Ben Stiller retrouve une taille mannequin dans "Zoolander 2"

par
Laura
Temps de lecture 6 min.

Quinze ans après ‘Zoolander', satire du monde de la mode aux répliques devenues cultes, Ben Stiller retrouve son personnage de mannequin gentiment sot –et ses amis Owen Wilson, Will Ferrell et Justin Theroux– dans une suite longuement attendue par les fans. Et c'est à Paris, capitale de la mode par excellence, que la bande de copains a tenu la conférence de presse du film. Une conférence joyeusement barrée où, tout comme dans le film, Stiller tente de garder son sérieux (après tout, il est aussi le réalisateur), mais ne peut s'empêcher de nous faire rire aux éclats…

‘Zoolander' est sorti en 2001. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire la suite ?

Ben Stiller: "On voulait être le plus vieux possible (rires). En fait à l'époque on ne pensait pas faire une suite, sinon on l'aurait probablement faite dans la foulée (avec le coscénariste et acteur Justin Theroux, ainsi qu'Owen Wilson et Will Ferrell, qui jouaient tous dans le premier volet, ndlr.). Mais le film n'a pas eu un grand succès au moment de la sortie, donc la question ne s'est pas posée. Et puis, étrangement, au fil des ans, c'est devenu un film culte auprès d'un certain groupe de gens, donc on a voulu faire la suite pour eux. Ça a pris du temps, mais peu à peu on a trouvé un scénario qui marchait et un moment pour se retrouver tous ensemble, donc on a senti que c'était le bon moment. "

C'est vrai que ‘Zoolander' est devenu un film culte pour beaucoup de gens, qui connaissent aujourd'hui les répliques par cœur... Quels sont vos films cultes à vous ?

« (Il réfléchit) Je dirais 'Caddyshack - le golf en folie' (de Harold Ramis avec Bill Murray, sorti en 1980, ndlr.). J'adorais ce film, quand j'avais 15-16 ans, je mémorisais tous les monologues de Bill Murray ! »

Qu'est-ce qui est le plus difficile sur un tournage pareil ? Garder son sérieux ou faire parler Anna Wintour (rédactrice en chef de Vogue US, connue pour son air austère, qui a inspiré ‘Le Diable s'habille en Prada', ndlr.) ?

« Ecoutez, il paraît que le tournage de 'The Revenant' était difficile, mais ce n'est rien à côté de jouer les top-modèles à Rome et ne pas pouvoir manger de pâtes (rires) ! A vrai dire, ce n'était pas un tournage très compliqué, on a juste essayé de s'amuser le plus possible. Et oui, c'était marrant d'inclure les gens du milieu de la mode dans celui-ci, parce que dans le premier il n'y en avait pas vraiment, enfin sauf ceux qu'on avait réussi à inclure en s'incrustant sur le tapis rouge des VH1 Fashion Awards de l'époque. Cette fois, comme le monde de la mode connaissait le premier volet, on a pu avoir des gens comme Anna, et en vérité elle nous a bien aidés ! Je pense que ça a rajouté un niveau de légitimité au monde -un peu ridicule- que nous voulions créer (rires). »

C'est vrai que ce nouveau volet est truffé d'apparitions de stars. Etait-ce difficile de convaincre Sting de participer, par exemple ?

« C'était très important pour nous que Sting soit dans le film ! Dès la première version du scénario, son personnage était un élément important de l'intrigue -d'ailleurs j'espère que vous ne dévoilerez pas trop pourquoi dans vos articles... Mais c'est la première personne que j'ai appelée quand on a pensé à la suite, et j'ai eu beaucoup de chance car il était très sympa : il avait vu le premier volet, donc je lui ai envoyé le scénario et il m'a rappelé le lendemain en me disant qu'il était partant ! C'était d'ailleurs une des raisons qui m'ont donné envie de mettre cette suite en place. S'il avait refusé on aurait été vraiment embêtés, on aurait dû réécrire toute l'intrigue (rires)! »

Beaucoup de célébrités dans le film, mais lesquelles ont été coupées au montage ? On avait entendu parler de Kanye West…

« Vous avez lu ça sur internet, hein ? C'est toujours la meilleure source d'informations (rires). Oui, il y a certaines célébrités qu'on aurait aimé avoir dans le film. Je voulais par exemple proposer au secrétaire d'Etat Colin Powell de faire une apparition dans l'orgie d'Hansel (rires) ! Au début, tu lances ça pour rire, mais après les autres t'encouragent … et vient le moment où je me retrouve à devoir composer son numéro, et c'est là que je me dis : ‘Non, je ne peux pas faire ça' (rires) ! Mais au final, même si certaines collaborations n'ont pas pu se faire, on est très heureux de tous les gens qui ont accepté de participer à l'aventure, et en regardant le film fini on se dit qu'on n'imaginait pas le film sans eux. »

David Bowie faisait une apparition dans le premier film. Aviez-vous pensé à le recontacter, et quelques mots sur son travail ?

« Non, on n'y a pas pensé parce qu'on n'avait pas envie de reproduire des choses déjà vues dans le premier, qui étaient déjà super et qu'on n'arriverait pas à égaler. D'ailleurs je n'arrive toujours pas à croire qu'il ait accepté à l'époque ! Il n'avait aucune raison de le faire, et c'était super cool de sa part. Je me souviens du jour où il est venu sur le tournage, c'était génial de travailler avec lui, je me sentais un peu impressionné d'ailleurs. Il était très classe, exactement comme vous pourriez vous l'imaginer...»

A travers des nouveaux personnages comme Don Atari, le film confronte Derek Zoolander, présenté comme un ‘has-been', à la jeune génération. Et vous, ça vous arrive de vous sentir ‘has-been' ?

« C'est vrai qu'en écrivant le scénario au fil des années, on a dû se tenir au courant des évolutions technologiques. A l'époque du premier, il n'y avait pas de smartphones… Et oui, je me sens dépassé quand je vois la facilité avec laquelle ma fille poste sur les réseaux sociaux. La voir utiliser Snapchat par exemple, ça c'est un truc qui me dépasse. Il faut poster des images, je ne comprends pas trop… Je maîtrise Facebook ou Instagram, mais Snapchat c'est too much pour moi. »

Pour vous, qui sont les plus beaux mecs du monde ?

« Eh bien, Will Ferrell et Justin Theroux sont plutôt beaux gosses (rires) ! Et mon fils aussi. Il ressemble à sa mère. »

En quelques lignes

Elle est loin, l'époque où Derek Zoolander sauvait la planète. Depuis ce fameux jour où, aidé de son meilleur ennemi Hansel (Owen Wilson), le top-modèle ridiculement ravissant créé par Ben Stiller déjouait un attentat orchestré par le méchant styliste Mugatu (Will Ferrell), de l'eau a coulé sous les ponts et le monde (de la mode) n'est plus le même. Vivant en réclusion suite à un drame personnel qui lui a coûté la garde de son fils, Derek va pourtant être rappelé sur le devant de la scène pour résoudre une étrange série d'assassinats de célébrités… Pour l'occasion, il retrouve Hansel et Mugatu, mais aussi une série de nouveaux personnages, dont l'agente d'Interpol Valentina Valencia (incarnée par Penélope Cruz). C'est avec plaisir que les fans du premier volet retrouveront la galerie de personnages loufoques créés par Ben Stiller et ses copains. Mais là où le film de 2001 n'hésitait pas à dévier de l'intrigue principale pour des scènes anecdotiques hilarantes (comme le défilé arbitré par David Bowie), le scénario de ‘Zoolander 2' suit des rails plus convenus, filant à toute vitesse vers la résolution, malgré des gags en cascade et de la figuration de stars à foison. Est-ce parce qu'on avait placé la barre trop haut ? Toujours est-il que le film laisse un goût de trop-peu, même s'il reste un divertissement efficace. 2/5