Mark Lanegan est en paix avec ce qu'il fait

par
Pierre
Temps de lecture 3 min.

Sur son dixième album solo «Phantom Radio», Mark Lanegan s'entoure encore et toujours pour ses textes de thèmes bibliques où le péché, la rédemption, la pénitence ou la mort jouent les premiers rôles. Musicalement toutefois, il va beaucoup plus loin qu'avec «Blues Funeral», son opus précédent sorti il y a deux ans, grâce à Echo And The Bunnymen et d'autres références eighties.

Mark Lanegan:

«J'ai écouté en boucle ‘Ocean Rain' de Echo & The Bunnymen. C'est un classique des années 80 qui n'a pas perdu de sa force quand vous l'écoutez trente ans plus tard. Il n'y a pas si longtemps que je les ai encore vus en live, ils sont tout simplement formidables! Mais, le post-punk britannique, Krautrock, The Gun Club ou Rain Parade ont aussi exercé une grande influence sur ce disque. Quand je me balade en voiture à Los Angeles, j'écoute toujours la radio satellite Sirius. Ces types passent la meilleure new-wave des années 80! C'est aussi la musique que j'écoutais quand j'étais ado et jeune adulte et elle s'incruste inconsciemment dans ton ADN musical au fil des ans.»

Voilà qui explique les beats et les synthétiseurs programmés sur «Phantom Radio».

(rires) «Je plaide coupable mais j'ai vécu un moment formidable pendant la création et l'enregistrement de ce disque. J'aurai 50 ans fin novembre et, à cet âge, il est très important d'éprouver du plaisir dans ce que tu fais. Je suis vraiment impatient de partir en tournée avec cet album. Et j'ai depuis lu des comparaisons dans la presse avec Depeche Mode, New Order ou Gary Numan et ça fait plaisir. Même si je me dois d'ajouter dans la foulée que cela reste toujours le son Mark Lanegan. Il y a aussi dessus des titres qui se satisfont d'une guitare acoustique accompagnée d'un petit orgue ou de quelques instruments à cordes. Chaque disque doit ouvrir de nouveaux horizons et c'est toujours plus facile.»

Êtes-vous mieux dans votre peau qu'avant?

«Je suis bien plus en paix avec ce que je fais et qui je suis. J'éprouve beaucoup plus de plaisir dans la vie et on dirait que les pièces du puzzle difficile de mes 30 ou 40 ans commencent enfin à s'assembler! Je continue à me battre contre les démons dans mon esprit mais la zone de confort dans laquelle je me trouve maintenant n'en fait pas une bataille épuisante. C'est un sentiment de délivrance et de libération qui n'est que tout bénéfice pour ma créativité en tant qu'auteur-compositeur.»

Pour l'écriture des chansons, il paraît que vous avez fait appel à Funk Box, une app pour smartphones.

«Cette app me permettait d'écrire et d'enregistrer des morceaux de chansons en déplacement. Comme une sorte de carnet de croquis auditif avec lequel je pouvais faire des démos. C'est aussi une app avec laquelle on peut travailler facilement et ça me plaît (rires). Je recherche actuellement toujours la voie la plus facile pour atteindre le meilleur résultat. Ça aussi c'est dû à l'âge. Je veux ressentir et utiliser tout de façon intuitive et ne pas gaspiller des jours à lire ou comprendre des modes d'emploi! De plus, j'ai aussi reçu l'aide indispensable d'Alain Johannes (cf. Queens Of The Stone Age). C'est une excellent multi-instrumentaliste et producteur qui propulse depuis plus de dix ans déjà mes compositions à un autre niveau.»

Les textes sont plus faciles à comprendre.

«C'est chouette que vous le faites remarquer mais (un long rire un peu d'excuse) en fait je ne travaille pas tellement d'arrache-pied aux textes. Ils me viennent assez facilement et je me sers encore librement de toutes sortes de métaphores bibliques. Il n'y a rien de plus beau que les pieds en sang de pèlerins épuisés en quête de lumière! C'est la faute de la musique gospel que j'écoutais quand j'étais enfant. Je suis loin d'être quelqu'un de croyant mais pour un parolier c'est une mine d'or! Cela titille l'imagination et cela me réussit bien

Dirk Fryns

Sorti sur Heavenly/Pias – live le 30 janvier 2015, Ancienne Belgique