Gérald Watelet fait ses valises

par
joris
Temps de lecture 5 min.

 

Chez lui, c'est encore plus beau qu'à la télé. Parce que, sans l'écran de la caméra, la maison livre son âme, les fenêtres laissent passer une jolie brise et les glapissements des chiens qui jouent dans le jardin, parce que votre hôte sourit « Vous avez peur du renard ? » quand vous n'osez pas abîmer la fourrure qui rend le divan si invitant. Intercepté à deux minutes des vacances, entre ses valises et le volant, Gérald Watelet a l'interview généreuse. Comme tout ce qu'il fait.

 

Très actif, vous portez de nombreuses casquettes. Pourriez-vous les recenser ?

« En plus d'animer Un gars, un chef et C'est du belge, j'ai créé une ligne de tapis avec la maison Diden, je fais de la décoration, dessine des jardins et prépare une ligne de linge de maison. Il y a eu le magasin de la rue Ernest Allard mais c'était trop compliqué à gérer. Mes activités ont toutes trait à l'art de vivre, je ne m'éloigne pas de mes études de base à l'école hôtelière : maison, table, vaisselle et même, un temps, couture. Sur ce dernier plan, la page est définitivement tournée, du moins en ce qui a trait à la gestion d'une marque. »

 

Ce soir, c'est la casquette de vacancier que vous coiffez. Quelle est la définition Watelet du mot « vacances ».

« Ne rien faire. C'est la première fois depuis des années que je m'octroie quelques jours. C'est une vraie décision, qui découle de la quantité de travail que j'ai assumée cet hiver et au printemps. Je me lève très tôt et me couche tard, je travaille les samedis et dimanches, parfois 3 semaines sans pause. Il y a des moments où il faut stopper. Alors je vais laisser mon téléphone à l'hôtel, ne lirai pas mes mails et je flânerai, chinerai, visiterai. »

 

Si on jouait à « Je pars en voyage, et dans ma valise, j'emporte… » ?

« Mon eau de toilette, Pour un homme de Caron. Pour le reste, je porte toujours les mêmes choses : jeans, pantalon beige, vêtements bleu marine, bleu ciel, blanc, chaussures marron, du lin, du coton. Et des polos en éponge, un truc qui me reste de l'enfance. J'emporte mes chiens, aussi, c'est la raison pour laquelle je prends la voiture et non l'avion. »

 

Votre destination ?

« Le Midi, la Provence et ses brocantes. »

 

Vous avez pourtant déclaré, dans les pages du Soir, n'aimer ni les musées ni les vieilles pierres. Des propos étonnants…

« J'entendais par là que je n'aimais pas l'art de vivre et l'art tout court dans leur état sclérosé, figé, mort. Si j'achète de l'argenterie, je l'utilise. Si je m'offre le plus beau canapé du monde, on s'y assied. Et si on casse, on casse. J'adore les lieux de culture et le patrimoine, mais on doit pouvoir s'en imprégner, les apprécier. Je fréquente les musées aux heures de moindre affluence. Quand je mets le pied dans un château, je préfère que ce soit le châtelain qui assure la visite, pour qu'il nous restitue son empreinte familiale. La culture d'un pays s'acquiert surtout en y participant, en arpentant ses rues, en fréquentant ses restaurants. Et en observant les gens, sans forcément leur parler. J'adore également rester des heures dans un hall de gare ou d'aéroport à regarder évoluer les voyageurs. Je m'invente leurs histoires. »

“Je n'aime ni la mode ni les modes. J'aime le style.”

 

Des habitudes qui nourrissent la créativité. Mais où allez-vous chercher cette force de mener à bien tous vos projets ?

« De cet amour inconditionnel, presque aveuglement parental et familial, que j'ai eu la chance de recevoir. Petit, on m'a appris que tout était possible. Et puis je viens d'une famille joyeuse et généreuse où on roule volontiers les tapis pour danser et où, s'il y a à manger pour 5, il y en a pour 20. Mes grands-parents chantaient dans une opérette, mon père et mes tantes faisaient du théâtre amateur en wallon. Ma grand-mère, fantasque, adorait les fourrures, le théâtre, l'opéra, le cinéma. Elle m'emmenait partout. »

 

Vous avez donc été nourri aux spectacles et aux modes… Que pensez-vous des tendances printemps-été 2015 ?

« Je ne peux même pas vous dire à quoi ça ressemble, ça ne m'intéresse plus. Je n'aime ni la mode ni les modes. J'aime le style, les choses classiques, les choses bonnes qui restent. C'est pareil pour les restaurants et la gastronomie. Je n'aime pas l'idée qu'il faille fréquenter l'endroit ou posséder l'objet du moment. Déjà gamin, je n'ai jamais fait partie d'une clique, d'une bande, d'un tiroir. »

 

Le lifestyle, c'est une question de ressenti, de sensualité ?

« Absolument. On intellectualise beaucoup trop l'appréhension d'un objet, d'un plat, d'un vêtement. Ça plaît ou ça ne plaît pas, ça parle aux sens ou pas, inutile de disserter… »

 

Parlant de ressenti, l'ambiance d'Un Gars, un Chef est détendue voire familiale…

« Certes. On ne se met pas la pression, on n'est pas dans la compétition. Si je rate une tarte, tant pis, on gratte la croûte et on la goûte. Ce qui fait le succès de l'émission, c'est que ce n'est pas un concours. Beaucoup d'émissions culinaires font s'affronter des candidats. Cette optique de vouloir être le premier, pour moi, ne veut rien dire. Adrien et moi sommes, au contraire, en synergie. Il est aussi quelqu'un de très authentique. Et si le duo marche, c'est parce que l'on s'estime beaucoup et que l'on se respecte. On est vraiment Jules et Jim. »

 

Un premier bilan depuis que vous faites cavalier seul sur C'est du Belge ?

« Il faut le temps de prendre ses marques. Animer en solo permet une plus grande liberté d'expression, laquelle je vais travailler à affiner, cet été. Je ne pourrai jamais y adopter un ton aussi détendu que dans Un Gars, un Chef, ni taper sur les fesses de quelqu'un en m'écriant : ‘Napoléon a perdu, c'est énorme !' Mais je vais néanmoins essayer de scénariser les textes un peu moins, de viser une syntaxe naturelle pour proposer une émission la plus incarnée possible. Être en connivence avec le spectateur, pour qu'il se sente emmené. »

 

Ça c'était pour les défis. Avez-vous eu des surprises ?

« La surprise, magnifique, c'est que toute l'équipe s'est resserrée autour de moi. Que ce soit la direction – car c'était la décision de la direction – ou les nombreux collaborateurs. L'esprit collectif très fort, également présent sur le plateau d'Un Gars un Chef, c'est ce qui fait la réussite d'une émission. N'oublions pas que, si c'est moi qu'on voit à l'écran, je ne suis qu'un passeur de plats : je présente un travail commun… sur un plateau. »

 

Avez-vous envie de rebondir sur les dernières déclarations de Barbara Louys ?

« Non. »

 

 

 

 

par Corinne Detandt