Voici l’âge à partir duquel vous êtes considéré comme un Tanguy

Les Belges restent de plus en plus longtemps chez leurs parents. En 2021, un record a même été atteint, principalement à cause de la crise sanitaire. Mais d’autres facteurs expliquent ce phénomène.

par
mb
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Vous vous souvenez sans doute du film «Tanguy», du nom de ce garçon de 28 ans qui vit toujours chez ses parents, pour le plus grand malheur de ces derniers. Eh bien, il semblerait que les Belges commencent à lui ressembler de plus en plus! Selon Het Nieuwsblad, les jeunes Belges sont restés en moyenne jusqu’à leurs… 26ans (26,2 exactement) chez leurs parents en 2021, un record! C’est six mois de plus que l’année précédente. Plus surprenant: 13% des jeunes âgés de 30 à 35ans s’incrusteraient encore chez leurs parents.

Des raisons économiques…

Il y a tout d’abord des raisons économiques évidentes qui expliquent ce phénomène. L’incertitude liée à la crise Covid explique le chiffre élevé enregistré en 2021. Les jeunes ont reporté leurs projets et moins de couples se sont également formés. Mais on constate quand même que le chiffre augmente d’année en année. En 2012, la moyenne était légèrement en dessous de 25ans. En 2020, elle était passée à 25, 5ans. Les jeunes restent à la maison pour pouvoir économiser car ils ne trouvent pas toujours un travail tout de suite et que les loyers sont de plus en plus élevés. «Lorsque les gens quittent leurs parents, ils veulent le faire bien, et non pas revenir la tête basse parce que cela n’a pas marché», explique Dimitri Mortelmans, sociologue de la famille lié à l’UAntwerpen, au Nieuwsblad.

… et culturelles

Si l’on compare les chiffres belges avec ceux d’autres pays d’Europe, on voit qu’il y a de grandes disparités. La moyenne européenne se situe à 26, 5 ans. La Belgique est donc légèrement en dessous. C’est en Suède que les jeunes sont les plus rapides: ils quittent le cocon familial à 19ans à peine! À l’autre bout du classement, on retrouve les Portugais, qui ne quittent papa et maman qu’à l’âge moyen de… 33ans! On voit donc une grande différence culturelle entre le nord et le sud de l’Europe. Au Nord, les jeunes sont plus indépendants. Au Sud, il y a davantage de culture familiale.

Une baisse en vue?

Si les chiffres de 2022 ne sont pas encore connus, ils ne devraient toutefois pas être très différents, car si la crise sanitaire est derrière nous, l’inflation, les loyers toujours plus élevés et la crise énergétique ont certainement dissuadé de nombreux jeunes à prendre leur indépendance. Toutefois, Dimitri Mortelmans estime que l’âge actuel auquel les jeunes quittent le domicile familial est «exceptionnellement élevé» et qu’une fois que la situation se normalisera, il s’attend à «un nivellement ou à une diminution.»

La génération boomerang

Un autre phénomène s’observe depuis quelques années : « les enfants boomerang ». Ce sont ces enfants qui, après quelques années, veulent ou sont obligés de revenir vivre chez leurs parents. Les raisons sont nombreuses mais principalement économiques : ils ne trouvent pas d’emploi après leurs études ou ils trouvent un emploi précaire et finissent par le perdre, ils se séparent de leur conjoint ou ils n’arrivent simplement plus à payer leur loyer à cause du coût de la vie. Une autre raison serait que les jeunes de la génération Y (nés entre 1980 et 1995) se sentent perdus entre leurs attentes et la réalité du monde du travail. Des jeunes à qui l’on disait : « Fais des études pour avoir un bon travail ». Cette formule ne se vérifie plus. Le retour à la maison peut être mal vécu des deux côtés mais la perception de ce retour a toutefois changé ces dernières années. S’il était perçu comme « aberrant » ou « anormal » jusque dans les années 90, il est désormais de plus en plus compris et accepté par les jeunes et leurs parents.

La responsabilité des « parents hélicoptères »

Autre raison pour laquelle les enfants restent plus longtemps chez leurs parents : le fait d’avoir des « parents hélicoptères ». Ce sont ces parents anxieux et hyper protecteurs qui ont tendance à gérer toute la vie de leur enfant. Ceux qui reviennent en courant de l’école car leur enfant a oublié son sac de sport, qui choisissent les filières qu’il doit suivre, qui ne le laissent pas voyager de peur qu’il lui arrive quelque chose, et qui peuvent même aller jusqu’à l’accompagner à un entretien d’embauche ! L’enfant est surprotégé et jamais confronté à l’échec, ce qui retarde son développement et son autonomie. Il a donc plus de mal à quitter le domicile familial. Selon les experts, l’idéal serait de trouver une juste mesure d’attachement car le désintéressement total des parents peut, bien évidemment, causer d’autres difficultés.

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