Cyril Dion: « L'enthousiasme pour contrer le changement climatique »

par
Laura
Temps de lecture 3 min.

Et si montrer des solutions, raconter une histoire qui fait du bien, était la meilleure façon de résoudre les crises écologiques, économiques et sociales, que traversent nos pays ? C'est ce que pense le réalisateur Cyril Dion. Dans Demain, réalisé avec Mélanie Laurent, il propose un tour du monde des alternatives pour lutter contre le changement climatique.

Demain est un film documentaire. Comment vous est venue cette idée ?

"Ça fait dix ans qu'on réalise des fils sur la question du changement climatique. Et pourtant, rien ne change. Cela ne suffit pas à donner aux gens l'énergie nécessaire pour changer les choses. En parallèle à cela, tous les scientifiques disent qu'il nous reste 20 ans pour agir. Alors je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose."

Pour donner envie d'agir ? Mais comment ?

"La perspective de faire des choses en commun, le simple fait de s'imaginer un avenir, cela pousse chacun à agir. Avec Mélanie, nous avons voulu produire un documentaire plein d'enthousiasme, avec de belles images, un récit, puisqu'il s'agit un peu d'un road movie, des gens touchants à l'écran, qui émerveillent, qui intéressent, qui donnent envie. Il faut que les spectateurs sortent de la salle avec une grosse patate, prêt à devenir acteur du changement."

Et ça marche ?

"Plutôt bien, il me semble. Le film est sorti début décembre en France, nous avons fait une cinquantaine de projections. C'était à chaque fois complet. Et surtout, les gens repartaient super enthousiastes. Ils ont aimé voir ces choses positives, ces exemples d'alternatives, de solutions concrètes."

Le cinéma, c'est un bon moyen de transmettre des valeurs ?

"L'être humain passe son temps à raconter des histoires. C'est pour cela que les acteurs sont presque considérés comme des demi-dieux. C'est vieux comme le monde, il suffit de penser à la mythologie grecque ou romaine, qui expliquait le monde avec des histoires. Le cinéma reprend cette façon de faire. Il émeut. Et le sens premier d'émouvoir, c'est faire bouger. Voilà l'objectif, faire que les spectateurs soient émus, se bougent."

C'est pour profiter du statut des acteurs que vous avez fait ce film avec Mélanie Laurent ?

"Avec Mélanie, on se connait depuis 2011. Un jour je l'ai emmenée visiter une ferme en permaculture, celle qu'on voit dans le film. Elle a adoré. Elle était déjà très engagée, et elle m'a parlé de ce qu'elle faisait avec Greenpeace. Je me suis dit qu'il fallait qu'on fasse ce film ensemble. On est complémentaires. Elle amène une forme de sensibilité, d'émotion, qui est importante pour faire bouger les spectateurs."

Pendant cette tournée des alternatives, une rencontre vous a-t-elle particulièrement marqué ?

"Toutes étaient très marquantes. Mais si je devais en dire une, peut-être l'école en Finlande. Petit, je n'aimais pas l'école. Mais celle-ci, c'est celle que j'aurai aimé fréquenter, c'est celle que je veux pour mes enfants. L'école, c'est là que tout commence. Les peurs, le besoin de reconnaissance, les connexions, l'estime de soi… Il faut s'y épanouir. Dans cette école, on se sent tout de suite bien."

Faire ce film vous a-t-il fait changer de vie ?

"Il y a beaucoup de question aux quelles j'étais déjà sensibilisée via mes activités d'avant. Le seul changement, c'est que je suis devenu végétarien a la fin du tournage. Ça fait un peu plus d'un an maintenant. Mélanie aussi, depuis quelques mois. La viande, c'est 18% de nos émissions de gaz à effet de serre. Et la production des ressources nécessaires à l'élevage usent nos écosystèmes. L'alimentation, c'est quelque chose que tout le monde peut changer."

Ce tournage vous a donné de nouvelles idées ?

"On n'a malheureusement pas pu inclure tout ce qu'on a filmé dans le film. Mais il est possible que certains des passages non-utilisés se retrouve dans une déclinaison TV, un documentaire de 52 minutes. Si cela se concrétise, ça sera encore un autre moyen de sensibiliser un maximum de personnes. Et je l'espère, de les pousser à agir."