Qu’est-ce que la justice climatique, ce terme sur toutes les lèvres à la COP27?

Alors que la COP27 débute en Égypte à Charm el-Cheikh, un terme ressort beaucoup, que ce soit dans les médias, les réseaux sociaux ou les plaidoyers des associations: celui de «justice climatique». On vous explique à quoi il correspond et les différentes significations qu’il englobe.

par
ETX Daily Up Studio
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«Justice climatique»: un mot de plus en plus souvent brandi sur des pancartes de manifestation ou des marches pour le climat. Une journée lui a même été consacrée l’année dernière, avec le Global Day of Action for Climate Justice, organisé une semaine après le début de la COP26 qui s’est déroulée en novembre 2021 à Glasgow. Mais qu’est-ce que la justice climatique signifie exactement? Selon une définition proposée sur le site du Yale Climate Connections, «la justice climatique est un terme, et plus que cela un mouvement, qui reconnaît que le changement climatique peut avoir des impacts sociaux, économiques, de santé publique et d’autres impacts négatifs différents sur les populations défavorisées».

Au sens philosophique du terme, la notion de justice climatique évoque les inégalités environnementales entre les populations des différentes parties du monde. «La justice climatique renvoie en miroir à l’injustice écologique que vont subir les populations du fait de l’inaction des responsables de ce déséquilibre», précise la juriste Marine Calmet, spécialisée en droit de l’environnement, interrogée par ETX Studio.

Une dette

Partant de ce constat, de nombreuses associations et ONG parlent de «dette climatique» et de «pertes et dommages» pour désigner le déséquilibre entre les pays les plus riches qui polluent le plus et ceux à plus faibles revenus qui sont aussi les plus exposés aux conséquences de la crise climatique. Le fait que la COP27 soit organisée en Afrique rend cet enjeu encore plus fort. «La COP27, qui se tient à Charm-El-Cheikh en Égypte du 6 au 18 novembre, pourrait enfin changer la donne. À condition que des États comme la France, historiquement parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, prennent leurs responsabilités», plaide Greenpeace France sur son site internet.

Mais le terme de justice climatique se réfère également aux recours en justice orchestrés contre les États, par exemple ceux qui ont souscrit aux objectifs fixés par l’Accord de Paris, impliquant de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais qui n’ont pas tenu leurs engagements. «La justice climatique entend obtenir l’obligation d’agir. Il s’agit d’un moyen de forcer la main aux gouvernements», explique Marine Calmet.

Diverses poursuites

D’après un rapport de la Grantham Research Institute de la London School of Economics publié en juillet 2019, 1300 poursuites en justice contre des États en lien avec la crise climatique ont été lancées entre 1990 et 2019. Si la grande majorité de ces affaires se sont déroulées aux États-Unis, d’autres ont vu le jour un peu partout dans le monde: au Brésil, aux Pays-Bas, au Pakistan, en Australie…

C’est aussi le cas en France: en février 2021, le tribunal administratif de Paris a reconnu l’État français coupable «d’inaction climatique» et jugé illégal le «non-respect de ses propres engagements pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre». Un jugement qualifié «d’historique» par Greenpeace, Oxfam, la Fondation Nicolas Hulot et Notre Affaire à Tous, les quatre ONG à l’origine de cette action en justice baptisée « L’Affaire du Siècle ».