Jill bouleversée par son voyage humanitaire au Sénégal: «J’ai perdu 4 kilos en 19 jours, juste à cause du stress et de la tristesse»

En avril dernier, l’animatrice de RTL-TVI Jill Vandermeulen, alias Silent Jill sur YouTube et Instagram, est partie trois semaines au Sénégal pour un voyage humanitaire au profit de l’asbl Action Sénégal. Mercredi soir, l’émission «Discover» sur Plug RTL revient sur ce voyage qui a changé la vie de Jill.

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par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 6 min.

Tu es la marraine d’Action Sénégal. En quoi consiste le travail de cette association?

«Elle s’occupe principalement des enfants faux talibés qu’on retrouve dans les grandes villes sénégalaises. Ce sont des élèves de fausses écoles coraniques. Dans les villages, les parents donnent leurs enfants, même tout petits, à des maîtres coraniques qui les prennent et les emmènent dans des grandes villes pour les instruire et leur apprendre le coran. Mais cela a été utilisé à mauvais escient par des trafiquants qui se font passer pour des maîtres coraniques et à qui des parents donnent leurs enfants en pensant les revoir d’ici quelques années avec un bagage bien plus important qu’ils auraient pu avoir dans leur village. C’est malheureusement totalement faux et il y a aujourd’hui 800.000 enfants rien qu’au Sénégal qui ont été pris à leur famille et font partie de ce trafic.»

Quelle est la situation sur place?

«Action Sénégal a ouvert un centre à Saint-Louis qui accueille environ 3.000 enfants chaque mois. Sur place, l’asbl a une équipe locale qui gère le centre. Il y a notamment un psychologue, une infirmière, deux éducateurs et le directeur de l’établissement. C’est un véritable havre de paix pour les enfants. Ils ont des activités, à manger, et ils peuvent aller se doucher. Ils sont également soignés car ils souffrent de graves blessures à cause des violences qu’ils subissent au quotidien ou parce qu’ils sont rongés par la gale. Tous les vendredis, il y a également un goûter qui est organisé dans le centre et plus de 500 enfants viennent pour avoir une baguette avec du chocolat et un petit verre de lait. Le centre a aussi un stock de vêtements pour permettre aux enfants qui ont la gale de se changer. Marie-Pierre, la directrice d’Action Sénégal, fait également de la sensibilisation. Elle va de village en en village dans la brousse du Sahel pour sensibiliser les populations à cette problématique des enfants faux talibés. Elle aide au développement du village pour que les parents ne voient plus l’utilité de donner leurs enfants à des inconnus et qu’il n’y ait plus d’exode rural.»

Quel était le but de ton voyage?

«C’était de mettre en lumière le travail d’Action Sénégal, une toute petite association belge qui agit dans l’ombre depuis plus de 25 ans. Grâce à ma visibilité sur les réseaux sociaux, je voulais créer un documentaire pour sensibiliser le public et essayer de récolter des dons. Notre premier défi était de récolter suffisamment de dons pour acheter un bus didactique qui va traverser tous les villages du Sahel pour expliquer la problématique des enfants faux talibés et par la même occasion comment se soigner naturellement du paludisme. En récoltant un peu plus de 50.000 €, on a battu notre objectif haut la main et on a déjà pu mettre en place plein d’autres choses. J’ai accepté de soutenir Action Sénégal car c’est une des rares associations où il n’y a aucun frais de fonctionnement et où tous les dons sont reversés sur le terrain. Tout le monde est bénévole à 100%. J’ai moi-même entièrement payé mon voyage et tous les frais sur place.»

Est-ce que c’était important pour toi que Bella, ta fille de 11 ans, t’accompagne dans ce voyage?

«Oui, c’était vraiment primordial. J’ai un peu l’impression que tout ce qui importe les jeunes aujourd’hui, c’est la notoriété, les réseaux sociaux et le paraître. Tout est très égocentrique. J’en suis bien sûr consciente car j’évolue dans ce milieu. Mais c’est important pour moi d’inculquer des vraies valeurs à mes enfants pour ne pas qu’ils soient pourris par tout ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux. C’est un outil extraordinaire mais cela peut aussi devenir l’horreur. Les gens y sont extrêmement méchants, le harcèlement en ligne n’a jamais été aussi fort. Pour mes enfants et les générations futures, cela me fait vraiment très peur. Je veux que mes enfants deviennent des adultes ouverts, respectueux des autres, des différences, des couleurs de peau, des religions ou d’une orientation sexuelle, et pas des adultes aigris cloîtrés dans leur petit fauteuil à se lamenter et à cracher sur les autres.»

Dans le reportage, tu dis que ce voyage a fait de toi «un meilleur humain». En quoi, est-ce le cas?

«Quand j’ai dit que j’allais partir en voyage humanitaire, on m’a prévenu que j’allais me faire incendier. Et c’est vrai, j’ai eu des commentaires odieux durant mon voyage. On m’a dit que je profitais de cela pour booster mon ego, pour augmenter ma notoriété et que j’étais une ‘Barbie de l’humanitaire’. J’ai voulu montrer aux gens que je n’étais pas là pour faire des jolies photos Instagram. J’étais là pour bosser et me donner corps et âme dans ce projet. Je me suis fait dézinguer par certains mais au final, j’ai récolté plus de 50.000 €. C’est tellement facile de critiquer quand on est chez soi dans son fauteuil, sans bouger le petit doigt. Grâce aux dons, nous avons aidé cinq villages en faisant venir une grue pour retirer des alluvions d’un fleuve et ainsi les sauver de la sécheresse. 53 hectares de terres agricoles ont retrouvé de l’eau. Dans le documentaire, Bella parlait aussi de l’état des bancs dans l’école dans laquelle elle a suivi des cours. La semaine passée, on a remplacé tous les bancs de l’école, soit une soixantaine. Les gens peuvent ainsi voir à quoi servent leurs dons et l’évolution de tout ce qui est mis en place.»

Qu’est-ce qui t’as le plus marqué sur place?

«La visite de nuit dans une fausse école coranique. Nous nous sommes fait passer pour des faux infirmiers venus apporter des sacs de riz. Ma fille ne nous a d’ailleurs pas accompagnés. Le soir quand je suis partie, je lui ai dit où étaient les passeports et les téléphones au cas où il m’arrivait quelque chose. Ce n’était pas sans risque et c’était très impressionnant. J’ai aussi été extrêmement marquée par le fait de soigner les enfants dans le centre d’Action Sénégal. C’était le plus difficile émotionnellement parlant. On s’écroulait le soir tellement nous étions touchés. D’ailleurs, j’ai perdu 4 kilos en 19 jours, juste à cause du stress et de la tristesse.»

Comment peut-on soutenir Action Sénégal?

«Tout le monde peut soutenir l’association en faisant un don financier (numéro de compte BE23 1262 0782 4691, mettre don en communication pour recevoir une attestation fiscale). L’association est également toujours à la recherche de vêtements légers pour des enfants de 3 à 14 ans. On a besoin de pantalons, de shorts, de t-shirts mais aussi des slips et des chaussettes. Il ne faut évidemment pas de vêtements d’hiver mais des sweat-shirts peuvent être utiles car il fait relativement froid la nuit à certaines périodes de l’année.»

En quoi le reportage diffusé sur Plug RTL sera différent des deux vidéos disponibles sur YouTube?

«Il me permettra d’abord de toucher un autre public et des gens qui ne sont pas sur YouTube, ce qui est génial. Le contenu a également été adapté pour la télévision. Les séquences sont notamment entrecoupées d’interviews de Bella et moi, faites spécialement pour l’émission, sur la manière dont nous avons vécu les choses.»

Découvrez le voyage de Jill au Sénégal dans l’émission «Discover» ce mercredi à 21h20 sur Plug RTL

Retrouvez également Jill et Action Sénégal sur les comptes Instagram: @SilentJill et @ActionSenegalBe