Voici tous les endroits où il faudra désormais se taire

Dans un monde toujours plus animé et bruyant, les espaces «silencieux» se multiplient. Est-ce une bonne idée ou un risque d’enlever encore un peu plus de lien social dans une société qui en manque déjà beaucoup?

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 4 min.

Lorsque vous prenez le train, vous avez tendance à être horripilé par cette personne qui raconte sa vie, sans gêne et sans aucune discrétion, à travers le micro de son téléphone, voire pire celui de ses écouteurs? Vous n’êtes pas seul! Selon une enquête menée par la SNCB, sept voyageurs sur dix apprécient l’idée d’une «zone silencieuse» et trois sur dix affirment qu’ils prendraient le train plus fréquemment si une telle zone était mise en place.

Une «zone de silence» dans certains trains

C’est la raison pour laquelle, depuis la semaine dernière, la SNCB teste une «zone de silence» dans ses trains. Pour l’instant, cette voiture reconnaissable grâce à des pictogrammes placés à l’extérieur et à l’intérieur circule entre Eupen et Ostende. Dans les prochaines semaines, tous les trains de cette ligne disposeront d’une voiture silencieuse, de même que les trains qui relient Bruxelles à Luxembourg.

Concrètement, la SNCB indique qu’à bord de ces voitures, il sera recommandé de ne pas se parler à voix haute, ni de téléphoner, de limiter le volume de son casque ou de ses écouteurs, ainsi que de mettre son téléphone portable en mode silencieux. Ce test sera mené jusqu’au 31 mai 2023. «L’objectif est ainsi d’étudier si l’existence de cette zone est appréciée par les clients et d’évaluer l’implémentation définitive de cette possibilité sur ces deux lignes, et éventuellement dans d’autres trains où la capacité le permettrait», indique la SNCB.

À la recherche du silence perdu

Ce test mené par la SNCB pourrait sembler anecdotique. Pourtant, il s’inscrit dans une réelle tendance à rechercher le calme et le silence. Dès la fin des années 2010, en Australie et en Amérique du Nord, des restaurateurs ont lancé le concept des «dîners en silence». Une expérience (anti) sociale, sans téléphone et sans un mot, mais aussi culinaire puisque cela permettrait aux convives de se recentrer sur la nourriture et l’acte de manger et d’ainsi mieux apprécier la nourriture. Chez nous, on n’en est pas là. Néanmoins, ces derniers mois, les terrasses et les restaurants où les enfants ne sont pas admis ont fait parler d’eux et ont suscité la polémique auprès d’une partie de la population.

Bien que l’objectif initial soit tout autre, à la fin de l’année dernière, Carrefour et Delhaize ont mis en place des «heures de silence» dans certains supermarchés. Le but est de rendre la vie plus confortable aux personnes hypersensibles et à celles présentant des troubles autistiques. Durant ces périodes, les lumières sont tamisées, la musique et les annonces commerciales du magasin sont baissées.

Enfin, une nouvelle tendance, également venue des pays anglo-saxons, va peut-être s’imposer peu à peu chez nous: les salons de coiffure silencieux. «La coupe de cheveux silencieuse est pour à peu près tous ceux qui veulent un peu de paix et de tranquillité lors de leur rendez-vous chez le coiffeur, mais cela peut être particulièrement utile pour les clients atteints d’Asperger, d’autisme ou tout simplement ceux qui trouvent les petites conversations difficiles», explique Sophia Hilton, la fondatrice de l’enseigne Not Another Salon à Londres.

Des caisses pour papoter

Que ce soit au nord avec les Pays-Bas et les « kletskassa » ou au sud avec la France et les « blabla-caisses », la Belgique est entourée de supermarchés qui disposent de « caisses de bavardages ». Elles ont été pensées pour des caissiers et des caissières qui aiment le contact humain (et qui ont parfois la langue bien pendue !) à destination avant tout des personnes âgées et isolées socialement.

Des pour et des contre

Ces initiatives silencieuses sont-elles une bonne ou une mauvaise chose? Elles ont leurs défenseurs mais aussi leurs détracteurs. D’un côté, ces endroits silencieux permettent de se ressourcer et de trouver le calme et l’apaisement qui font parfois du bien dans des journées déjà bien chargées. De l’autre, ils nous isolent encore un peu plus et ils nous font perdre des opportunités de lien social, si importantes mais de moins en moins présentes dans notre société. Parallèlement, des initiatives totalement opposées se développent, comme ces caisses au supermarché spécialement conçues pour les gens qui aiment prendre leur temps et papoter.

Enfin, rassurez-vous, si vous rencontrez une personne qui vous plaît dans les nouvelles «zones silencieuses» de la SNCB, vous pouvez toujours lui envoyer un Kiss&Ride pour lui déclarer votre flamme!

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