Cabaret enflammée pour Cité ardente

par
Laura
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Demain, la Place Saint-Lambert se transforme le temps d'une soirée en scène d'un spectacle unique. Orchestré par Fabrice Murgia, « Karbon Kabaret » entend sublimer imaginaire et réalités liégeoises, après avoir mobilisé les forces vives de la création artistique locale.

Dans cet atelier des hauteurs de Liège, rien ne laisse présager qu'ici se prépare du moins en partie le grand spectacle que sera « Karbon Kabaret ». Dans la petite cour, on s'affaire à ce qui constituera la tête d'un Tchantès géant. Nous sommes bien en terres principautaires, où tout un folklore, toute une imagerie, toute une histoire participent à une célébration artistique pharaonique née de l'imagination du metteur en scène, Fabrice Murgia.

Laurent Steppé, le père de la marionnette de 7 m représentant le personnage emblématique d'Outremeuse, est fier de présenter son savoir-faire même si, à quelques semaines du jour J, il s'interroge encore sur la manipulation du géant. Il faudra deux personnes pour faire vivre cette structure métallique, sorte de Meccano usiné à Liège, surmontée d'une tête en résine sur laquelle sera projeté un visage animé. « Il faut respirer avec la marionnette », nous explique l'artiste. « Le défi est de ne pas absolument vouloir manipuler la marionnette mais aussi de se laisser manipuler. » Quand Fabrice Murgia a demandé au membre du collectif Détruitu de s'emparer d'un personnage aussi emblématique, il n'a pas hésité longtemps : « Travailler sur un personnage emblématique ne m'a jamais dérangé. Nous avons beaucoup travaillé sur le faciès pour en faire un Tchantchès d'aujourd'hui, à l'humeur joyeuse mais aussi déglinguée. Ce qui me plaît c'est le travail sur l'image tout en laissant l'imaginaire libre. Les gens appliqueront leur propre imagerie qu'ils ont de Tchantchès. L'important, c'est m'énergie que le manipulateur souhaite donner à la marionnette. »

Opéra urbain

« Sublimer son folklore, le confronter à sa force créatrice, à son actualité, à son devenir, à ses possibles. » C'est le challenge que s'est imposé Fabrice Murgia, que l'on connaît pour ses mises en scène au Théâtre National notamment. L'enfant du pays a reçu cette opportunité de créer un grand opéra urbain réunissant sur la Place Saint-Lambert, outre Tchantchès, sidérurgie, arts visuels, acrobaties et danse dans un décor presque steampunk à en croire les premières projections. De quoi « saisir la ville », nous promet la note artistique. Pour tracer ce voyage dans l'imaginaire liégeois, le meneur de jeu n'a pas manqué de s'entourer d'autres « compatriotes », témoins de l'effervescence artistique en bord de Meuse.

Le grand puzzle n'a pris forme que fin août quand tous les participants se sont réunis pour les filages et les répétitions au grand Manège –pour que la sauce prenne avec tous ses ingrédients-, après plusieurs mois d'intenses travaux, chacun dans son coin. Pour la partition musicale, MLCD, Roscoe, The Experimental Tropic Blues Band converseront avec l'étrange Peggy Lee Cooper. Photographes (Dominque Houcmant, par ex.) et artistes visuels (Jérémy Goffart, 2SHY,…) composeront un décor en évolution tout au long de l'unique représentation. Acrobates du collectif Circonrued, breakers des Prizon Break Rockerz et skaters du Local Bastard, entre autres, participeront au dynamisme d'un projet qui s'est voulu participatif et rassembleur, des arts et des générations. Soutenue par la Ville et la Province, l'événement liégeois est aussi associé à Mons 2015, qui dépasse ici ses strictes frontières hennuyères. Seulement pour un soir, mais quel soir ! Après la représentation, un Bal Elektro prolongera la fête de l'année dans la Cité Ardente.

« Karbon Kabaret », ce samedi 19 septembre à 20h30 sur la Place Saint-Lambert. L'événement est gratuit. Bal Elektro à 22h30. After Party au Cadran dès minuit.