Avec «Le Pseudo» Hakim Benbouchta livreun «Sex and the City» 2.0 et bruxellois

Consultant en communication marketing, Hakim Benbouchta s’est reconverti en écrivain le temps d’un confinement. C’est ce qu’il a fallu à ce Bruxellois pour rédiger «Le Pseudo», son premier roman. Une comédie 100% moderne et bruxelloise.

par
Oriane Renette
Temps de lecture 5 min.

Comment vous est venue l’idée de ce roman?

«C’est ma fille de 12 ans qui m’a soufflé l’idée du ‘Pseudo’. J’ai toujours aimé écrire, sans pour autant avoir l’ambition d’écrire un livre. Pendant le premier confinement, on discutait avec ma fille de scénarios de films quand elle m’a sorti cette idée-là: deux ados qui s’inscrivent sur un site de rencontres en se faisant passer pour leurs parents. Je n’avais pas beaucoup de boulot pendant le confinement, donc je me suis mis devant mon ordinateur… et je me suis réveillé deux mois plus tard avec un bouquin! Je crois que j’ai eu beaucoup de chance parce que ça m’est venu très facilement.»

Vous vous êtes laissé guider par les personnages?

«Je pense que c’est ça, oui. Je n’ai jamais fait de plan pour ce livre. Tout m’est venu naturellement, au fur et à mesure. J’avais une idée des personnages, et une idée d’où je voulais les emmener. Les ados sont le point de départ de l’histoire, mais il se passe beaucoup de choses à côté. Il y a mon héroïne et sa bande de copines, un peu ‘Sex and the City’, à qui il arrive des tas d’histoires. Tout comme il arrive des histoires à mon héros et son meilleur ami.»

Votre fille vous a parfois aidé à écrire?

«Surtout, c’est elle qui a été l’étincelle. Sans son coup de pouce de départ, je ne me serais jamais lancé dans cette aventure. Mais c’est vrai qu’elle a contribué. Souvent, elle venait relire par-dessus mon épaule. Et je lui demandais qu’elle me coache pour les dialogues entre adolescents. Ces ados, on en a trois à la maison: une de douze, un de treize et un de neuf. Donc je les vois vivre et je les entends aussi. Mon beau-fils m’a déjà appelé ‘gros’ ou ‘frère’! (rires)»

Pourquoi avait placé l’intrigue à Bruxelles?

«Par facilité, pour décrire des lieux qui existent et que je connais. Après, c’est un petit plus pour les lecteurs bruxellois ou brabançons wallons: ils vont reconnaître ces endroits. Avec des petits clins d’œil personnels dans le livre, comme le premier resto que j’ai fait avec ma femme.»

Est-ce qu’il y a de vous dans les personnages?

«Je ne suis pas Harold. Pour la petite histoire, Harold était mon meilleur ami, décédé il y a 15 ans. J’ai utilisé son prénom, mais ce n’est pas lui non plus. De moi, j’ai mis beaucoup de choses mais qui ne sont pas cataloguées dans un seul personnage. Ce sont plutôt des réflexions, certains points de vue sur les choses. C’est ce que j’avais envie de dire.»

C’est un roman très moderne: les outils digitaux sont au cœur de l’intrigue. Pourtant, on voit que Chloé n’en est vraiment pas convaincue…

«Avant de rencontrer ma femme, j’ai beaucoup fréquenté ces applications de rencontre. Par contre, je vois que beaucoup de gens ont encore une réticence par rapport à ces outils. Je trouve ça dommage. Aujourd’hui, tout le monde est dessus! C’est idiot de se dire ‘je vais aller dans un bar pour rencontrer un gars’, alors que tu peux en rencontrer dix sur les réseaux sociaux et t’en faire une idée facilement. Et ce n’est pas parce qu’on le rencontre sur une appli que le type est un psychopathe ou un abruti fini! Je voulais réhabiliter cet outil. C’est un bel outil de rencontre. Et ce n’est qu’un outil: il n’est pas qualitatif d’un certain genre de personne. Les gens sur ces sites sont les mêmes que ceux que tu rencontres dans un bar ou dans un restaurant.»

C’est aussi le choc générationnel mis en scène dans le livre: les ados, eux, sont hyper à l’aise avec ça.

«Bien sûr! Les ados sont tout le temps dedans. Et je trouve ça génial: ma fille a changé trois fois d’école en quatre ans mais garde contact avec ses copines parce qu’elles sont toutes sur Insta. Mon beau-fils a des potes qu’il n’a jamais rencontrés mais ils se connaissent via Insta. J’ai toujours considéré les réseaux sociaux comme un outil d’ouverture et je trouve cela génial.»

Ce premier roman vous a donné d’autres envies d’écriture?

«Oui, et heureusement que je n’ai pas commencé à écrire des romans tout de suite parce que j’aurais voulu ne faire que ça toute ma vie… mais que je n’aurais pas pu en vivre! (rires) J’adore écrire, j’ai beaucoup de plaisir à le faire. Là, je suis en train d’écrire un deuxième. Ce sera l’histoire d’un jeune adulte et son père, sur la relation qu’ils ont eue, ou qu’ils n’ont pas eue. C’est un petit peu mon histoire aussi puisque j’ai perdu mon père quand j’avais 16 ans. Ça sera un peu plus profond sur les échanges, mais toujours du feel-good dans le style et la forme, parce que c’est cela qui me plaît»

En quelques lignes:

Déterminée à lui trouver quelqu’un, Line, 12 ans, inscrit son père Harold sur un site de rencontres à son insu. À quelques kilomètres de là, Jules, 13 ans, fait pareil avec sa mère, Chloé. Derrière leurs écrans, les deux adolescents se font passer pour leurs parents et «matchent» ensemble. C’était sans se douter qu’Harold et Chloé se connaissaient déjà dans la vraie vie…

Avec des personnages sympas, un pitch original et moderne, Hakim Benbouchta nous offre un roman à la fois léger, drôle et plein de peps. Et surtout, une comédie qui se joue dans les rues de notre belle capitale: et ça, on adore! «Le Pseudo», un feel-good book à prescrire pour lutter pour contrer la grisaille de novembre! 3/5

Le Pseudo, d’Hakim Benbouchta, édition Marque Belge, 208 pages, 22€