Greffes, cancer, dialyses: quelle efficacité des vaccins Covid?

Quelle est l’efficacité des vaccins contre le Covid-19 quand on est greffé, malade du cancer ou insuffisant rénal, c’est-à-dire avec un système immunitaire affaibli? C’est la question à laquelle veut répondre une ambitieuse étude française, laquelle durera deux ans.

par
AFP
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«L’objectif est de savoir comment protéger au mieux ces patients-là», explique à l’AFP l’infectiologue Odile Launay, responsable de l’étude nommée Cov-Popart, qui doit porter au total sur 10.000 personnes.

Chez ces patients, la réponse immunitaire est moins bonne que chez les personnes en bonne santé, ce qui peut potentiellement nuire à l’efficacité de la vaccination puisque son but est de provoquer cette réponse.

Cette faiblesse immunitaire peut venir des problèmes de santé de ces patients, mais aussi des médicaments qu’ils prennent pour les résoudre. C’est par exemple le cas chez les transplantés, qui suivent des traitements destinés à abaisser les défenses immunitaires pour éviter le rejet de l’organe greffé.

Pour ce type de patients, une troisième dose de vaccin a été jugée nécessaire par les autorités sanitaires françaises, car la réponse immunitaire est insuffisante avec deux. Sur la lancée d’autres travaux, c’est ce que montre une étude du CHU de Toulouse publiée le 23 juin dans la prestigieuse revue médicale américaine NEJM.

Or tous ces patients font aussi partie des catégories «les plus à risque de faire des formes graves de Covid», souligne la Pr Launay. D’où l’importance de mieux connaître l’efficacité de la vaccination chez elles.

Rappels

«Ces données nous permettront d’adapter les recommandations vaccinales dans ces populations spécifiques», espère la chercheuse.

En fonction des résultats, les autorités sanitaires pourront par exemple décider de raccourcir l’intervalle entre les deux, ou trois, premières injections de vaccin et les rappels, qui seront sans doute nécessaires pour ces patients.

L’étude Cov-Popart (pour cohorte vaccinale Covid-19 des populations particulières) a été mise en place par l’agence de recherche ANRS/Maladies infectieuses émergentes. Elle est menée dans une trentaine de structures hospitalières, faisant majoritairement partie du projet Covireivac de l’Inserm consacré à la recherche sur les vaccins Covid.

Les premiers volontaires ont été inclus fin mars et l’objectif est d’arriver à 10.500. On en est pour l’instant environ à la moitié. Parmi eux, 8.650 auront l’une des maladies concernées par l’étude, mais pas les 1.850 autres, afin de pouvoir comparer l’efficacité des vaccins entre les deux groupes.

Au total, l’étude inclut une dizaine de pathologies: diabète, obésité, cancer, greffes d’organes et de moelle osseuse, insuffisance rénale chronique sévère, infection au VIH, rhumatismes inflammatoires chroniques ou encore sclérose en plaques. Chacun de ces sous-groupes est composé de 300 à 1.400 patients.

«Autres stratégies»

Pour chaque volontaire, une première prise de sang a lieu au moment de la vaccination, avec n’importe lequel des vaccins autorisés en France, et les suivantes seront faites un mois, six mois, un an puis deux ans après la dernière injection.

Cela permettra de mesurer le niveau d’anticorps produits par l’organisme après la vaccination, indicateur important de son efficacité.

En outre, l’autre volet de la réponse immunitaire sera également évalué: l’immunité cellulaire, due à des cellules appelées lymphocytes.

Cela ne concernera toutefois pas l’ensemble des patients, puisque c’est plus lourd à mettre en oeuvre que la mesure des anticorps. «On espère pouvoir le faire sur 30 à 40 sujets» par sous-groupe, commente la Pr Launay.

Si la vaccination ne marche pas chez certains sujets, le virus qu’ils auront attrapé sera séquencé pour savoir de quel variant il s’agit et déterminer si cela a pu jouer dans cet «échec vaccinal».

Dans le cas où certains patients ne répondent pas du tout aux vaccins, il faudra opter pour «d’autres stratégies», prévient la Pr Launay. «La vaccination de l’entourage, des soignants qui les suivent et le maintien des gestes barrières», précise-t-elle.