Philippe Besson: Dans la vie de James Dean, l'icône intemporelle

par
Laura
Temps de lecture 3 min.

C'est avec admiration que Philippe Besson nous raconte, dans «Vivre vite», l'histoire de James Dean. Cet acteur incandescent qui est devenu, en trois films et un crash automobile, une icône intemporelle et la jeunesse éternelle.

Dès le début de votre roman, on ressent votre admiration pour l'acteur.

«J'ai coutume de dire qu'avant, je le regardais en levant les yeux. Ce qui était logique car il était affiché sur des posters dans ma chambre. C'est également une forme de fascination face à quelqu'un qui incarne à la fois quelque chose d'ébouriffant et de singulier dans le cinéma hollywoodien et face à quelqu'un de rebelle dans cette Amérique puritaine et corsetée des années 50. J'ai voulu aller chercher le garçon derrière l'icône, la vérité intime derrière la trace qu'il nous a laissée. En enquêtant sur lui, j'ai découvert quelqu'un d'incroyablement attachant. Je suis passé de l'admiration à l'attendrissement.»

Quelqu'un d'attachant mais de brisé aussi.

«La disparition de sa mère a un rôle cardinal, matriciel. Sa disparition, alors qu'il n'a que neuf ans, va profondément le marquer. Les images vont lui rester. Cette perte va faire de lui un être inconsolable et brisé. Et puis, son père, dans le même instant, décide qu'il ne pourra pas l'élever. Tout ça fait de lui quelqu'un à qui il manquera toujours quelque chose. Il va combler ce vide par la multiplication des aventures, des expériences et par un désir de fuite, de vouloir échapper.»

Son père, des années plus tard, n'accepte pas la voie prise par son fils. Peut-on analyser leur rapport comme un problème générationnel?

«Jimmy incarne la césure. Avant, les fils faisaient ce que leur père leur disait de faire. Les enfants obéissaient. Tout d'un coup, Jimmy symbolise l'insolence, l'irrévérence, la liberté. Son père est face à une espèce de jeune chien fou qui lui dit ‘Papa, je ne vais pas obéir, je vais être moi-même'. Et, c'est ce que dit la jeunesse des années 50. Au cinéma, cela s'incarne dans Marlon Brando et James Dean. Dans la chanson, cela s'incarne dans Elvis Presley. On secoue le cocotier. Le déhanchement de Presley secoue l'Amérique. La fracture générationnelle se joue là.»

Pourquoi avoir attendu autant de temps pour écrire sur James Dean si vous l'admirez depuis votre adolescence?

«L'écriture est toujours une question de moment. Il y a eu des moments de ma vie où j'étais capable d'écrire en l'absence des hommes mais aujourd'hui, je ne le saurai plus. Il y a eu des moments où j'étais capable d'écrire ‘Vivre vite' mais je n'en étais pas capable. De plus, il y a l'idée que quand vous trouvez la forme, c'est que c'est le moment d'écrire le livre. À partir du moment où j'ai compris que je voulais en faire un roman choral -avec une trentaine de voix qui dressent ce portrait kaléidoscopique de Jimmy–, je me suis dit ‘Ça y est, je peux en parler'. C'est une chose de vouloir écrire un livre sur lui, cela en était une autre de trouver le moyen d'en parler.»

Est-ce qu'il ne fallait pas non plus quelque chose de nouveau à raconter? Ce qui n'était possible qu'à la mort de Liz Taylor?

«Il y a des choses qui ont été sues très récemment. C'est seulement après la mort d'Elizabeth Taylor qu'on a la confirmation qu'il y a eu un abus sexuel du pasteur envers Jimmy. Elizabeth dit que sur le tournage de ‘Géant', il lui a confié qu'il s'agissait d'abus sexuel.»

Dans votre roman, tout le monde sait qu'il va mourir sauf James Dean lui-même.

«Je voulais que tous ceux qui parlent de lui le fassent de l'au-delà, et en étant eux-mêmes au courant du sort qui leur était réservé. Le seul qui parle au présent est Jimmy Dean. Je voulais qu'il soit inconscient du destin qui lui était réservé. Il est dans la vitesse, dans l'impatience, dans la vie.»

En quelques lignes

«Vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre.» Cette phrase de Willard Motley, James Dean aimait la répéter. Et elle symbolise très bien la vie de ce bel acteur, myope, incandescent, brisé et inconsolable. À travers un roman choral où l'on retrouve les voix de sa mère, son père, de ses amants, des réalisateurs avec qui il a travaillé, de la grande Liz Taylor, de Jimmy lui-même, etc., Philippe Besson raconte d'une manière singulière, avec amour et admiration, la vie et la mort de cette icône. C'est un regard intime et inédit que l'on retrouve dans ‘Vivre vite' mais également une fresque d'une jeunesse de l'Amérique des années 50. Ne dérogeant pas à la règle, ce dernier roman de Philippe Besson se laisse lire facilement, ce qui devrait plaire sans aucun doute à son lectorat féminin. «Vivre vite», de Philippe Besson, éditions Julliard, 252 pages, 18€

Maïté Hamouchi

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