Les chiens mangeront-ils bientôt de la viande in vitro ?

Si on dit souvent que les chiens ressemblent à leurs maîtres, ils pourraient bientôt manger comme eux. Les grands fabricants d'aliments pour animaux de compagnie se tournent de plus en plus vers la viande alternative pour repenser la nutrition de nos amis à fourrure.
par
Clement
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De nombreux maîtres veulent le meilleur pour leurs compagnons à quatre pattes, surtout lorsqu'il s'agit de leur alimentation. Selon un récent rapport de SPINS, près de 60 % des propriétaires de chiens et de chats se disent "très" ou "assez" préoccupés par ce que mange leur animal de compagnie. L'une des inquiétudes concerne leur consommation de viande, souvent jugée excessive. Des entreprises comme Bond Pet Foods l'ont bien compris et ambitionnent de commercialiser des produits riches en protéines... sans la moindre trace de viande. 

La compagnie américaine a ainsi développé une protéine de viande de poulet entièrement en laboratoire, grâce au processus de la fermentation microbienne. Les chercheurs ont réussi à isoler la partie de l'ADN du poulet qui exprime la protéine du muscle squelettique de l'animal. Elle est ensuite combinée à de la levure et placée dans une cuve de fermentation, où on la nourrit avec des sucres, des vitamines et des minéraux. Une fois qu'elle atteint une certaine densité, la protéine issue de la culture cellulaire est séchée et transformée en une poudre pouvant être incorporée dans n'importe quelle friandise pour chien ou chat.

Du poulet aux souris

"Nos premiers tests sur des chiens ont été très prometteurs, et les qualités nutritionnelles, le goût et la digestibilité du produit ne pourront que s'améliorer d'ici sa mise sur le marché", a déclaré Pernilla Audibert, cofondatrice et directrice technique de Bond Pet Foods. Si l'entreprise ambitionne de lancer cette nouvelle gamme en 2023, elle travaille également à la production d'autres protéines de viande cultivées en laboratoire. "Nous commençons par les protéines qui sont déjà couramment utilisées dans les aliments pour animaux de compagnie", a-t-elle dévoilé au Boston Globe. 

D'autres entreprises font, elles, le pari de concentrer leurs efforts sur des protéines animales in vitro plus inhabituelles. Les chercheurs de l'entreprise canadienne Because Animals ont entrepris de produire de la viande en laboratoire à partir de cellules provenant de souris. Elles sont extraites de l'animal avant d'être cultivées dans un environnement riche en vitamines et nutriments. Elles sont ensuite transférées dans un bioréacteur où un processus de fermentation similaire à celui de la fabrication de la bière les transforme en tissus. Et ainsi est née la première viande in vitro de souris destinées aux chats. La start-up américaine commencera prochainement à travailler sur une viande cultivée de lapin pour les chiens. 

"Chez Because Animals, nous ne voulons pas nourrir nos chats et nos chiens - que nous aimons comme des membres de notre famille - avec des aliments de qualité inférieure à ceux que nous mangerions nous-mêmes. Et nous ne voulons pas non plus que nourrir nos animaux de compagnie de manière saine se fasse au détriment de notre planète ou du bien-être des autres animaux", affirme Shannon Falconer, PDG de l'entreprise.

Et la planète dans tout ça ? 

Si les fabricants d'aliments pour animaux mettent en avant les bienfaits nutritifs de la viande in vitro, ils espèrent aussi que les consommateurs seront sensibles à son empreinte carbone. Et pour cause : les animaux de compagnie sont responsables d'un quart des incidences environnementales de la production de viande en termes d'utilisation de terres, d'eau, de combustibles fossiles, de phosphates et de biocides, selon une étude américaine. Pas très "green" les boules de poil...

Un nombre croissant de propriétaires sont prêts à dépenser davantage pour acheter des aliments plus éco-responsables à leur compagnon à quatre pattes, selon la plateforme spécialisée First Insight. Le phénomène est encore plus marqué chez ceux qui appartiennent à la génération Z (73 %) et à celle des millennials (68 %). De quoi dessiner les contours d'un véritable marché pour la nourriture pour animaux "made in labo".

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