Une ancienne mutation génétique nous protégerait de la Covid-19

L’épidémie de peste noire, qui a causé des millions de morts au milieu du 14e siècle, aurait entraîné une mutation génétique qui aurait aidé les survivants à combattre cette maladie bactérienne. Selon une étude britannique, cette variation génétique est toujours présente à notre époque chez certaines personnes et qu’elle leur apporterait une protection supplémentaire contre la Covid-19. Explications.

par
ETX
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Une nouvelle étude britannique, menée conjointement par l’Université de Bristol, d’Edimbourg, et d’Oxford, a révélé que la modification du gène ERAP 2, survenue au Moyen-Âge pour s’adapter à l’épidémie de peste noire, serait toujours présente dans l’organisme de certains êtres humains. Près de 700 ans plus tard, cette variante génétique aiderait les personnes porteuses à lutter contre les maladies respiratoires, comme le Covid-19 et la pneumonie. Par contre, cette composition génétique serait liée à une augmentation des maladies auto-immunes, telles que la polyarthrite rhumatoïde et les maladies inflammatoires de l’intestin.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont cherché à évaluer si la variation du gène ERAP2 était associée à une infection grave, à une maladie auto-immune et à la longévité parentale. Pour cela, ils ont utilisé les données de santé de milliers de résidents britanniques issues de trois grandes bases (UK Biobank, FinnGen et GenOMICC).

«Sélection équilibrante»

«Ce gène hache essentiellement des protéines du système immunitaire», a expliqué l’auteur principal de l’étude, le Dr Hamilton, chercheur de l’Université de Bristol dans le communiqué de presse. «Bien que nous ne connaissions pas le mécanisme exact qui influence le risque de maladie, les porteurs d’allèles qui offrent une plus grande protection contre les maladies respiratoires semblent présenter un risque accru de maladie auto-immune. C’est potentiellement un excellent exemple d’un phénomène appelé «sélection équilibrante» – où le même allèle a un effet différent sur différentes maladies».

«Il s’agit d’une histoire théorique d’équilibre – liée à des profils de maladies historiques et contemporains – qui reflète notre passé et qui est rarement observée dans de vrais exemples humains», ajoute Nicholas Timpson, professeur d’épidémiologie génétique et co-auteur de l’étude.

Traitements et défis potentiels

Le lien de causalité entre la génétique et la susceptibilité à la maladie peut ouvrir la voie à des traitements potentiels, concluent les chercheurs. «Cependant, cela met également en évidence des défis potentiels; des thérapies ciblant ERAP2 sont actuellement développées pour cibler la maladie de Crohn et le cancer; il est donc important de prendre en compte les effets potentiels de ces agents sur le risque d’infection», indique l’étude.

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