‘Inside’, quand Willem Dafoe se retrouve emprisonné dans un appart de luxe

S’il y a un acteur qui n’a peur de rien, c’est bien Willem Dafoe. À 67 ans, il apprécie toujours chaque expérience. ‘Inside’ en est un parfait exemple. Dans ce thriller psychologique, son personnage, un voleur d’art, se retrouve piégé dans un appartement hautement sécurisé et perd peu à peu le contact avec la réalité.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Vous rappelez-vous ce qui vous a plu exactement dans ‘Inside’?

Willem Dafoe : «Je savais que nous tournerions le film dans l’ordre chronologique, ce que je trouve toujours intéressant. Cela vous oblige à vous concentrer sur l’instant même, plutôt que de repenser à des scènes que vous avez peut-être tournées deux semaines avant. Vous évoluez tout simplement avec votre personnage. Comme les choses que vous faites ont un ordre logique, elles ont plus de poids aussi. J’aime vraiment ça.»

Vous êtes dans chaque scène, vous êtes le moteur de tout le film et n’avez pas de partenaire hormis dans une scène de rêve. Cela ne vous a pas effrayé?

«Non, au contraire. Vasilis Katsoupis, le réalisateur, m’a en fait invité à co-créer le film. C’était une sorte de workshop, où nous réfléchissions chaque jour à la façon d’aborder les problèmes auxquels mon personnage était confronté. Nous savions par exemple qu’il se blesserait et qu’il devrait éclisser sa jambe. La question alors était de savoir ce qu’il utiliserait pour le faire. De telles questions se posaient tout le temps et j’ai adoré chercher des solutions.»

‘Inside’ est le premier long-métragee de Katsoupis. Aimez-vous travailler avec des réalisateurs débutants?

«Beaucoup, et je sais que les acteurs souvent ne pensent pas comme moi. Beaucoup d’acteurs établis évitent les réalisateurs qui n’ont encore jamais fait de film. À la fin des années 1980, je jouais aux côtés de Gene Hackman dans ‘Mississippi Burning’. J’étais alors encore assez novice comme acteur de cinéma et je me souviens qu’il m’a dit ‘Willem, si je peux te donner un bon conseil, c’est de ne jamais travailler avec des débutants. Car cela finit toujours en fiasco’. J’ai royalement ignoré ce conseil.» (rires)

Parce que les réalisateurs débutants osent au moins prendre des risques?

«Et parce qu’ils ont souvent un feu sacré en eux. ‘Inside’, par exemple, est clairement le projet d’un passionné. Vasilis y pensait depuis dix ans avant de pouvoir le faire. Cette histoire est en outre une intégration de toutes les choses qui l’intéressent, du cinéma à l’art et à l’architecture. Le seul inconvénient avec un réalisateur débutant, c’est que vous faites toujours une sorte de saut dans le vide. Vous ne pouvez regarder ce qu’ils ont déjà fait pour évaluer leur talent. Vous devez leur faire confiance. Mais je voyais chaque jour que Vasilis savait parfaitement ce qu’il faisait, je savais donc que je pouvais dormir sur mes deux oreilles.»

Il y a quelques années, quand vous jouiez avec Robert Pattinson dans ‘The Lighthouse’, vous avez décidé de ne pas vous installer à l’hôtel avec les autres, mais de dormir tout seul dans une petite cabane de pêcheur. Avez-vous cherché une telle alternative pour ce film-ci?

«Ce choix pour ‘The Lighthouse’ était surtout pratique. C’étaient de très longues journées de tournage avec une météo épouvantable. Je n’avais pas envie de refaire à chaque fois toute la route jusqu’à l’hôtel. Nous tournions en outre dans un petit village de Nova Scotia et les cabanes de pêcheurs y sont souvent de meilleure qualité que les hôtels. (rires) J’aime aussi l’isolement. Cela correspond à la situation de mon personnage. Pour cette même raison, j’ai choisi cette fois une chambre d’hôtel toute simple. Cela n’avait pas de sens d’aller loger dans un hôtel chic, de passer mes soirées au bar et puis de devoir rejouer le lendemain un homme qui se sent totalement seul.»

Votre personnage est un voleur d’art. Le contact avec l’art fait-il partie de votre vie aussi?

«Oh oui. Je connais personnellement beaucoup d’artistes. Quand je suis arrivé à New York dans les années 1970, la ville était le nouveau centre du monde de l’art. La troupe de théâtre dont je faisais partie, travaillait beaucoup avec de jeunes artistes aussi. Mon activité préférée est toujours de visiter des galeries, des expositions et des ateliers. Parfois, j’ai le sentiment que l’art moderne et la danse m’inspirent plus que le cinéma et le théâtre.»

INSIDE

Un voleur d’art s’introduit dans un appartement new-yorkais rempli d’œuvres d’art inestimables. Le propriétaire, un célèbre architecte, est absent, mais le cambriolage vire au cauchemar. Le voleur expérimenté se fait en effet piéger par le système de sécurité qui bloque toutes les issues. Un court-circuit, de surcroît, fait en sorte que le monde extérieur n’est pas informé de l’intrusion. ‘Inside’ cherche le juste milieu entre le drame artistique et le thriller d’évasion, et le réalisateur débutant Vasilis Katsoupis le trouve souvent. Il a, en outre, eu l’intelligence de courtiser un acteur comme Willem Dafoe pour le rôle principal. Le film ne compte qu’un seul personnage à part entière, et pourtant l’interprétation n’a rien d’ostentatoire. Dafoe vous aspire inexorablement dans le corps et l’esprit de cet homme dont le désespoir et la folie deviennent palpables. Katsoupis exagère parfois un peu avec ses considérations artistiques, mais cela n’enlève pas grand-chose à ce début prometteur.

‘Inside’ sort en salles le mercredi 29 mars.

3/5

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