Louise Attaque revient après dix ans d'absence

par
Laura
Temps de lecture 4 min.

Vous l'aurez remarqué, Louise Attaque est de retour après une décennie d'absence. En trio, depuis le départ du batteur Alexandre Magraff, Gaëtan Roussel et les siens quittent les champs du rock pour ne plus garder qu'une pop mâtinée d'électro. Un album «Anomalie» assez léger qui semble en garder un peu trop sous le coude.

Comment comprendre le titre de l'album? Est-il une «anomalie»?

Gaëtan Roussel: "Non, ce terme peut définir plein de choses, un problème comme une singularité. C'est un mot qui est arrivé assez tôt, comme la chanson éponyme d'ailleurs, dans le processus de création. On a commencé à travailler à Londres, et c'est là que ce terme est venu, comme la notion de temps qu'il y a à travers l'album. On l'a utilisé pour plein de choses, mais, non, l'album n'est pas une anomalie."

Ce morceau d'introduction est assez aérien. On sent que Louise Attaque a voulu se diriger un peu plus vers une pop-électro.

Robin Feix: " On ne choisit pas vraiment ce genre de choses. Ce qui nous intéresse, c'est qu'on est toujours comme il y a 20 ans, les élèves du fond de la classe qui griffonnent des trucs pour se faire rigoler. On part davantage là-dessus. Mais on a également rencontré quelqu'un dont on a souhaité prendre la sensibilité, mélangée à notre sauce."

Et le producteur Oliver Som est assez jeune.

G. R.: "Oui, il a 23 ans. On l'a d'abord croisé parce qu'il est auteur-compositeur. C'est également un batteur. Ce qui donnait une résonance à notre histoire puisqu'on était en compagnie d'un batteur à l'époque, et que ce n'est plus le cas aujourd'hui. Mais ce n'est pas pour ça qu'on l'a choisi. Il a une manière de travailler qui est assez ample, qui nous a amenés ailleurs, comme Marc Plati nous avait emmenés ailleurs également. Ce n'est pas comme si nous avions fait trois albums toujours pareils. Oliver a travaillé un peu à droite, à gauche, dans son coin, sur son ordinateur, avec nous…"

Comment se remet-on à travailler après une dizaine d'années de break?

R. F.: "En fait, on était en pause. Mais dès qu'il y en a un qui demande si cette pause va s'arrêter ou continuer, il faut bien que l'on réfléchisse à la question. Ce que l'on a fait pendant à peu près un an. Un an de discussions à quatre pour savoir si on avait quelque chose à faire et à dire ensemble."

Durant dix ans, vous avez eu chacun vos parcours personnels. Se sont-ils agglomérés sur cet album?

Arnaud Samuel: "On a fait quelque chose de neuf artistiquement dans le collectif, mais cela s'est nourri évidemment des expériences individuelles passées. Mais si on peut en faire profiter les autres, c'est justement parce qu'on a eu la chance de faire d'autres trucs, des albums chacun de notre côté, des rencontres, des expérimentations par le biais d'instruments ou de la technologie. Et on se retrouve à essayer de construire à nouveau quelque chose ensemble en s'étant soi-même imprégné des expériences passées."

G. R.: "Je ne sais pas si l'on peut pointer des choses particulières sur cet album, mais ce qui est sûr c'est que grâce à toutes ces rencontres, on arrive surtout avec une autre manière d'être. Si on l'intègre, c'est de manière inconsciente, c'est une façon d'être avec l'autre qui évolue."

R. F.: "C'est parce qu'on est autodidacte. Quand on apprend quelque chose, ça devient une partie de nous. La totalité des rencontres que l'on a tous faites se retrouvent dans cet album."

Vous étiez quatre, vous êtes désormais un trio. Ça fait partie de toutes ces réflexions?

G. R.: "Oui, ça fait partie des questions que l'on s'est posées. On a estimé d'un commun accord que l'on serait autrement, et que l'architecture du groupe serait autre. On s'est attelé à ce qui existe. La question était comment essayer d'avancer. On s'est retrouvé comme on l'avait fait lors du premier album. Robin et moi, nous nous sommes retrouvés un peu avant. Et puis, avec Arnaud, c'est devenu une chanson de Louise Attaque auquel il a fallu amener des rythmiques. L'ordinateur nous a aidés, puis Oliver Som et enfin un batteur que l'on a embauché. Sur ce point-là, c'était une tout autre manière de créer du Louise Attaque."

Vous avez enregistré à Londres, Brighton, Berlin et le sud de la France. Pour trouver différentes couleurs?

G. R: "Oui, ça provoque des couleurs, des ambiances… On peut vous dire que telle chanson vient de là, mais cela provoque cela surtout chez nous."

A. S. : "On se retrouvait dans des endroits un peu vierges pour nous. On ne connaissait ni les quartiers ni les bars pendant ces petites péripéties. On y avait des petits studios de répèt', juste quelque chose de très simple. On composait et flânait ensemble."

G. R.: "C'était davantage des moments d'écriture que des instants d'enregistrements au sens propre."

La marque de fabrique de Louise Attaque, c'est le violon. Mais il est ici un peu plus en retrait.

A. S.: "Parce que je suis trop vieux (rires)."

Sur cet album, on passe d'un morceau catchy comme «Avec le temps» à plus d'introspection avec «L'insouciance».

RF: "Pour nous, ça remonte à loin. Ça partait du Velvet Undergound qui pouvait passer de choses très bruitistes à des morceaux bien plus sirupeux, Et on a retrouvé cela aussi chez Violent Femmes. Pour le coup, dans chaque album, on retrouve cette mise en contraste qui nous convient bien."

Louise Attaque «Anomalie» (Universal)