Esperanzah! : Torture mentale pour le patron du festival

À l'origine d'Esperanzah!, Jean-Yves Laffineur a aujourd'hui passé les rênes de l'organisation «aux jeunes générations». Mais l'homme passionné de musique et amouraché de son projet peine à s'arrêter et continue son travail dans l'ombre. Nous l'avons soumis au plus dur exercice: choisir des coups de cœur parmi des artistes qu'il programme depuis un an. Torture mentale.
par
Gaetan
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«C'est tellement compliqué ce que vous me demandez parce que je passe un temps fou sur cette programmation et tous les groupes ou artistes sont par leur présence des coups de cœur.

 

Bon… J'en ai un énorme cette année pour le groupe BCUC, venu d'Afrique du Sud et totalement inclassable. Je l'ai mis sur la grande scène parce que je pense qu'il va devenir énorme s'il continue de la sorte. Ce collectif mélange des sonorités funk-hip hop et traditionnelles. Des critiques les désignent comme la grosse surprise de 2017. Et ça vient des «town ship» donc c'est vraiment un mouvement particulier. J'ai tout fait pour les avoir et je suis ravi qu'ils aient accepté l'invitation.

Photo J. Abrahams

Sinon, il y a aussi Imany qui revient chez nous. Je l'avais déjà programmée quand elle n'avait pas la notoriété d'aujourd'hui et je suis heureux de la voir revenir.

Photo B. Claiborne

Je pense aussi à la rencontre entre Hindi Zahra et Fatoumata Diawara qui risque d'être extraordinaire parce que ce sont deux femmes formidables qui restent des icônes dans leurs pays.

Photo D. R.

Je pense aussi, niveau découverte, à Elida Almeida. C'est une chanteuse du Cap Vert qu'on annonce comme la future Césaria Evoria, d'autant plus qu'elle est portée par le même label.

Photo D. R.

Il y a aussi Leyla McCalla le vendredi, une artiste américaine originaire d'Haïti avec une voix chaude et qui joue du violoncelle.

Photo S. Danziger

Enfin, Mashrou'Leila aussi le samedi, est un groupe surprenant à Esperanzah! car le son est plus pop mais ces Libanais défendent la liberté religieuse et sexuelle dans le monde arabe. Alors qu'ils suscitent de l'engouement auprès de la jeune génération arabe éprise de liberté, ils sont interdits dans certains pays. Je voulais qu'ils soient à Esperanzah! car ce genre de projets fait partie de l'essence même de notre festival.»

Photo D. R.

Les immanquables sur trois scènes revisitées

Cette année, l'organisation a redessiné ses scènes musicales et a adapté sa programmation en fonction. Finies les scènes «world», «urbaine» et «découverte», place aux «Futuro», «Jardins» et «Alpha» qui abriteront trois ambiances distinctes. Outre l'exercice de Jean-Yves Laffineur, voici une sélection subjective des groupes auxquels il faut tendre l'oreille.

  • La scène «Jardins» proposera au public les coups de cœur et les têtes d'affiches du festival. Y défileront des purs représentants du rap comme les vétérans mythiques marseillais d'IAM qui se produiront en exclusivité pour fêter les 20 ans de leur album cultissime ‘L'école du Micro d'argent». Aux côtés de certains classiques, ils défendront également leur dernier bébé, «Rêvolution». Notons encore dans le désordre le Bruxellois Scylla et la Française Kenny Arkana, tous deux à la voix et aux textes tranchants. Les festivaliers tendront aussi certainement l'oreille vers l'afro-pop groove et minimaliste de Témé Tan ou les mélodies atmosphériques d'Ozark Henry.
  • Photo Wahib

    Photo D. R.

  • La scène «futuro» fera le choix des «sons du futur, urbains ou électro… des artistes émergents issus de pays où ça bouge culturellement», pour reprendre les termes de Monsieur Laffineur. Pensons aux sons schizophréniques de Jacques, à l'afrotrap entraînante de MHD, au reggae conscient de Protoje, à l'absurdité revendiquée de Little Big ou encore à l'électro virevoltante de Panda Dub.
  • Photo A. Moitié

    Photo J. Couronnet

  • La scène «Alpha» programmera des musiques traditionnelles, «reconnaissables via leurs origines et leurs terroirs (musiques du désert, du Cap Vert, de Colombie, etc.)». S'y succéderont la voix cassée de Human, l'accent latino-festif de Chicos Y Mendez, l'énergie débordante des Pierce Brothers ou encore le mélange musical inédit que proposera Yallah Bye!, un duo hongro-tunisien.
  • Photo D. R.

    Photo A. Davidson

    Gaëtan Gras