La reine modeste de la soul

Après quatre longues années, Selah Sue, la reine de la soul belge, sort un nouvel album succédant à un premier opus couronné de succès. Avec des hauts et des bas, comme dans la vie. Elle y flirte avec nonchalance avec les démons cachés dans ses pensées et y marie avec une facilité désinvolte soul, électro et funk pour nous offrir un disque aux mélodies entraînantes qui ne se laisse absolument pas coller une étiquette sur le dos. «Je me lasse rapidement», nous a-t-elle dit. Nous avons voulu en connaître le fin mot. 
par
Kevin
Temps de lecture 5 min.

Ces dernières années, Selah Sue a eu le vent en poupe. De son premier disque, quelque peu imprévu, un million d'exemplaires ont été écoulés et, pendant deux ans, elle a été sur quasi toutes les scènes nationales et internationales imaginables. Des légendes de la musique comme Prince l'ont non seulement couverte d'éloges, mais l'ont aussi spontanément invitée à venir jouer en première partie de leurs concerts. Si ce n'est pas une reconnaissance, ça! Pourtant, tout n'a pas toujours été rose dans la vie de la jeune musicienne de 25 ans. «Success hasn't healed my wounds», fait-elle savoir à la face du monde sur son tout nouvel opus «Reason».

Le succès de ces dernières années vous a-t-il aidée à être un peu plus équilibrée dans votre vie?

«Le succès en soi ne me rend absolument pas heureuse. Même ce million de disques vendus ne peut pas faire de moi la femme la plus heureuse du monde. Mais le succès a fait prendre une autre tournure aux contraintes de ma vie. Je peux maintenant chanter tous les jours, partir en tournée, élaborer un budget et acheter une maison. Cela me rend plus heureuse et plus stable.»

Cela ne vous fait absolument rien alors ce million de disques?

«La quantité de disques que je vends, je m'en fiche comme de l'an quarante! Pour moi, il est important que les gens trouvent un soutien dans ma musique. Mais que ce soit une seule personne ou plusieurs milliers, cela ne fait pas de différence à mes yeux!»

Ce deuxième disque vous a-t-il angoissée après des débuts aussi réussis?

«Oui, j'avais peur. Ce premier disque s'est fait de façon très naturelle. Je n'ai jamais écrit de chansons avec l'idée qu'elles feraient partie d'un disque. Mais cette fois j'étais vraiment obligée de me poser et de créer dans un laps de temps déterminé. Je ne savais vraiment pas si j'allais y arriver. Mais, apparemment, je peux écrire sur commande. Un vrai soulagement!»

Vous laissez davantage voir votre âme dans les paroles. N'est-ce pas pesant?

«Non. Je suis très ouverte dans la vie. Cela a toujours été le cas. Quand je suis allée voir un psychologue à 14 ans, j'ai tout raconté à mes copains de classe. Je ne me suis jamais sentie gênée. Tout simplement, chanter une chanson joyeuse ce n'est pas mon truc. Je veux aider les gens avec ma musique. Je n'ai jamais non plus eu l'intention de devenir musicienne. Au départ, je voulais devenir psychologue et aider les gens à avancer dans la vie. J'aime écrire des chansons graves et mélancoliques. Une chanson joyeuse, endiablée, c'est beaucoup plus difficile pour moi. Mais sur ce disque, je voulais maintenir l'église un peu au milieu du village. L'équilibre est important dans la vie et dans la musique.»

Sur scène, tous les regards sont braqués sur vous. Ressentez-vous de la pression à devoir toujours avoir l'air d'être en forme?

«Absolument, je suis sensible aux idéaux de beauté. Comme tout le monde, j'ai aussi des jours où je me regarde dans le miroir et je me dis: ‘Mon Dieu, quelle tête!'. Probablement que c'est aussi dû aux hormones. Je ne me trouve certainement pas belle tous les jours. Mais j'essaie du moins chaque jour d'être la meilleure version de moi, tant sur scène qu'en dehors.»

Que faites-vous pour rester en forme?

«Cela fait bien 10 à 15 ans que je vais courir. C'est vraiment nécessaire pour moi, pour mon équilibre émotionnel. J'ai eu des périodes où j'allais courir deux heures d'affilée. C'est tout à fait typique de moi. Je commence par une demi-heure, puis je pousse jusqu'à deux heures. Puis vient un moment où j'en ai marre de courir et je ne fais alors plus de jogging pendant quelques semaines. Je suis une femme des extrêmes!»

Manger sainement, est-ce indispensable pour vous pour vous sentir bien?

«Tout à fait. Quand je mange sainement, je me sens mieux dans ma peau. Le McDo ne me procure aucune énergie, il me rend fatiguée et molle. J'ai vraiment été élevée à manger sainement. Les livres de recettes de Pascale Naessens sont formidables. Et je participe aussi avec zèle au courant des jours sans viande. J'essaie ainsi de limiter mon empreinte écologique.»

Vous allez prochainement repartir en tournée. C'est une chose que vous attendez avec impatience?

«J'en ai envie, mais être musicienne est et reste un job pour moi. C'est un job super sympa, mais je n'ai pas l'impression de partir en vacances. Je ne rêve pas non plus de devenir une célébrité mondiale. Si ma firme de disques organise une promo aux États-Unis, je la fais, bien sûr. Mais, moi, je ne prendrais jamais ce genre de risque. J'aime trop rester dans ma zone de confort!»

Qui est Selah Sue?

Sanne Putseys alias Selah Sue est originaire de Leefdaal dans le Brabant flamand. A l'âge de 17 ans, elle a été découverte dans un Open Mic au Depot à Louvain. Milow a été impressionné par son talent et l'a tout de suite invitée à jouer en première partie. Plus tard elle a également tenu la première partie de Jamie Lidell à Londres pour finalement faire aussi celle de Prince à Anvers. Entretemps elle a obtenu plusieurs MIA Awards à son nom. En 2014, elle a révélé durant l'émission

«  Reyers Laat »  qu'elle luttait contre la dépression depuis plusieurs années.

 

par Mare Hotterbeekx