Racisme et sexisme: OSS 117 est au sommet de lui-même en Afrique

Nicolas Bedos n'y va pas de main morte: le réalisateur reprend la franchise parodique à succès "OSS 117" avec un nouvel opus, "Alerte rouge en Afrique noire", qui s'attaque par la caricature au racisme comme au politiquement correct.

par
AFP
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Dans ce nouveau volet des aventures de l'agent secret français, en salles mercredi, le génie comique de Jean Dujardin, qui l'incarne, est intact. L'acteur oscarisé enfile pour la troisième fois le costume rétro de l'espion le moins doué du renseignement tricolore.

Au programme: cascades bouffonnes, parodies de scènes de James Bond et saillies racistes brut de décoffrage à prendre au troisième degré. "J'aime être un agent secret, tourner en extérieur, faire mes petites cascades de cinéma. OSS, c'est ça: le fond et la forme", a confié à l'AFP Jean Dujardin, avant la présentation du film en clôture du 74e Festival de Cannes.

Dans "Alerte rouge en Afrique noire", 117 se voit confier une nouvelle mission, aider un dirigeant africain (le pays n'est pas précisé, peu importe aux yeux d'OSS et de ses supérieurs...) à mater une rébellion avant des élections présidentielles, bien entendu jouées d'avance. Mais Hubert Bonisseur de la Bath, tiré à quatre épingles et qui en est toujours à saluer le petit personnel féminin d'une tape sur la fesse, prend un gros coup de vieux: on lui adjoint les services d'un jeune ambitieux, OSS 1001 (Pierre Niney).

Fatou N'Diaye est Zéphyrine la "méchante", femme du président et cheffe des rebelles, dans le lit de laquelle finira, évidemment, OSS 117.

Sans filtre

Douze ans après la sortie de "Rio ne répond plus", l'humour "OSS 117" sonnera-t-il de la même façon, dans une société où les questions de racisme, d'héritage colonial et de remise en cause du patriarcat sont devenues centrales? Les deux précédents volets, signés Michel Hazanavicius, jouaient eux aussi avec l'exotisme et les clichés. "Alerte rouge en Afrique noire" attaque frontalement ces sujets qui fâchent.

C'est Nicolas Bedos, 42 ans, qui a pris les commandes pour cette adaptation au rythme enlevé. Humoriste, acteur et écrivain, avec "OSS 117" il signe son troisième film après "La Belle époque" et "Monsieur & Madame Adelman".

Engagé à gauche, le fils de Guy Bedos n'a pas peur des positions clivantes et a travaillé avec le même scénariste que pour les précédents opus. Le film se déroule dans la France de 1981, à la fin du mandat de Valéry Giscard d'Estaing, et manie un humour sans filtre avec Jean Dujardin en mâle blanc vieillissant, balourd et dépassé, qui s'embourbe dans le politiquement correct.

"Ce n'est pas le politiquement incorrect, qui sous-entend l'envie de bousculer, de choquer, de faire mal, auquel je tiens. C'est à la liberté de l'humour", a expliqué à l'AFP Nicolas Bedos: "On fait des films (...) pour les spectateurs, pas pour Twitter!".

Tintin au Congo

#MeToo, "cancel culture", cet opus multiplie les clins d'oeil aux débats du moment, avec un héros qui révise ses fondamentaux dans l'avion, en relisant "Tintin au Congo". Prévenu par son supérieur avant de débarquer sur le continent du fait que "nos amis voient du racisme partout", l'espion en fait des tonnes dès son arrivée à l'hôtel, refusant ainsi qu'un groom noir lui porte ses valises en lançant: "Mais qu'est-ce que c'est que ces préjugés?".

Le virilisme aussi en prend pour son grade, toujours en mode caricature appuyée, avec un OSS 117 macho et homophobe, réduit à l'impuissance sexuelle et dépassé par 1001, le personnage de Pierre Niney, métrosexuel en diable. Evidemment, ce grand voyage sera l'occasion de leçons de vie pour le personnage de Dujardin, convaincu au départ que "les Africains sont joyeux, sympathiques, et dansent bien".

"OSS 117" trouvera-t-il son public? Les précédents volets du cousin français d'"Austin Powers", adapté d'une série littéraire signée Jean Bruce inaugurée dès 1949, ont placé la barre haute: les deux premiers épisodes ont réuni chacun à leur sortie plus de deux millions de spectateurs.