Faut-il faire chambre à part pour être plus heureux dans son couple?

Lorsqu’on est en couple, faut-il quitter la chambre conjugale et dormir séparément pour être plus épanoui? On a déjà lu et entendu tout et son contraire sur le sujet. On va donc essayer de faire le point.

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Les scientifiques se sont bien sûr déjà intéressés au phénomène. Récemment, des chercheurs de l’université d’Arizona, à Tucson, aux Etats-Unis, ont mené une grande enquête auprès de 1.007adultes, et les résultats sont plutôt surprenants.

Sur base de leurs questionnaires, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les adultes qui partageaient leur lit avec un partenaire étaient moins fatigués, avaient plus de temps de sommeil et souffraient moins d’insomnie. Par ailleurs, ils étaient davantage satisfaits de leur vie et de leurs relations et ils avaient un niveau moins élevé de stress et d’anxiété. Bref, il n’y aurait que des avantages à dormir à deux.

Un sentiment de sécurité

«Même si vous dormez à côté de quelqu’un qui ronfle et qui se retourne souvent, cela a un effet bénéfique», a déclaré Michael Grandner, auteur principal de l’étude. Le chercheur a sa petite idée pour expliquer cela. Selon lui, la sécurité offerte par le fait de dormir à deux et la socialisation pourraient être à l’origine de ces résultats. Autre piste envisagée par le professeur Grandner: cela pourrait être en vestige du passé, lorsque les hommes préhistoriques dormaient en groupe autour du feu. «Nous ne campons plus tous autour du feu pour voir si un prédateur va s'aventurer dans notre camp. Mais peut-être que ce mécanisme est toujours là et qu'il y a une volonté de ne pas être seul lorsque nous sommes vulnérable et endormi», a-t-il émis comme hypothèse.

D’autres scientifiques partagent cette analyse. C’est le cas du Docteur Rafael Pelayo, professeur en médecine du sommeil à l’université de Stanford. «Dormir est un comportement acquis. C’est d’ailleurs pour cela que les couples ont tendance à choisir un côté du lit et à ne pas changer. Dormir est aussi une expérience intime car il faut passer des heures ensemble en baissant sa garde. Au fil du temps, si vous établissez cette confiance, vous dormirez mieux. Et beaucoup de patients me disent qu'ils ne dorment pas aussi bien quand leur partenaire est absent», explique le spécialiste.

Ces couples qui franchissent le pas

Le professeur Pelayo est le premier à le dire : pour qu’un couple fonctionne, il doit être compatible la journée, mais aussi la nuit, pendant le sommeil. Ainsi, certains couples ont tout intérêt à faire chambre à part. Selon un sondage réalisé par Ifop, 10% des couples en France ne dorment pas dans la même chambre et 6% des couples en ont envie mais ne le font pas. Au Royaume-Uni, ils seraient 15% à ne plus dormir ensemble, soit deux fois plus qu’il y a dix ans. Aux Etats-Unis, c’est presque un quart des couples qui pratiqueraient ce qu’on appelle là-bas le «sleep divorce». Si bien qu’on peut désormais parler de tendance et de plus en plus de trentenaires décident de faire chambre à part. Jessica, 30ans, a franchi le pas. «Quand mon conjoint a eu la Covid, j’ai dormi sur le canapé. On a adoré avoir de la place alors on a continué», explique-t-elle au JDD.

D’autres on fait ce choix à force de ne plus supporter de dormir à côté d’un partenaire qui ronfle. «Sauf en cas d’apnée du sommeil, il n’y a pas de traitement. Plutôt que de mettre des boules Quies, mieux vaut envisager de faire chambre à part», conseille Damien Léger, chef de service du Centre du sommeil et de la vigilance du CHU de l’Hôtel-Dieu à Paris. D’ailleurs, contrairement à ses confrères américains que nous avons évoqués plus haut, il estime que le fait de dormir à deux n’est pas naturel. «C’est culturel et il y a beaucoup de gens pour qui ce n’est pas évident», déclare-t-il dans les colonnes du JDD.

Il y a aussi les cas des couples qui ne vivent pas sur le même rythme et qui ont des heures de coucher et de lever différentes. «Il me réveillait en se couchant puis se mettait à ronfler. Je lui tapais dessus, je le réveillais, il n’était pas content. Ça alimentait de ma part une énorme agressivité, même s’il n’y pouvait rien», confie Charlotte, mariée à un couche-tard, et qui a mis 15ans avant de franchir le pas d’aller dormir en solo.

Des compromis à explorer

Alors évidemment, dormir séparément n’est pas non plus le remède à tous les maux. Cela peut notamment avoir une incidence sur la vie sexuelle. Avant de quitter le lit conjugal, cela peut donc valoir le coup d’explorer certaines pistes. Vous dormez sur un matelas double de 140cm? Pourquoi ne pas voir plus grand et partir sur un lit de 180cm, voire sur deux matelas séparés. Même chose pour la couette. Si elle est objet de tensions, pourquoi ne pas opter pour deux couettes séparées? On peut aussi envisager de ne plus partager le même lit, tout en restant dans la même chambre, avec des lits jumeaux.

Evidemment si vous êtes heureux dans votre couple et que vos nuits à deux sont parfaites, surtout, ne changez rien. Par contre, en fonction de vos envies, de la qualité de vos nuits, mais aussi de la place que vous avez chez vous, cela peut valoir la peine d’en discuter avec votre partenaire et d’explorer certaines pistes.

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