Loïc Nottet: "J'essaie de vivre discrètement"

par
Laura
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Il dessine ses propres vêtements, danse comme un véritable acrobate et a des capacités vocales que beaucoup lui envient. L'artiste de 19 ans a décroché l'année dernière la quatrième place au Concours Eurovision de la Chanson et remporté la finale de « Danse avec les Stars » à la fin de l'année. Mesdames et messieurs, Loïc Nottet?!

Comment avez-vous vécu personnellement Danse avec les Stars ?

« C'était une belle aventure humaine. Elle m'a beaucoup apporté et elle m'a aussi rendu plus mature. Sur le plan professionnel aussi, cela a été une expérience riche, du travail de la caméra à la production. »

Cela a-t-il aussi ouvert des portes ?

« Oui. Cela aidera au lancement de mon album en France. Mais il faut bien sûr aussi que les gens l'aiment. Quant à savoir si ce sera le cas, on verra bien.»

Avez-vous l'esprit compétitif ?

« Pas du tout. Je me lance surtout des défis à moi-même, mais je n'aime pas entrer en compétition avec d'autres. »

Aviez-vous imaginé gagner ?

« Non, ce n'était pas mon but non plus. Je voulais simplement m'amuser et travailler avec tous ces gens. »

L'année écoulée a été très active pour vous. Comment avez-vous géré le succès ?

« Je suis quelqu'un qui garde la tête froide et les deux pieds sur terre. J'essaie de prendre les choses comme elles viennent et de ne pas trop me poser de questions. En ce moment, je suis très occupé à préparer mon nouvel album et après, je pars quelques temps en tournée. Je verrai bien ce que l'avenir me réserve. »

Votre musique révèle clairement une fascination pour la terreur et les côtés lugubres de la vie. D'où cela vient-il ?

« J'aime Tim Burton et je tire beaucoup d'inspiration musicale de films comme ?Conjuring : les dossiers Warren', ?La dame en noir' ou ?Insidious'. Un film de Disney par contre ne m'inspire absolument pas. J'aime les côtés sombres de l'humanité. Mais j'essaie quand-même de veiller à ce que ma musique reste accessible à tout le monde. Je ne veux pas faire un film d'horreur. »

Dans ‘Rhythm Inside', vous mélangez des mouvements robotiques avec une chorégraphie très contrôlée. Est-ce révélateur de l'image que vous avez de l'homme ?

« Dans cette performance, je voulais dévoiler les différences minimales entre les gens. Je voulais montrer que tout le monde a développé des habitudes semblables dans notre société. Tout le monde se réveille, se lave, mange et part à temps au travail. C'est une routine presque robotique, qui m'a inspirée pour cette danse. »

Vous aimez les chorégraphies minimalistes, vivez-vous aussi de façon minimaliste ?

« J'essaie de vivre discrètement. Aujourd'hui, c'est la première fois que je sors depuis la finale de ?Danse avec les Stars' . C'est le premier et le seul jour où je fais des interviews avant le lancement de mon album. Je suis quelqu'un qui est là quand c'est nécessaire, mais ça s'arrête là. Mon job principal c'est faire de la musique, c'est pour moi le plus important. Faire des interviews est accessoire. Au début, je trouvais ça l'horreur absolue, mais maintenant ça va déjà mieux. Je préfère que ma vie privée reste vraiment privée. Je ne ressens pas le besoin, par exemple, de partager avec le public le fait d'être célibataire ou pas. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à ma famille et à mes amis de ne pas accorder d'interviews. Je crée ainsi de l'espace pour être moi-même, loin de toute l'attention. »

Cette attitude me fait penser à Stromae, qui fait très attention à protéger sa vie privée, lui aussi. Est-il un exemple pour vous ?

« C'est en effet une belle comparaison. J'ai vu beaucoup d'interviews de lui et je me reconnais dans sa manière de faire et de penser. Il y a aussi beaucoup de ressemblances sur le plan professionnel. Je suis perfectionniste et je pense qu'il l'est aussi. En outre, je suis un vrai bourreau de travail. J'ai du mal à appuyer sur pause et je veux tout contrôler, qu'il s'agisse de mes vêtements, de l'attitude, des écrans, de la musique ou de la chorégraphie. Je vois ça chez lui aussi. »

Vous avez arrêté vos études après le secondaire. Ne craignez-vous pas que, sans diplôme, vous pourriez avoir des problèmes à un moment donné ?

« Non, pas du tout. J'avais horreur de l'école. Je reste convaincu qu'il ne faut pas aller à l'école pour devenir un artiste. Un diplôme est juste un bout de papier. Je n'aime pas faire les choses selon les règles prescrites. Il y a 10.000 façons d'atteindre le même but. »

Trouvez-vous important de vous présenter en tant qu'artiste belge ?

« Oui. J'aime la Belgique, tant la partie francophone que néerlandophone. Nous sommes déjà un si petit pays, ce serait dommage de nous scinder encore. C'est pourquoi je chante aussi en anglais, sinon je chanterais peut-être uniquement pour les francophones. »

L'année dernière, tous les projecteurs étaient braqués sur vous. Cela vous a-t-il obligé à mûrir rapidement ?

« Oui, même si cela ne me plaît pas de vieillir. Je trouve que ça a quelque chose de triste. Si j'avais une machine à remonter le temps, je voudrais ravoir seize ans. C'est mon âge préféré, la période entre l'enfance et l'adolescence. J'ai envie, bien sûr, d'encore beaucoup découvrir, mais je suis conscient que viendra un moment où je devrai quitter mes parents. »