ZEP: Titeuf, un adolescent en devenir

par
Laura
Temps de lecture 4 min.

De pré-ado à ado, il n'y a qu'un pas. Pour ce 14e album, ZEP illustre un Titeuf pressé de brûler les étapes de la vie pour entrer dans l'âge ingrat de la puberté et réussir à combler ses prétendantes, le tout sans sa célèbre mèche blonde.

Quels sont les changements pour Titeuf dans ce 14e album?

«Il commence par se faire arracher sa mèche, ce qui est quand même un coup dur pour Titeuf. Il va passer toute l'aventure à multiplier des stratégies avec ses copains pour devenir adolescent. Il ne veut pas que l'adolescence lui tombe dessus en traître. Il a vraiment envie de devenir grand et il le fait surtout parce que les filles lui demandent de grandir.»

Avoir des filles qui lui courent après, c'est effectivement un grand changement pour Titeuf.

«Ça, c'est le gros changement. À la fin de l'album précédent, j'ai amené une nouvelle qui s'intéressait à Titeuf, Ramatou, qui le regardait, et lui trouvait du charme. J'avais envie de le sortir de cette spirale ou cela ne va jamais bien avec les filles. Je me suis dit que ça serait sympa quand même qu'il ait aussi des premiers émois amoureux avec une fille. Donc j'ai commencé avec Ramatou. Mais bon vu que Nadia perd sa place de reine de la cour, Titeuf devient un objet de jalousie entre elles. Et là, il y a encore une troisième amoureuse qui surgit du passé et à qui Titeuf avait promis le mariage quand il était à la crèche.»

Lui qui appréhendait l'adolescence, il veut un peu brûler les étapes, même s'il est toujours perdu concernant certains sujets de la puberté.

«Pour lui, avoir une amoureuse, c'est une envie par rapport à ses copains, mais il ne sait pas trop quoi faire. L'idée de s'embrasser, il trouve ça dégoûtant, il ne sait pas à quoi s'intéresse une fille. Il joue à être grand sans être grand.»

Pourquoi avoir fait le choix de faire cet album autour d'une histoire longue?

«Comme «Nadia se marie», je trouvais que le thème se prêtait bien. J'étais parti sur un album de gags mais il y avait beaucoup d'histoires qui s'articulaient autour de la quête de la puberté. Ce format permet aussi de mettre en avant des personnages qui ont moins de place comme Manu justement ou sa maman. C'est aussi un goût que j'ai pris en faisant le film. Le format du long-métrage permet de développer les personnages un peu plus que dans du gag ou on est dans une rythmique vraiment courte.»

Titeuf a fêté ses 23 ans, comment faites-vous pour rester dans le coup avec les lecteurs d'aujourd'hui et les sujets qui les intéressent?

«Je n'essaie pas particulièrement d'être dans le coup. Je crois que ce qui fait l'enfance est au-delà de la mode et de l'époque. Ce sont des choses qui sont récurrentes sur des générations et des générations. Titeuf a beaucoup de lecteurs qui sont adultes et enfants. Quand je commence à faire un Titeuf, je suis Titeuf, j'ai mon petit carnet, je raconte l'histoire de Titeuf, ça m'amuse follement et je prends très au sérieux ses histoires. S'il se pose une question sur la vie après la mort, cela m'intrigue vraiment.»

Vous testez vos blagues sur quelqu'un?

«Non pas vraiment, je les teste sur moi. Il faut que cela me fasse rire, que cela m'amuse. J'ai un lecteur, mon directeur de collection, qui depuis le début lit mes pages.»

Vous ne vous lassez pas encore du personnage?

«Non, il y a toujours cette envie mais parce qu'il y a d'autres projets entre deux. Si j'alignais des albums de Titeuf, ça me fatiguerait je pense et puis je bloquerais aussi sur les choses à raconter. Là, le fait d'avoir une année ou deux où je fais autre chose, le personnage me manque, je me réjouis de le retrouver. Quand on a donné naissance à un personnage comme celui-là, c'est aussi particulier parce qu'il a un lien avec le public qui l'attend. Pour un auteur, c'est assez génial de faire un livre quand les gens l'attendent.»

Et Titeuf ado c'est pour bientôt?

«Je pense qu'il va y venir parce que là il est quand même allé à un point assez loin, je ne le vois pas revenir en arrière. Il est toujours dans l'enfance mais il a vraiment les pieds sur le pas de la porte. Même si on ne veut pas faire vieillir son personnage, il vieillit parce que nous nous vieillissons. Même Tintin il a vieilli entre le premier album et le dernier. Il ne s'agit plus du même personnage. Il s'agit d'autres réflexions, d'autres problématiques, d'autres manières de faire l'aventure.»

Après l'adolescence, Titeuf passera aussi par le stade d'adulte?

«J'imagine oui. J'aimerais bien savoir ce que devient ce petit bonhomme lorsqu'il sera adulte.»

En quelques lignes

Titeuf ne sait plus où donner de la tête. Entre Ramatou et Nadia, son amour de toujours, l'enfant terrible de la BD voit les rôles s'inverser. Mais comment gérer toutes ces prétendantes quand on n'est encore qu'un enfant? Sans sa célèbre mèche blonde, mais avec l'aide de son copain Manu, il tentera par tous les moyens de devenir un adolescent. Et pour y arriver toutes les stratégies sont bonnes, Titeuf reste fidèle à lui-même.

«Titeuf. Bienvenue en adolescence!», de ZEP, éditions Glénat, 48 pages, 9,99€