Après 15 mois de pandémie, essayer de retrouver son corps d'avant sans se mettre trop de pression

Après 15 mois chamboulés par la pandémie, souvent marqués par une prise de poids, ils sont nombreux à vouloir se reprendre en main physiquement. Sans se mettre trop de pression, sur fond de fragilité psychologique exacerbée.

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Angela Thuman était parvenue à perdre près de 15 kg à la sortie de l'hiver 2020, quand le Covid-19 a frappé les Etats-Unis et nécessité un confinement. Elle a tout repris. "C'était super dur", se souvient aujourd'hui cette mère de famille du Maryland, quadragénaire. "Ça m'a déprimée. Je n'avais plus aucune volonté."

Issu d'une famille de sportifs, Benny Maidenbaum avait toujours été "très actif". Ses visites d'agent immobilier, à battre le pavé inlassablement, et ses deux séances de basket hebdomadaires le maintenaient en forme toute l'année. En mars 2020, "tout s'est arrêté", raconte ce New-Yorkais de 30 ans. "J'étais chez moi, à ne rien faire. J'ai pris entre sept et neuf kilos. Ils appellent ça, ‘le surpoids Covid’."

Selon un sondage réalisé en février par l'institut de sondage Harris pour l'Association américaine de psychologie, 42% des adultes américains disent avoir pris "plus de poids que ce qu'ils prévoyaient", soit en moyenne 13 kilos, depuis le début de la pandémie.

"C'est difficile, quand vous êtes chez vous à manger de la ‘junk food’ et vous n'avez envie que de choses pas saines", explique Benny. "C'est comme si vous étiez dans un trou. Il n'y a pas d'issue."

"Rester saine d'esprit"

Il a fini par s'en remettre au petit studio TS Fitness, dans le quartier d'Upper East Side, qui l'a aidé à "briser le cycle", dit-il.

Les gens "savent que l'été approche, il y a l'idée de ne plus rentrer dans ses vêtements", explique Noam Tamir, fondateur de TS Fitness, qui a vu sa fréquentation augmenter sensiblement ces dernières semaines.

Le studio a proposé des cours via Zoom pendant toute la pandémie, mais "nous, êtres humains, ce qu'il nous faut, c'est du contact humain", dit-il.

"Il y a davantage de monde maintenant" à Central Park, observe aussi Khristel Rhoades, en remontant la boucle goudronnée qui fait le tour du poumon vert de Manhattan. "Les gens sont plus à l'aise" à l'idée de faire du sport dans un endroit public. Il n'y a pas si longtemps, beaucoup "sursautaient quand vous les approchiez."

Cette mère au foyer de 40 ans fait partie de ceux que l'exercice physique a aidés à traverser ces mois de pandémie. "Ca m'a permis de rester saine d'esprit", dit-elle.

Malgré les sondages, les études et l'appel des plages, de nombreux spécialistes mettent en garde contre la stigmatisation de la prise de poids et un retour en force des normes, dans un contexte qui a fragilisé psychologiquement une partie de la population.

De la compassion pour soi

"La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'un régime", a prévenu Virginia Sole-Smith, journaliste et auteure, sur son blog "Burnt Toast". "C'est tellement plus important d'avoir de la compassion pour tout ce que votre corps a traversé depuis un an", a insisté celle qui a beaucoup écrit sur l'alimentation et la perception de soi. "Et peut-être même de la fierté, pour tout ce que votre corps a surmonté."

Comme beaucoup, Benny Maidenbaum refuse de se fixer un objectif. "Si vous vous donnez un délai, vous vous mettez vous-même beaucoup de pression." Il dit vouloir retrouver une hygiène de vie, pas un poids donné.

Quant à Angela Thuman, alors que la pandémie s'éternisait, elle s'est séparée de son mari. Ce divorce lui "a redonné un peu de motivation" pour changer d'hygiène de vie, dit-elle. Marche, groupes Facebook pour s'entraider, un peu de cardio, un nouveau régime alimentaire basé sur le programme Whole30, elle a reperdu 10 kg.

Aujourd'hui, ses enfants ont repris l'école en présentiel et même si elle jongle entre deux emplois, dans la banque et comme auxiliaire de justice, elle dit se sentir "100% mieux. Je ne me mets plus au lit quand je rentre chez moi. C'est une atmosphère très différente."