Yseult se livre à propos de son engagement: «J’avance toujours en pensant qu’il y a des femmes qui m’ont ouvert la voie»

Yseult représente la marque L’Oréal Paris depuis plusieurs mois et fait preuve d’un engagement toujours aussi important. Dans ce cadre, elle participe au défilé de la marque à Paris et se livre à propos de son engagement.

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Après une année d’absence, le plus grand défilé du monde, orchestré par L’Oréal Paris, a fait son grand retour à Paris, dimanche, sur le parvis des droits de l’Homme – rebaptisé pour l’occasion «parvis des droits de L’Homme et de la Femme». Un symbole pour le géant des cosmétiques qui accompagne les femmes depuis des décennies et prône de nombreuses valeurs dont l’inclusion et l’affirmation de soi. Yseult, porte-parole de la marque, a participé à ce nouveau défilé spectaculaire face à la Dame de fer. L’auteure-compositrice-interprète se confie sur cet événement, et sur les nombreuses valeurs qu’elle partage avec L’Oréal Paris. Rencontre avant le show.

Vous êtes égérie et porte-parole de L’Oréal Paris depuis plusieurs mois maintenant. En quoi ce rôle est-il important à vos yeux?

Ce rôle est hyper important pour moi car ça montre que la beauté est plurielle, et surtout que la beauté est personnelle et unique.

L’Oréal fait partie des marques qui font bouger les lignes en matière d’inclusion et d’affirmation de soi, mais, plus généralement, est-ce que les mondes de la mode et de la beauté sont vraiment inclusifs aujourd’hui?

En règle générale, non. C’est comme dans mon industrie, la musique. Je suis une artiste indépendante, je fais de la variété française, et je suis une femme noire, et des femmes noires qui font de la variété française, il n’y en a pas beaucoup, du moins je ne crois pas. Il y a quand même des femmes qui nous ont ouvert la voie, mais c’est vrai qu’il est important de pouvoir représenter toutes les beautés, que ce soit dans la musique, la mode ou la beauté. Et davantage encore aujourd’hui, car il y a une forte demande de la nouvelle génération à montrer le reflet de la société dans tous ces domaines. Je pense qu’il y a une réelle urgence à écouter les nouvelles générations, et à vraiment se mettre au diapason pour pouvoir toucher tout le monde.

L’époque tend à faire tomber certains diktats sur le corps des femmes, mais dans le même temps on parle du culte du visage parfait avec les filtres sur les réseaux sociaux ou le boom des actes de chirurgie. Comment expliquer un tel paradoxe?

Ce paradoxe est justement accentué par les réseaux sociaux, avec une certaine recherche du ’like’. Il faut qu’on essaie d’éduquer nos petites sœurs et nos petits frères, et leur faire comprendre qu’on les aime tels qu’ils sont, avec ou sans ces ’likes’. Il faut leur apprendre que ce ne sont pas ces ’likes’ sur Instagram qui vont définir les personnes qu’ils sont, et qu’eux ont une famille qui les aime que c’est le plus important.

Qu’est-ce qui doit changer aujourd’hui pour que des adolescentes ou des jeunes femmes ne grandissent pas en se sentant à l’écart?

Avant de changer quoi que ce soit, je pense qu’il faudrait d’abord qu’il y ait une réelle discussion avec les grands groupes de beauté, ou avec les industries de la musique et de la mode. Par exemple, dans la musique, il faudrait se demander comment assainir l’industrie, comment faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus de personnes noires dans la musique classique ou dans la variété française, comment rendre accessibles ces institutions. Ca pourrait être aussi la danse classique, comment la rendre accessible à tous? Je pense qu’il serait important d’avoir cette discussion, sincère et profonde, sur la représentation de la diversité et sur les différents moyens à mettre en place pour inclure cette diversité dans l’industrie. Une fois que cette discussion aura lieu, je pense que les choses changeront, évolueront progressivement, et les gens verront eux-mêmes les choses autrement. C’est aussi de l’éducation, de la communication, donc tout part de là.

Le simple fait d’aborder aujourd’hui ces questions ne montre-t-il pas qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire?

Il y aura toujours du chemin à faire. Après, il ne faut surtout pas oublier qu’il y a eu des personnes qui nous ont ouvert la voie. Dans la vie, j’avance toujours en pensant qu’il y a des femmes qui m’ont ouvert la voie, et que c’est pour ça que je suis là aujourd’hui. Il y aura toujours du travail à faire, le combat sera toujours présent, mais je pense que cette fois il serait beaucoup plus simple de faire un combat dans la paix et avec beaucoup de communication.

Quelles sont les femmes qui vous ont ouvert la voie?

Parmi les femmes qui m’ont inspirée, il y a Erykah Badu et Rokhaya Diallo, mais je dirais aussi Barbara dans son attitude, j’aime beaucoup le fait qu’elle s’habille en noir, qu’elle reste elle-même, et qu’elle soit très élégante et en même temps très audacieuse. J’aime aussi beaucoup Edith Piaf car elle a une certaine vulnérabilité, et en même temps une grande force. Toutes ces femmes m’ont inspirée jusqu’à aujourd’hui.

C’est votre premier défilé pour L’Oréal Paris, qui plus est sur le parvis des droits de l’Homme (rebaptisé aujourd’hui parvis des droits de L’Homme et de la Femme). Qu’est-ce que cela représente?

Cela représente beaucoup de choses, d’autant plus, effectivement, que cet après-midi il sera rebaptisé avec le mot ’Femme’, avec un grand ’F’, car la femme représente beaucoup de choses. Ça me fait plaisir de pouvoir marcher sur ce parvis rebaptisé, et ça fait du bien de pouvoir être entourée de femmes fortes et de femmes qui sont puissantes, intelligentes, et juste magnifiques.

Qu’allez-vous porter pour le show?

Je vais porter une tenue créée par Casey Cadwallader et ses équipes, donc de la maison Mugler. Elle est issue de sa nouvelle collection, qui n’est pas encore sortie. C’est un honneur de pouvoir porter encore une fois une tenue créée par Casey.

Pourquoi avoir choisi cette maison?

Parce que la maison Mugler m’a accompagnée sur les Victoires de la Musique, et ils m’ont tout de suite ouvert les bras. Et surtout, ce que j’aime bien, c’est de pouvoir montrer mon corps tel qu’il est, sans le cacher, tout en étant dans le contrôle, et j’avoue qu’ils arrivent bien, surtout Casey, à capter mon énergie et ce que j’ai envie de défendre.

À quelques heures du show, quelles sont vos appréhensions?

J’ai peur, mais je vais méditer un peu. Je suis dans le doute, mais c’est normal. Je ne peux pas dire que je suis sereine car je n’ai jamais défilé, mais je vais me reposer, méditer, et me concentrer sur la marche.