Orelsan et Gringe: De la scène à l'écran

par
ThomasW
Temps de lecture 2 min.

Amis à la vie comme à la scène, Orelsan et Gringe, alias Aurélien Cotentin et Guillaume Tranchant, sont sur tous les fronts. Après le succès de leur album «Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters», leur série «Bloqués» diffusée dans le Petit Journal de Canal +, les deux rappeurs font leurs premiers pas au cinéma dans «Comment c'est loin». Une comédie imaginée par Orelsan et dans laquelle le duo interprète ses nouvelles chansons écrites spécialement pour le film.

Entre le film, la BO et la série «Bloqués», vous êtes plutôt loin des losers de vos personnages dans «Comment c'est loin».

Orelsan: «On est beaucoup plus productif que dans le film.»

Gringe: «C'est plus un concours de circonstance. ‘Bloqués', c'est quelque chose que l'équipe de ‘Bref' nous a proposé il y a un peu moins d'un an maintenant. On a été emballé par le projet. Aurel (Aurélien Cotentin, ndlr) s'était directement mis à l'écriture du scénario du film à la fin de notre tournée des festivals fin 2013. On s'est retrouvé au milieu de divers projets dont on n'avait pas mesuré qu'ils susciteraient un tel engouement.»

Orelsan, vous venez de province et vous avez été veilleur de nuit comme dans le film. À quel point est-il autobiographique?

O.: «En fait, ça représente plus nous, il y a dix ans. Je n'aime pas trop dire que le film est une autobiographie, c'est une comédie. Le contexte est vrai, les personnages nous ressemblent, ils ont un peu le même caractère et sont proches de nous mais l'histoire est complètement inventée. On ne s'est jamais rencontré dans une radio, on a jamais eu de chanson à faire pour le lendemain et les histoires de textos, ça n'existe pas.»

G.: «Il y a des choses que l'on retrouve dans le film qui sont fidèles à la réalité, dans ce qu'on a pu vivre dans les relations humaines par exemple et dans nos relations sentimentales surtout.»

 

On peut d'ailleurs voir quelques-uns de vos amis et même de votre famille dans le film. Pourquoi ce choix?

O.: «Ouais, il y a ma grand-mère et mon frère. Je me suis entouré de gens très talentueux qui ont une vraie personnalité et j'avais vraiment envie de les filmer et de mettre ça en avant. Quand j'écrivais le film, c'était eux.»

G.: «Ça, c'est parce que c'est la nature d'Aurel, c'est un mec qui a besoin de la confiance de ses proches et qui fonctionne en vase clôt. Sa force, c'est de savoir s'entourer de bons partenaires.»

Pourquoi avoir voulu faire ce film?

G.: «C'est une petite extension de l'album (‘Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters', ndlr) qui était très visuel et hyper scénarisé. Notre producteur de spectacle. Olivier Poubelle, avait dit à Aurel ‘Votre album est super, il est très cinéma. Est ce que tu écrirais pas une mouture de scénario? Je te laisse trois mois.' Et c'est ce qu'il a fait.»

Vous vouliez faire passer un message différent que celui sur scène?

G.: «Il y a un message qui est différent mais qui n'est pas volontaire. C'est quelque chose que l'on nous a fait remarquer et qui est de dire ‘Tiens, si tu t'accroches à tes rêves…‘. Mais Aurel, lui, il voulait montrer le processus créatif et les petites contraintes qu'un artiste peut rencontrer dans la musique, les personnages caricaturaux, un producteur un peu requin…»

O.: «J'avais envie de raconter cette histoire, de montrer des gens en province, ce genre de personnes qu'on ne voit pas beaucoup au cinéma et de faire des blagues. Il y a plein de trucs que j'écris mais qui ne rentrent pas dans des chansons. Du coup, c'est intéressant d'avoir aussi ce moyen-là pour s'exprimer.»

Vous avez aimé jouer la comédie et écrire le film? Souhaitez-vous recommencer?

O.: «Moi je reste plus sur la ‘réal' ou sur le rap parce que jouer voilà quoi… Sauf pour des ‘réal' que je kiffe, par exemple si Christophe (Christophe Offenstein co-réalisateur du film, ndlr) me propose de jouer dans son film. Mais sinon je ne vais pas démarcher, faire de castings ou aller voir d'agent pour dire ‘je veux être comédien'.»

G.: «J'ai eu une espèce de déclic pendant le film, j'adore jouer la comédie et je commence à recevoir quelques propositions qui m'intéressent beaucoup. C'était une première, c'était hyper épanouissant, une expérience folle. J'ai quasiment que des bons retours. Du coup, je vais y aller, je vais moins cogiter que pour le rap.»

D'autres projets musicaux à l'agenda pour les Casseurs Flowters ou en solo?

O.: «On n'arrête pas le groupe ni rien, on va faire un album mais on ne sait pas quand. Peut-être que ça sera dans trois ans ou dans cinq ans, rien de définitif. Peut-être que si on refait un film on refera une BO, on ne sait pas trop.»

G.: «Il y a son troisième album, moi mon premier album solo. Si un jour on a envie de se refaire un album, on le fera.»

À quand alors l'album solo Gringe? Et Orelsan interviendra dessus?

G.: «Je commence à travailler dessus. Bien sûr, j'aimerais même qu'il m'écrive un morceau d'amour par exemple. Pas une déclaration (rires), j'aimerais bien avoir son avis sur les femmes, sur la question féminine.»

O.: «Ah ouais carrément, en plus j'ai déjà plein de trucs qu'il faut que je creuse, je ne sais pas encore si c'est bien. Sur mon album aussi je vais faire des chansons d'amour, j'ai envie de changer de registres un peu. J'en ai déjà fait comme ‘Finir mal' qui est une chanson de rupture mais j'aimerais bien faire une vraie chanson d'amour, optimiste, sérieuse, pas trop cynique.»

Pourtant, la vision des femmes dans vos morceaux est assez trash…

G.: «Un morceau comme S'ale pute', aussi violent, bête et méchant soit-il est une chanson d'amour. C'est une déclaration d'amour désabusée. Il a ce côté ‘provoc' mais il a grandi. C'est pour ça que je suis convaincu que s'il écrit des chansons d'amour ce serait des choses magnifiques.»

O.: «J'aime bien pousser les trucs loin parce que j'aime voir les réactions, choquer un peu. Et puis, j'aime bien tout simplement l'exercice de se dire ‘Tiens je vais emmener ça au plus hardcore possible'. Ça me plaît d'être méchant des fois, même si je ne le suis pas.»

En quelques lignes

Veilleur de nuit pour l'un, chômeur pour l'autre, Orel et Gringe mènent une vie de losers dans une ville moyenne de province. Les journées à glander se suivent et se ressemblent pour ces deux rappeurs en herbe sans avenir. Mais leur quotidien va être chamboulé lorsque leurs producteurs vont leur poser un ultimatum: écrire une chanson en 24h alors qu'ils n'ont jamais réussi à le faire en plus de quatre ans. Une comédie amusante et touchante dans laquelle les deux rappeurs restent fidèles à eux-mêmes tout en s'illustrant dans un tout nouveau domaine. Côté rap, ils maintiennent le niveau qu'on leur connaît à travers une bande originale incontournable qui ajoute une touche inédite à un film sans prétention. 3/5