Tout comprendre au nouveau budget mobilité

Lancé il y a trois ans, le budget mobilité des travailleurs vient d’être modernisé. Objectif: proposer une offre mobilité à la carte encore plus étendue pour convaincre davantage d’employés d’abandonner la voiture de société.

par
Oriane Renette
Temps de lecture 5 min.

Troquer sa voiture de société contre des alternatives durables, c’est l’idée du budget mobilité: une enveloppe que le travailleur peut consacrer à un package de solutions de déplacement vertes, mais pas que. Avec en ligne de mire, la réduction des déplacements carbonés, et donc que la Belgique atteigne son objectif de -55% des émissions de CO2 pour 2030. Lancé en 2019, le budget mobilité vient d’être remanié et élargi par l’actuel ministre de tutelle Georges Gilkinet (Ecolo).

Et cette offre rencontre un succès grandissant auprès des travailleurs. Fin 2021, un travailleur sur 200 a échangé sa voiture de société contre un budget mobilité. C’est trois fois plus qu’il y a un an, relève Acerta. Et cette augmentation significative se poursuit cette année. Le budget mobilité nouvelle mouture, entré en vigueur depuis le 1er janvier, semble donc convaincre. Cette nouvelle offre à la carte, conçue pour s’adapter aux nouvelles réalités des travailleurs et répondre davantage aux enjeux climatiques, comprend plusieurs avancées.

De nouvelles options

Première nouveauté: le budget mobilité est désormais directement accessible aux nouveaux travailleurs. Exit le délai d’attente de 12mois. Ce budget est compris entre un minimum de 3.000€ et un maximum de 16.000€ (ou un cinquième du salaire brut annuel).

Du côté de l’offre de transports, de nouvelles options ont fait leur apparition. Le budget mobilité couvrait déjà l’achat d’un vélo (ou d’autres engins de mobilité douce). Désormais, il sera aussi possible de l’utiliser pour souscrire à un prêt pour l’achat direct d’un vélo, louer un emplacement dans un box vélo, investir dans un équipement complet, ou encore couvrir des frais d’entretien.

Ceux qui préfèrent marcher ne sont pas non plus oubliés. La nouvelle offre prévoit une «prime piéton» de 0,24€ par km parcouru à pied entre le lieu de domicile et le travail.

Quant aux abonnements des transports en commun, ceux-ci ne sont plus limités aux déplacements domicile-travail. De plus, chaque personne du ménage peut également en profiter, en plus du travailleur lui-même. Et pour les utilisateurs des transports, le budget mobilité est aujourd’hui élargi aux abonnements de parking situés à proximité de lieux multimodaux.

Une partie de budget mobilité peut également être consacrée au logement, dans la mesure où une habitation située à proximité du lieu de travail permet de facto de réduire les déplacements. À ce niveau-là aussi, on note du changement. Alors qu’avant le budget mobilité pouvait être dépensé dans le remboursement des intérêts hypothécaires, il pourra désormais être aussi alloué au remboursement du capital d’emprunt. Pour les travailleurs domiciliés dans un rayon de 10km (contre 5 km auparavant) de leur travail, il pourra en outre être consacré aux frais de logement (dont loyer) ou à des travaux de rénovation énergétique (comme le remplacement de châssis, par exemple). Les personnes qui travaillent au moins à 60% à domicile ont toujours également droit au remboursement des frais de logement.

Bientôt un budget pour tous?

Reste à voir si cette nouvelle formule continuera de convaincre les travailleurs d’abandonner leur voiture de société. En tous cas, il apparaît d’une enquête Touring que les Belges sont plutôt désireux de se voir proposer ce type d’alternative. En effet, l’idée d’un budget mobilité proposé à tous les travailleurs, et non uniquement à celles et ceux qui ont droit à une voiture de société, a remporté les faveurs de sept répondants sur dix à une enquête de l’organisation de mobilité. «La véritable percée de la formule n’interviendra que si elle devient accessible à tous les travailleurs belges», insiste Touring.

Un souhait partagé par le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet. «En 2022, le budget mobilité a changé. Les alternatives attractives, comme les frais de logement, ont été améliorées, voire élargies. L’annulation du délai d’attente de 3 et 12 mois est également un pas dans la bonne direction. Mais mon objectif est d’aller encore plus loin en proposant un budget mobilité pour tou.te.s».

Budget mobilité : pour qui et comment ?

Le budget mobilité est destiné à tous les employeurs et employés qui disposent d’une voiture de société (ou qui y sont éligibles). C’est à l’employeur que revient l’initiative de décider de proposer ou non la possibilité d’échanger la voiture de société contre le budget mobilité. Il définit lui-même les possibilités d’affectation de ce budget au sein de l’entreprise. Ensuite, le travailleur peut choisir librement dans quel(s) pilier(s) il souhaite dépenser son enveloppe, parmi toute l’offre proposée.

Le budget mobilité peut en effet être investi dans trois piliers. Primo, dans une voiture de société respectueuse de l’environnement (électrique ou satisfaisant à certaines normes d’émission). Secundo, dans des moyens de transport durables. Cela comprend l’achat et équipement de vélo (de tout type), trottinette, motocyclette électrique, mais aussi les abonnements de transports en commun pour toute la famille, les transports collectifs, les voitures partagées ou encore la prime piéton. Les travailleurs peuvent également consacrer une partie du budget dans les frais de logement. Tertio, le solde restant du budget mobilité, qui est reversé en espèces.

Côté montant, le budget mobilité correspond exactement au coût annuel brut pour l’employeur de la voiture de société à laquelle le travailleur renonce.

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