Pourquoi le Belge paie-t-il plus cher que la plupart des Européens en matière de télécommunications?

La semaine dernière, Proximus annonçait que la facture de ses clients augmenterait de 4 à 6% à partir du 1er janvier 2023. Pourtant, les Belges font déjà partie des Européens qui paient le plus cher leurs services de télécommunications. Qu’est-ce qui explique le fait que nous payons si cher ce service?

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

En 2021, Test-Achats rapportait que nous payions 30% plus cher Internet que nos pays voisins. En effet, un abonnement coûte en moyenne 48 euros en Belgique, quand il ne coûte que 27 euros en France et 33 en Allemagne. C’est au Portugal que la différence est particulièrement frappante, puisqu’un abonnement coûte 87% moins cher que chez nous. Et lorsqu’on parle d’un abonnement 3play, qui comprend Internet, télévision et téléphone fixe, nous devons compter 73 euros, alors qu’en France, cela ne coûte que 30 euros.

Le fossé risque d’encore augmenter, puisque Proximus a annoncé une hausse de ses tarifs entre 4 à 6% dès le 1er janvier 2023. Après avoir augmenté le prix de son forfait le plus populaire en mai dernier (le prix des forfaits Flex avait été majoré de 3 à 4 euros par mois), Proximus facturera désormais un supplément de 3 à 4,5 euros par mois. L’opérateur avait justifié cette décision la semaine dernière, en la mettant sur le dos de l’inflation galopante: « Cela entraîne une augmentation significative des coûts, notamment pour les salaires, l’énergie et les prix des équipements technologiques.»

Pourquoi une telle différence?

Pour la RTBF, c’est à cause de l’organisation structurelle du marché belge que nous payons si cher. En effet, la gestion du réseau est gérée par les mêmes opérateurs, à savoir Proximus pour la fibre optique et Voo/Telenet pour le réseau de télévision par câble. Lorsqu’un opérateur arrive sur le marché belge, il doit donc louer le réseau qui est détenu par ses concurrents. La location du réseau câblé de Telenet et de VOO coûte 20 euros par utilisateur, à laquelle on ajoute les coûts du service et la TVA, ce qui ne permet pas de proposer des tarifs forts avantageux.

Et comme 90% des clients sont chez VOO ou Proximus en Belgique, cela entraîne une forme de duopole et un manque de concurrence qui ne favorisent pas l’éclosion de tarifs avantageux et concurrentiels. Cela existe malgré la régulation des marchés qui est effectuée par l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT). L’IBPT avait imposé de nouvelles mesures qui avaient contribué à la percée d’Orange et, donc, une hausse de la concurrence ainsi qu’une diversification des offres.

Cette concurrence va encore augmenter puisqu’un quatrième opérateur, le roumain DIGI, veut prochainement investir le marché de belge. S’il louera dans un premier temps les infrastructures des opérateurs existants, il souhaite, à terme, disposer de son réseau physique. Cela devrait prendre cinq ans, mais DIGI souhaite déjà effectuer un déploiement commercial en 2023 et jouera le rôle d’opérateur «low cost» pour les petits budgets.

Changer d’opérateur, un gain d’argent?

Comparer régulièrement les tarifs dans un marché des télécommunications «loin d’être uniforme» est plus utile que jamais pour aider à économiser, quel que soit le budget des ménages, affirmait il y a peu l’IBPT. «Effectuer une comparaison tarifaire permet de voir quels services correspondent le mieux aux besoins réels des consommateurs», souligne-t-il. Pour certains profils, le passage à une autre marque que Proximus, Telenet ou VOO permet ainsi de réduire la facture de 241 euros par an en moyenne.

Pour savoir quelles offres répondent le mieux aux besoins individuels et quels plans tarifaires disponibles sont les plus avantageux, il existe le simulateur tarifaire www.meilleurtarif.be, rappelle enfin l’Institut. Il suffit au consommateur de cliquer sur le bouton qui renvoie au simulateur tarifaire depuis la page client de son opérateur actuel. Tout se déroule ensuite automatiquement: les données de consommation réelles sont alors utilisées pour comparer et classer les plans tarifaires existant sur le marché.