Christophe Maé: «Je suis au milieu du chemin»

par
Laura
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Presque trois ans après «Je veux du bonheur», Christophe Maé fait son retour en musique avec «L'attrape-rêves». Un quatrième album, dans lequel le jeune quarantenaire en profite pour se dévoiler de manière plus intime et revoir sa manière de composer.

À 40 ans, vous revenez avec un quatrième album et une méthode de travail un peu différente.

Christophe Maé: "Effectivement, je suis parti des textes et c'est vrai que ça a changé beaucoup de choses. Cela m'a permis de me détacher d'une certaine pudeur, de me laisser une grande liberté de me raconter. Peut-être que ça vient aussi de la musique. Depuis deux-trois ans j'écoute beaucoup plus de hip-hop. La musique urbaine me parle vraiment. Je voulais tendre vers ça. Pour la couleur musicale, la sonorité, j'avais envie d'avoir un pied en Californie. Cet album-là, je l'ai écrit, composé et je l'ai réalisé aussi en studio, c'était une première pour moi. Je m'y suis investi à 2000%."

C'était nécessaire pour se renouveler et avancer?

"Partir des textes ça m'a changé la donne, j'avais besoin de cette remise en question. En fait, pendant une soirée entre amis, je leur ai fait écouter trois ou quatre chansons mais ils m'ont dit qu'ils avaient l'impression de les avoir déjà entendu. J'ai donc tout effacé et là m'est venu le déclic de raconter des histoires. J'ai commencé par écrire ‘Il est où le bonheur?'. J'ai d'ailleurs fait une magnifique rencontre, un mec qui s'appelle Paul Ecole, un auteur. Il y a un truc qui a matché. On s'est rencontrés et on a écrit tout cet album-là."

C'est lui qui est également à l'origine de «Lampedusa» dans laquelle vous abordez l'actualité des réfugiés.

"En fait cette chanson m'a permis de le rencontrer. Comment rester insensible, indifférent devant une telle histoire ? Je suis dans la peau de ce migrant pendant quatre minutes."

Vous avez aussi fait appel au Belge DJ Joss.

"DJ Joss, c'est la cerise sur le gâteau. Il amène une modernité et un côté très urbain aussi. Je trouvais ça très intéressant et ça amenait une dynamique dans ma musique, une énergie supplémentaire. Et puis quel personnage!"

On décèle un peu de nostalgie dans votre recherche du bonheur.

"Il n'y a pas vraiment de nostalgie mais je parle certainement de ce qui me travaille, ce qui est enfoui en moi, du temps qui passe. Je fais le bilan de ma quarantaine. Je dis que je suis au milieu du chemin. C'est un bilan très positif parce que j'ai ma petite famille et tout va bien. Il y avait une urgence à chanter ‘Marcel' qui est mon second et que je n'ai pas trop vu parce qu'il a deux ans et demi et que j'étais beaucoup absent. Je n'ai pas envie de culpabiliser mais c'était essentiel pour moi d'aborder ces sujets."

Il paraît que votre premier fils vous a soufflé le titre de votre album.

"Ouais, il rentre de l'école où il avait dessiné un attrape-rêves et il me dit ‘Papa, je veux que tu m'achètes ça et qu'on le suspende au-dessus du lit, ça capture les cauchemars'. J'ai vu que dans ses yeux ça brillait, il était à fond dans son histoire et il a déclenché quelque chose chez moi. La symbolique de cet objet m'a séduite, je le trouve beau. Ça vient de la culture Amérindienne, ça fait donc un décor pour ma scène. Cela va avec ma façon de me fringuer, le côté bohème chic. Il y a quelque chose qui me parle."

Dans la «Ballerine», vous faites une demande en mariage à votre compagne. Fiction ou réalité?

"C'est une déclaration. Ça fait des années que ça dure mais nous les mecs on est jamais prêts, ni à avoir un enfant, ni à avoir le second mais finalement c'est la femme qui conduit. Et le mariage, je crois que ça peut être le bon moment. Mais pour l'instant ça ne reste qu'une chanson."

Vous allez entamer votre prochaine tournée par de petites salles. Pourquoi ce choix?

"C'était vraiment ma volonté de repartir en petite formation, de pouvoir m'asseoir au bord de la scène et parler entre deux chansons sans le micro, avoir cette proximité, ce côté hyperintimiste. En fait, j'avais fait ma toute première tournée comme ça, il y a dix ans, et depuis je ne suis plus jamais reparti dans les petites salles."

Suite au départ de Jean-Jacques Goldman, le trio Mickaël Young, Benabar et Lorie prendra désormais les rênes de l'organisation du spectacle des Enfoirés. L'après Goldman ne sera pas trop difficile à gérer selon vous?

"Sincèrement c'est tôt, je ne sais pas comment cela va se passer. Forcément que cela va créer un immense vide, et ça le crée déjà. Mais son choix se respecte, il a déjà passé 30 ans de sa vie au service des Enfoirés. J'espère juste qu'on va lui faire honneur. Je pense qu'il faut faire confiance aux gens qui s'engagent."

Christophe Maé sera en concert le 2 décembre 2016 à La Madeleine et le 21 avril 2017 à Forest National