Adrien Gallo ou un BB Brunes en solo

Le leader des BB Brunes laisse son aventure collective de côté le temps d'un album. Avec «Gemini», Adrien Gallo accomplit ses rêves de pop à la française. Histoires de jeunes couples et évasion sont au menu d'un disque aux saveurs estivales, à l'image du premier single «Monokini».
par
Nicolas
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Pas trop frustrant de sortir un album d'été aux portes de l'hiver?

«Ce n'est pas vraiment un album d'été. Mais tant mieux s'il paraît estival, je peux prolonger l'été des gens en chansons. C'est vrai que les six premiers morceaux sont très estivaux mais la deuxième partie plus hivernale, plus sombre. Ces deux parties sont en moi, comme le gémeau. Ce sont d'ailleurs les deux faces du vinyle.»

Comment se manifeste ce côté sombre chez vous?

«C'est parfois un côté obsessionnel à atteindre la perfection. Je peux parfois rester bloqué sur tel ou tel morceau avant d'atteindre ce que j'ai en tête.»

Vous avez commencé à écrire en 2011. Cette envie de pop remonte donc à quelques années…

«C'est en partie grâce à ma copine, qui m'a un peu sorti des routes du rock, pour me faire découvrir des artistes comme Christophe, que j'admire. Ces chanteurs m'ont toujours bercé, mais je les avais un peu oubliés. Je me suis rendu compte qu'ils ont toujours fait partie de moi et m'ont aussi construit: Serge Gainsbourg, Alain Bashung, Benjamin Biolay, etc.»

Et Étienne Daho?

«Je voulais qu'il réalise l'album, mais il ne pouvait pas. Je me suis ainsi rendu compte que je suis également réalisateur. J'ai travaillé avec Antoine Gaillet, qui avait réalisé le deuxième album des BB Brunes.»

Était-ce une envie de maîtriser l'entièreté du produit?

«J'ai toujours suivi de près le travail de studio, dès les premiers albums. Mais mon rêve serait de réaliser un album entier pour un autre artiste.»

Biolay et Daho, une filiation reconnue d'une certaine pop française?

«Oui, les références françaises, le chant en français. Écrire en anglais était une envie auparavant. Revenir au français s'imposait ici. Pour moi, c'est une ouverture des barrières vers d'autres sujets, vers d'autres rythmes. J'assume aussi un côté 'chanson'. J'adore jouer avec les mots, leurs formes, leurs sens.»

 Vous avez travaillé les effets de voix. Pourquoi?

«J'avais envie de jouer les crooners, de sortir de mes habitudes. Je sens qu'à chaque album, j'ai besoin de trouver autre chose.»

C'est un travail plus léger qu'avec BB Brunes?

«J'en avais un peu marre de tourner. Je voulais sortir des carcans du rock et de la formation de groupe. Mais je pense que cela va aussi nourrir le travail des BB Brunes. Cet album m'a ouvert un champ des possibles et de nouvelles références, avec l'utilisation de boîtes à rythmes et l'introduction de nouveaux instruments comme les cordes.»

C'est aussi un album très féminin…

«J'avais en tout cas envie de travailler avec des chœurs féminins. J'ai demandé à ma copine de poser sa voix sur les premiers morceaux pour voir ce que ça allait donner. Elle s'est prise au jeu et on a continué sur une vingtaine de morceaux. Sa voix m'a inspiré d'autres morceaux.»

Votre compagne n'a-t-elle pas eu peur parce que certains textes évoquent la difficulté de l'engagement dans un couple?

«Elle ne m'a jamais demandé de mettre les choses à plat (rires). Quand c'est la bonne personne, c'est important de s'engager. Mais je ne parle pas vraiment de moi, ce n'est pas mon mea culpa, comme pourrait le laisser entendre le premier titre de l'album.»

 

Nicolas Naizy

«Gemini», d'Adrien Gallo (Warner)

Crédit: Juliette Abitbol