Funérailles d’Elizabeth II: le monde se fige pour rendre hommage à la reine

Dans la solennité de l’Abbaye de Westminster, là où elle s’était mariée en 1947 et avait été couronnée à seulement 27 ans, en 1953, le monde a fait ses adieux émus à Elizabeth II.

par
AFP
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A 9H42 GMT (11H42 HB) avec une ponctualité toute britannique, le cercueil, porté par huit soldats des Grenadiers Guards, quittait Westminster Hall, où pendant cinq jours des dizaines voire des centaines de milliers de Britanniques, se sont recueillis pour rendre hommage à leur souveraine adorée.

A une extrémité de la plus ancienne salle du Parlement britannique, le cercueil recouvert de l’étendard royal et orné de la couronne impériale, de l’orbe et du sceptre royal, passe sous un vitrail érigé à l’occasion du Jubilé de Platine de la reine, qui a marqué en juin dernier ses 70 ans de règne. Puis, devant une fontaine érigée en 1977 pour son jubilé d’argent. Autant de symboles d’un règne à la longévité exceptionnelle.

La famille royale émue

Derrière le cercueil, suit en procession la famille royale, menée par Charles III, visiblement ému, sa soeur, la princesse royale Anne, et leurs deux frères, Edward et Andrew, suivis notamment des princes William et Harry.

Ils sont rejoints par leurs épouses et époux quand le cercueil pénètre dans l’abbaye. Devant le monde entier, les tout jeunes arrières-petits enfants de la reine, le prince George, 9 ans, et la princesse Charlotte, 7 ans, enfants du prince William et de Kate, accompagnent leurs aînés dans leur triste devoir.

Les derniers échos de la cloche la plus grave de l’abbaye s’évanouissent, après avoir sonné 96 fois, une par minute, pour marquer les 96 ans de vie de la monarque.

Alors que l’assemblée de 2.000 invités dont plusieurs centaines de dirigeants et têtes couronnées du monde entier, se lève, le choeur entonne des sentences, les cinq mêmes prononcées pour toutes les funérailles nationales depuis le 18e siècle.

Le prince Edward et son épouse Sophie, réputée très proche de la monarque, essuient quelques larmes.

«Nous nous rassemblons à travers le pays, du Commonwealth et de tous les pays du monde pour pleurer notre perte. Pour nous souvenir de sa longue vie de service désintéressé», a entamé le doyen de Westminster.

«Nous nous reverrons»

Chants et prières se succèdent et, dans un équilibre subtil marquant à la fois le pouvoir politique et religieux de la souveraine, la secrétaire générale du Commonwealth Patricia Scotland et la Première ministre Liz Truss, nommée par Elizabeth II à peine deux jours avant son décès, lisent des passages de la bible.

«Notre défunte majesté avait déclaré lors de son 21e anniversaire que sa vie entière serait dévouée à servir la Nation et le Commonwealth. Rarement une telle promesse a été aussi bien tenue», a salué l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef spirituel de l’église anglicane, dans son sermon.

Saluant la «joie» et «sa présence» dans le coeur et la vie de tant de gens, il a conclu par un «Nous nous reverrons», reprenant les paroles d’une célèbre chanson de Vera Lynn datant de la Seconde guerre mondiale, prononcées par la reine pour réconforter ses sujets confinés pendant la pandémie de Covid-19.

La cérémonie, d’environ une heure, est parsemée d’hommages aux moments majeurs de la vie de la reine, comme quand retentit l’hymne «The Lord is my shepherd», chanté lors du mariage d’Elizabeth II et du prince Philip en 1947, ou quand le choeur reprend «O taste and see how gracious the Lord is», composé pour son couronnement.

Deux minutes d’hommage

Deux minutes d’un silence poignant, repris dans l’ensemble du Royaume-Uni, puis l’hymne national «God Save the King», désormais dans sa version masculine, retentit, marquant la transition du règne d’Elizabeth II vers celui de Charles III.

Enfin, le son de la cornemuse du musicien personnel de la reine Elizabeth II, résonne dans l’abbaye. Et sur une Fantasia de Bach, le cercueil quitte l’édifice, de nouveau suivi en procession par la famille royale.

Charlotte et George tiennent toujours leur rang. Mais ils ne devaient pas ensuite participer à la procession pour le service prévu à Windsor, où la reine doit être inhumée dans l’intimité familiale de la chapelle Saint-Georges.