The Last Shadow Puppets enfin de retour

par
Pierre
Temps de lecture 5 min.

En 2008, Alex Turner et Miles Kane ont surpris tout le monde en s'alliant pour former The Last Shadow Puppets et sortir le somptueux «The Age of The Understatement». Depuis lors, chacun avait repris sa vie de star du rock: trois albums avec ses Arctic Monkeys pour Alex, et une belle carrière solo pour Miles. C'est pour cela que ‘Everything You've Come To Expect' s'est un peu fait attendre.

Un certain mystère entourait cet album. Les fans spéculaient depuis longtemps sur son existence. Et c'est le batteur et producteur James Ford qui a lâché le morceau l'an dernier en révélant être rentré en studio avec le duo pour une sortie «quelque part en 2016». Et c'est en décembre qu'a eu lieu l'annonce officielle. «Nous n'avons vraiment pas ressenti de pression», explique Miles Kane. «C'est justement la particularité des Puppets, nous n'avons pas d'agenda. Tout part de notre amitié. Rien ne nous a été imposé, mais un beau jour nous avons écrit la chanson ‘Aviation' et tout s'est enchaîné.» «Et maintenant, nous sommes ici à Bruxelles», ajoute Alex en riant.

Cela fait déjà huit ans que vous ne vous êtes plus retrouvés en studio. À l'époque, vous aviez à peine 20 ans, aujourd'hui, vous êtes devenu des hommes, comme l'a dit Owen Pallett qui s'est à nouveau occupé des arrangements.

Alex: «Nous n'avions plus vu Owen depuis huit ans et la meilleure manière pour nous de l'accueillir au studio était de se cacher dans son armoire. Nous sommes donc rentrés dedans avant qu'il n'arrive. Le problème est que cela a duré des heures avant qu'il n'arrive réellement. Lorsqu'il est finalement rentré dans la pièce déguisé en Robin des Bois, nous avons éclaté de rire et notre blague était complètement ratée.»

Il vous considère donc comme des adultes.

Miles: «Peut-être que nous avons gagné en confiance, surtout lorsque nous sommes sur scène.»

Alex: «Mais tu es aussi un performer né, Miles. Nous devons essayer de te faire monter le plus vite possible sur scène avec les Puppets.»

Miles: «En fait, nous voulions attendre 2018 avant de sortir cet album, dix ans après nos débuts, mais je n'aurais pas pu attendre aussi longtemps.» (rires)

Aviez-vous vraiment le temps de travailler sur l'album à côté de tous vos autres projets?

Alex: «Cela fait des siècles que nous ne sommes plus partis en tournée. Nous avons donc eu un an pour préparer cet album. Cela reste aussi un exutoire créatif.»

Vous avez enregistré l'album au studio Shangri-La à Malibu. Comment était-ce?

Miles: «C'était fantastique. Alex allait faire un jogging tous les matins sur la plage, entre-temps il composait et lorsqu'il rentrait à la maison, il allumait tous les fours et préparait un petit-déjeuner complet pour tout le monde.»

Alex: «Bien souvent Miles débutait sa journée vers 10h avec ses rituels quotidiens. D'abord, il commençait son entraînement de volley-ball, après quoi il rentrait dans la cuisine dégoulinant de sueur.»

Miles: «Et puis, je me faisais taper sur les doigts par Alex.»

On croirait presque que vous étiez en vacances.

Alex: «Effectivement mais c'est grâce à ça que vous ressentez les bonnes ondes sur l'album. Il y avait bien sûr beaucoup de discussions, surtout lorsque Miles se trouvait dans la cabine d'enregistrement et faisait son truc.»

Miles: «Quand je me trouve dans la cabine, je chante ce que j'ai envie de chanter, et je m'en fiche totalement de ce que les autres crient dans mon oreille.» (rires)

Vous habitez maintenant tous les deux à Los Angeles. Cela a-t-il eu une influence sur votre son?

Alex: «Nous ne voulions pas que Los Angeles soit une influence dans ce son, c'est juste comme ça qu'il devait sortir là-bas. Lorsque j'écoute l'album, je ne pense pas vraiment à LA mais plutôt à d'autres grandes villes comme Londres ou Paris.»

Miles: «Nous n'avions pas vraiment un message à faire passer en choisissant Los Angeles pour l'album, nous étions là simplement et ça tombait bien.»

Pourquoi avoir réuni les mêmes personnes autour de vous?

Alex: «Lorsque nous sommes arrivés au studio à Malibu, nous étions étonnés de voir une photo de James Ford au-dessus d'une vieille table de mixage. Nous avons donc décidé de faire appel aux vieux habitués Owen Pallett et Zach Dawes (bassiste, ndlr.). Lors du précédent album, nous n'avions pas le luxe de pouvoir travailler aussi près les uns des autres, ce qui a aussi eu une grande influence sur le résultat. C'est ainsi qu'Owen a préféré que les instruments à cordes passent de manière plus subtile. Il est incroyablement talentueux, nous avons donc décidé de le laisser faire son truc.»

Le titre «Everything You've Come To Expect» est aussi l'une des chansons qui me rappellent le plus votre précédent album.

Alex: «Je trouve aussi, même si Miles n'est pas d'accord avec moi. Mais je n'aime pas regarder le passé. Il est plus intéressant de découvrir de nouvelles choses et ne pas s'accrocher au passé ou la perception de quelqu'un d'autre.»

Miles: «Selon moi, la plus grande différence, c'est qu'Alex et moi avons mieux pu trouver nos voix. Nous nous laissons plus de liberté individuelle. La voix de crooner d'Alex sur ‘Sweat Dreams' est vraiment fantastique, alors que mon approche est plutôt punk, comme par exemple ‘Bad Habits'. C'est plus mon truc.»

Bientôt, vous pourrez repartir en tournée. Qu'allez-vous nous préparer?

Alex: «Nous aimerions doubler le nombre d'instruments à cordes par rapport à la tournée précédente. Ensuite, nous réfléchissons aussi à créer un attrape-rêves en néons.»

Vous passez également par la Belgique, lors de Rock Werchter.

Miles: «C'est exact, je pense même que nous sommes tête d'affiche.»

Alex: «Je crois même que nous sommes tête d'affiche tout le week-end. Vendredi, samedi et dimanche. Miles sera sur scène vendredi, moi samedi et on partagera la scène le dimanche. Vous pouvez en prendre note!»

Heleen De Bisschop

The Last Shadow Puppets «Everything You've Come To Expect» (Domino Records)

Ph. Michael Zackery