillet de cette tendance autour du beurre maison auquel s'essayent les sujets de Sa Majesté. Des antivols ont même été ajoutés sur des barquettes de beurre de la marque Lurpak, dont le prix a flambé de 30% dans les magasins Morrisons. Dans les grandes surfaces britanniques, les prévisions quant à la montée des prix de l'alimentaire font trembler : +15% pour cet été, +20% en début d'année 2023. Selon les calculs du cabinet Kantar, entre la mi-avril et la mi-juillet, les prix du beurre ont flambé de 20,3%, de 17,8% pour le lait, de 13% pour la viande à burger.

Enfin, ajoutons qu'au-delà des frontières européennes, on n'échappe pas à la tendance inflationniste. Au Brésil, les prix des aliments ont flambé de 17,5% en juillet sur un an. Le journal brésilien Hora Do Povo rapporte de fortes augmentations sur des produits de base comme la papaye (99,39%), la pastèque (81,60%), l'oignon (75,15%), la fraise (73,86%) ou encore le café moulu (58,12 %).

Complétons ce panel avec un indispensable coup d'oeil sur les Etats-Unis. Car si l'inflation est en recul au mois de juillet passant de 9,1% à 8,5% grâce à la baisse notable des prix de l'essence (-7,7%) et des billets d'avion (-7,8%), le caddie des Américains continue de coûter plus cher. Les prix dans l'alimentaire ont gonflé de 13,1%, sachant que les céréales et les produits boulangers affichent la plus forte flambée tarifaire (+15%).