Comment rénover son logement pour le rendre «passif»?

Comment optimiser son logement pour le rendre moins gourmand en énergie? Une question qui revient de plus en plus souvent. Mais comment s’y prendre lorsque l’on souhaite entreprendre des travaux de rénovation pour un logement déjà existant? On fait le point avec Stéphen Mure, architecte spécialisé dans l’habitat passif.

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ETX Daily Up Studio
Temps de lecture 4 min.

On attribue généralement une dimension péjorative au terme «passif». Mais lorsque cela concerne la consommation énergétique d’un logement, le mot revêt un sens plus que positif. En effet, on dit d’une maison ou d’un appartement nécessitant très peu de consommation énergétique (voire pas du tout) qu’il est «passif».

Complémentaire du logement bas-carbone, le logement passif se base sur l’apport de la chaleur extérieure (soleil) et intérieure, qui suffisent à maintenir l’habitat à température ambiante, sans avoir besoin d’allumer le radiateur. Le processus inverse fonctionne également en été, où l’air frais est conservé à l’intérieur, ce qui permet de se passer de climatisation.

Un intérêt grandissant

Ce concept d’habitat, qui fonctionne principalement grâce à un système optimisé d’isolation et de ventilation, suscite un intérêt grandissant, compte tenu de la flambée des prix de l’énergie et du pouvoir d’achat impacté par l’inflation. Certains professionnels du secteur n’hésitent d’ailleurs pas à le présenter comme une «une solution d’avenir». Un exemple de taille verra bientôt le jour dans le quartier de La Confluence à Lyon, qui accueillera un immeuble dépourvu de chauffage, de ventilation et de climatisation: une première en France.

Si l’on peut construire un logement passif à l’achat, il est aussi possible d’entreprendre une démarche de rénovation pour un logement déjà existant. Mais concrètement, comment procéder? «Il existe quelques pré-requis avant d’entreprendre une rénovation pour faire du passif: il est par exemple préférable que la forme du bâtiment existant soit simple, c’est-à-dire avec un volume carré ou rectangulaire, car cela sera plus facile de couvrir la surface avec des matériaux permettant d’isoler, de manière parfaitement continue, le toit, les murs et le sol. Une orientation sud est également assez importante, car on mise sur le chauffage naturel par le soleil via les baies vitrées», explique Stéphen Mure, architecte basé à Saint-Etienne et spécialisé dans la construction et la rénovation de logements passifs.

Chasser les trous d’air

Si vous vivez déjà dans le logement, la première des choses à faire est de vérifier tous les points où l’air est susceptible de passer. Le poste principal étant bien sûr les fenêtres, que l’on peut changer pour du triple vitrage. Une solution moins coûteuse consiste aussi à installer des rideaux épais ou à changer les joints.

La deuxième étape importante consiste à isoler les murs. Même s’ils sont épais, ils risquent en effet de ne pas fournir une fonction isolante suffisante, surtout s’ils sont faits de pierre ou de béton. Il est possible d’isoler l’habitat depuis l’intérieur, par exemple en installant des panneaux isolants en laine de bois ou en ouate de cellulose sur les murs ou des contre-cloisons.

Optimiser sa ventilation

Une fois que votre logement est bien isolé, il est important d’installer un système de ventilation type VMC afin de filtrer les particules extérieures et de conserver votre logement à température ambiante. «Le logement passif va se concentrer sur deux aspects: minimiser les besoins en chauffage en hiver, et réduire les besoins de fraîcheur en été. Pour atteindre ces deux objectifs, on va mettre en place un système de ventilation en double flux dans toutes les pièces. La ventilation en double flux est presque un incontournable de l’habitat passif: elle consiste à filtrer l’air frais extérieur de l’hiver. Grâce à un second moteur, l’air extérieur neuf va croiser l’air pollué de l’intérieur via des petits tuyaux. Ce mécanisme préchauffe l’air avant de l’insuffler dans les pièces. En été, le processus s’inverse, ce qui rafraîchit le logement», développe Stéphen Mure.

Un autre point important pour rendre un logement entièrement passif consiste à ne pas avoir de pont thermique dans l’habitat, c’est-à-dire un défaut d’isolation à l’intérieur de la structure d’un bâtiment: «Dans un bâtiment classique, il est presque impossible d’isoler la jonction entre une dalle et le béton, il y a alors une perte de chaleur à ce niveau. Cela est plus facile à instaurer dans un logement en construction. Mais dans le cas de l’habitat existant, il faut réaliser une isolation soit de l’extérieur, ce qui nécessite l’accord de toute la copropriété, soit par l’intérieur du sol au plafond», précise l’architecte stéphanois.

Enfin, et on y pense peut-être moins, la chaleur résiduelle des appareils électroménagers (four, machine à laver, ordinateur…) participe, elle aussi, à maintenir le logement à bonne température. «Dans le passif, on effectue des calculs thermiques, dans lesquels on intègre en effet la chaleur résiduelle des appareils électroménagers, naturellement diffusée dans le logement. Dans le cadre d’un logement passif, le nombre de calories économisées est significatif, alors que l’apport dans une passoire thermique est plutôt négligeable», précise Stéphen Mure.