Tatiana Silva: «Si une chose s’effondre dans ta vie, tu vas te demander ‘Qui suis-je’?»

Tatiana Silva se met à l’écriture. Dans «Tout commence par soi», la miss météo partage des moments douloureux de son existence pour aider les autres à surmonter les leurs. L’ancienne Miss Belgique nous a expliqué le cheminement de sa quête. On a aussi parlé chirurgie esthétique et changement climatique.

par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 6 min.

Comment vous est venue l’idée de ce livre?

«J’avais envie d’écrire des choses qui ont un sens pour moi. Il fallait du temps et du recul pour ça car ce sont des sujets très sensibles. Il faut avoir quelque chose à dire et à apporter. Ce sont les livres qui m’ont permis de me construire et de trouver des clés pour faire ce travail intérieur. Si mon expérience peut apporter une clé de compréhension dans la vie de quelqu’un, tant mieux.»

Les livres sur le développement personnel sont très à la mode pour l’instant. Qu’apporte le vôtre de différent?

«Il y a des livres qui sont bien plus intéressants que le mien, comme ‘Le Pouvoir du moment présent’ d'Eckhart Tolle ou ‘Les cinq blessures’ de Lise Boubeau. Ce sont des intemporels. Tout ce que je peux dire de mon livre, c’est que je donne une part de moi. Avec une certaine pudeur, je parle de beaucoup de choses. Je pense qu’on apprend énormément quand l’autre est authentique et honnête. Ça permet aux gens qui sont dans une période sombre de voir un phare qui éclaire.»

Vous dites dans votre livre que vous avez appris à vous aimer. Qu’est-ce que vous n’aimiez pas chez vous?

«L’imperfection, qui est propre à chaque être humain. J’admire la perfection de la nature. Quand vous regardez une fleur, elle est souvent parfaite. Je trouvais que mes dents n’étaient pas assez alignées, alors j’ai mis un appareil dentaire. Quand j’étais dans ‘Danse avec les Stars’, je trouvais que je ne faisais pas assez bien les chorégraphies, que je n’allais pas assez vite, assez haut. Je n’aime pas mes genoux non plus. Aujourd’hui, avec la chirurgie esthétique, on peut changer les choses qu’on n’aime pas chez nous, mais en réalité, on a l’illusion qu’on a modifié quelque chose.»

Ça ne vous tente pas la chirurgie esthétique?

«Je ne sais pas, peut-être. Je suis quelqu’un qui travaille dans un métier de l’image. Quand les rides vont arriver, est-ce que je n’aurai pas envie de passer par là? J’espère que non, mais il ne faut jamais dire jamais parce qu’on est en constante évolution. Ce que l’on aimait hier, on ne l’aime plus aujourd’hui.»

Vous expliquez aussi dans votre livre avoir subi un avortement. Quel message donneriez-vous aux femmes qui doivent subir la même chose?

«C’est un sujet très intime. C’est une chose qu’on vit très seule. Je ne l’ai pas fait à l’époque parce que je n’en avais pas conscience mais j’inviterais les femmes à vraiment conscientiser cet acte. Au Japon, il existe un très beau rituel, comme celui des lanternes, pour les gens qui ont perdu un enfant ou qui ont avorté. On laisse partir l’âme pour qu’elle traverse le fleuve. Si l’on doit se faire avorter, il faut le faire avec respect parce qu’il y a des femmes qui n’ont pas le droit de le faire.»

Quel moment vous a le plus marqué jusqu’à présent dans votre quête?

«C’est un sujet un peu délicat mais je dirais l’ayahuasca, un psychotrope assez fort interdit chez nous. Je ne veux pas en faire la promotion parce que je pense que ce n’est pas fait pour tout le monde mais c’est quelque chose qui m’a beaucoup marquée. Mon pèlerinage en Inde, le fait de me baigner dans le Gange, entourée de millions de gens, ça m’a aussi beaucoup marquée.»

J’ai appris dans votre livre que vous preniez des douches froides le matin…

«Oui, tous les matins. Un Hollandais qui s’appelle Wim Hof a prouvé combien le froid avait un impact sur le système immunitaire. Je fais ça depuis des années. Ce sont des douches très rapides. C’est bon pour la santé et c’est écologique. J’ai un problème avec l’eau. C’est le Cap-Vert (Tatiana Silva est originaire de cet archipel, Ndlr.) qui m’a conscientisée à ça car il y a un manque d’eau là-bas. J’ai même du mal à remplir une casserole.»

Votre métier vous sensibilise-t-il davantage au changement climatique?

«Oui, ça fait dix ans que je fais la météo et, même si on n’en parle pas dans le bulletin, on s’y intéresse. Mais ce sont les voyages qui m’ont beaucoup sensibilisée. Quand j’étais à Madagascar, lors de mon voyage humanitaire, j’ai vu les conséquences réelles du changement climatique. Ils sont de plus en plus frappés par les ouragans. On ne peut pas rester de marbre devant ça. J’ai beaucoup pris l’avion et c’est une chose que je ne veux plus faire, dans la mesure du possible.»

Quels sont vos gestes quotidiens pour la planète?

«Je fais ma lessive moi-même. J’utilise une gourde, j’ai un véhicule électrique et un vélo électrique. Je n’achète quasiment que des vêtements en seconde main. La seule chose que je n’arrive pas encore à faire, c’est réduire mes déchets. Je n’achète pas assez en vrac.»

Si vous n’aviez qu’un seul conseil bien-être à donner, lequel serait-il?

«De consacrer un moment pour soi, peu importe ce que l’on fait. De ne pas se laisser aller par le rouleau compresseur de la vie. Les gens sont beaucoup tournés vers l’autre: Il y a le travail, les enfants, etc. Personne ne se concentre sur soi. Si une chose s’effondre dans ta vie, tu vas te demander ‘Qui suis-je’? Le travail commence à un moment donné, pour chacun d’entre nous.»

En quelques lignes

La miss météo et ancienne Miss Belgique Tatiana Silva se lance dans l’écriture et se livre sans fard dans «Tout commence par soi», un livre sincère dans lequel elle raconte son histoire, sa quête. Son but? Aider les autres à surmonter leurs moments difficiles en partageant son expérience. Le décès de sa mère, puis de son père, plusieurs ruptures amoureuses, un avortement: autant d’épreuves que la jeune femme de 36 ans a surmontées grâce à la découverte d’elle-même. Le livre comprend de nombreux conseils pour se sentir bien et pour partir à la découverte de soi. C’est un livre sans prétention, un partage d’expérience qui fait du bien, mais qui se rajoute à la foule d’autres œuvres sur le sujet.

«Tout commence par soi», éditions Albin Michel, 192 pages, 19,90 €