Herman Konings, trendwatcher

par
Laura
Temps de lecture 2 min.

Que nous réserve 2016? Nous n'avons pas de boule de cristal, mais des trendwatchers peuvent cependant nous mettre sur la voie. En étudiant le comportement humain et les nouvelles évolutions dans différents domaines, ils nous proposent des perspectives pour un avenir que l'on espère radieux. Metro a rencontré le trendwatcher Herman Konings, qui nous a parlé de rat races, de robots et de selfies version 2016.

Comment devient-on trendwatcher?

"En principe, tout le monde peut devenir trendwatcher. Mieux encore, je pense que tout le monde devrait être trendwatcher. Je suis un psychologue du changement. Je veux comprendre le comportement des gens. Que ferons-nous demain que nous ne faisons pas aujourd'hui? Sur base de ce que l'on peut voir à l'étranger, je vois si c'est réalisable en Belgique et en Europe."

Peut-on être optimiste pour 2016?

"La question est plutôt de savoir si ce sera une bonne année. L'optimisme est un état mental, une attitude que je peux recommander à tous, même si les signes avant-coureurs ne sont pas favorables. Ceux-ci n'ont d'ailleurs jamais été favorables. On trouve toujours de quoi se faire du souci. Si ce n'est pas l'environnement, c'est une menace de guerre, la terreur, la mondialisation, la numérisation, la standardisation."

À quoi pouvons-nous nous attendre?

"L'intelligence artificielle et la robotique sont une tendance absolue pour les années à venir. Cela crée beaucoup de nervosité chez les travailleurs qui se demandent si leur job ne sera pas menacé. On pourrait dire que les jobs de comptables deviennent problématiques ou que les infirmières deviennent inutiles. Mais il faut nuancer. Si vous travaillez dans le secteur de la santé, c'est tout de même bien de pouvoir aider les gens avec humanité. Des métiers peuvent sembler disparaître parce qu'il y a une alternative technologique, mais on peut être plus efficace s'il y a une parfaite adéquation entre l'homme et la machine."

Et sur le plan écologique?

"Pour le climat, il y a ici et là des signaux positifs, mais globalement, le climat se dégrade. Ce n'est pas difficile non plus avec 7,2 milliards de personnes qui veulent consommer. Regardez aussi Doel et Tihange. Cela nous cause du souci, mais cela nous pousse aussi à être plus attentifs à l'environnement. C'est une évolution intéressante. On a souvent besoin d'une claque pour provoquer un vrai changement. La peur et l'incertitude amènent toujours un changement de comportement."

Il vaut donc mieux être préparé au pire?

"La meilleure manière de prédire l'avenir est de l'inventer soi-même. Un optimiste aura un meilleur avenir qu'un pessimiste. C'est une platitude, mais c'est vrai. C'est d'ailleurs prouvé scientifiquement: les optimistes vivent sept ans de plus que les pessimistes. Mais si on regarde les indicateurs technologiques, économiques, politiques et socioculturels, on voit qu'il y a beaucoup de travail pour que 2016 soit une bonne année."

Qu'est-ce que l'étranger peut nous apprendre ?

"Nous n'avons pas raté le train internet, mais nous avons réagi trop tard. Sur la vente en ligne, ce sont les Britanniques, les Hollandais et les Allemands qui raflent la mise. C'est une belle preuve que notre gouvernement n'a pas été assez prévoyant. Mais si je peux malgré tout prédire quelque chose, on peut dire tout de même que l'e-commerce est en train d'atteindre son apogée, tandis que le consommateur redonne plus d'importance aux points de vente physiques. Il y a non seulement beaucoup plus d'enfants du baby-boom qui ont plus de temps pour faire les magasins, mais il y a aussi chez les jeunes un nouveau besoin de flâner. C'est dû à tous ces algorithmes qui déferlent sur nous: Spotify, Netflix, Zalando, Amazon. Tout ce que vous voyez apparaître à l'écran est dans le droit fil de vos achats et centres d'intérêts antérieurs. Les 20-30 ans ont envie d'être surpris. Et on le voit non seulement dans les magasins, mais aussi au niveau du tourisme. Les jeunes vont plus souvent faire du couchsurfing ou des réservations via Airbnb, non seulement parce que c'est moins cher, mais aussi parce qu'ils découvrent des endroits qui ne sont pas mentionnés dans les guides."

Allons-nous devoir travailler plus dur en 2016?

"À mes yeux, c'est génétique. Il faut déjà avoir une forte personnalité pour dire ‘je vais réduire, disparaître en Extrême-Orient et laisser la technologie et mes amis derrière moi.' Il y a une culture du travail à laquelle on ne peut échapper. Nous voulons tous passer du temps avec des amis dans une villa en Toscane, un verre de Brunello à la main, mais il faut de l'argent pour ça. Comme nous travaillons plus dur, le besoin d'expériences et de contacts analogues s'est accru lui aussi. Comme, par exemple, se retrouver devant un food-truck pour manger un bout, au lieu de tout commander en ligne. D'ailleurs, énormément de cartes de vœux classiques ont été envoyées et beaucoup moins de sms."

L'ère des selfies est-elle révolue?

"Tout le monde commence à comprendre que c'est quand même un signe de narcissisme très marqué. Ce qui est sympa en revanche, c'est le succès grandissant des selfies de groupe. On voit d'ailleurs que les fêtes de quartier, les festivals, bref tout ce qui réunit les gens, a le vent en poupe."

Que souhaitez-vous aux lecteurs et lectrices de Metro ? Plus de temps libre ou de travail?

"Si vous ne voulez pas travailler, quittez le système et évaluez-en les conséquences. Et pour ceux qui travaillent trop? Là aussi, nous avons sans doute besoin d'une catastrophe pour réaliser que nous sommes allés trop loin. S'il y a UNE tendance qui ne doit jamais disparaître, c'est celle des vœux de bonheur, de santé et d'amour que nous nous adressons les uns les autres. Qu'elle perdure et reste forte."